Retour à la maison + Ronan

Emma comprenait que Ronan se montre si sévère avec elle et lui impose ses paroles ainsi que ses désirs. Après tout il ne faisait cela que pour leur bien puisque tout pouvait basculer en une seconde et cela avait bien faillit leur arriver. Emma le regarda et lui répondit simplement.

"- Je sais."

Elle savait bien qu'il ne le faisait pas pour lui faire du mal, au contraire, Ronan était la voix de la raison dans leur couple et il savait très bien comment les choses se passaient en général puisqu'il faisait parti de la milice. Cette milice même qui l'avait enfermé durant des semaines et des mois alors qu'elle aurait très bien pu mourir. Elle avait eu de la chance et cette chance elle ne la devait qu'à son époux.

"- Oui, bien sur on va parler."

Pourtant Ronan n'est pas du genre à aimer parler et discuter pendant des heures des choses qui le tracassent. Au contraire, c'est un peu le genre à tout garder pour lui mais Emma le soupçonne vraiment de croire à son mensonge. Après tout s'il n'a pas été emprisonné c'est bien qu'on l'a cru quand elle l'a crié haut et fort qu'elle le trompait.
Emma essayait de ne pas trop regarder les gens qu'ils croisaient mais ce n'était pas simple. De plus elle ne voulait pas baisser les yeux devant eux, c'était uniquement devant Ronan qu'elle le faisait ou devant la milice mais pas devant ses concitoyens, elle ne le voulait pas.

"- Non, ça ne se reproduira plus jamais."

Qu'elle lui dit à mi voix encore plus faiblement que le reste. C'était difficile à accepter, difficile de se dire qu'ils n'auraient jamais leur enfant à eux, qu'il n'aurait jamais la chance de laisser sa trace et que tout ceci serait sa faute à elle. Elle comptait bien trouver une solution, peu être même faire l'impensable pour garder son homme et ne plus jamais risquer de tomber enceinte.

Ils arrivèrent enfin dans leur quartier et Emma fut heureuse lorsque la porte s'ouvrit. Elle fut malgré tout un peu déçu de voir que leur fils n'était pas là, mais dans le fond c'était aussi bien, ils auraient le temps de discuter et de se retrouver avant son retour.
Elle se retourna lorsque la porte se referma derrière eux et lui fit face pour lui dire simplement. "- Chez nous." parce qu'elle n'imaginait pas cet endroit sans lui, sans eux. Se mordillant la lèvre elle finit par le lâcher, baissant les yeux elle ajouta.

"- Je suis désolé Ronan..."

Elle était la seule responsable dans toute cette histoire et elle s'en voulait terriblement. Leur fils aurait pu se retrouver seul, eux exécutés, tout cela parce qu'elle n'était pas capable de faire attention à quelque chose de simple.

Il aurait été tellement plus simple que rien ne se passe jamais. Il aurait été tellement plus simple s'il n'y avait jamais eu ce bébé. Cette petite chose innocente avait causé tant de mal autour d'elle, sans même être encore vraiment là. Ronan ne voulait pas vraiment discuter de tout ça, ne voulait pas vraiment entendre de réponses à ses questions. Il s'était convaincu de certaines réponses lui-même, pour se rassurer, pour ne pas sombrer plus encore. Alors ils devaient parler. Ils s'aimaient. Mais pour que tout puisse s'arranger au mieux, ils devaient parler, même s'il n'aimait pas particulièrement cela. Il aimait écouter, pas être écouté. Pourtant, là, il n'avait pas le choix.

Ils croisèrent quelques personnes, il y eut quelques chuchotement à leur passage. Ronan essayait de ne pas y prêter attention. Il avançait, tenant la main de son épouse pour se sentir en sécurité près d'elle et n'écoutait rien, essayant de rester dans sa bulle. Il ne supporterait pas tous les regards sur leur famille. Il ne supporterait pas tout ce qui allait être dit sur eux. Alors qu'ils chuchotaient, elle lui avoua quelque chose, mais elle ne termina pas. Ronan avait compris, il lui semblait du moins. Et, se montrant faible un instant, il lui avoua qu'il aurait aimé former cette famille, mais qu'il ne fallait plus jamais y penser, que jamais plus ça ne se reproduirait. Plus que jamais, il serait prudent. Ni l'un, ni l'autre n'échappera de nouveau à la peine de mort. « Je suis désolée... » souffla-t-il lorsqu'elle répéta ses mots. Elle avait envie de cet autre enfant, comme lui l'aurait aimé, mais ici c'était impossible, donc il était inutile de même simplement en rêver.

Ils étaient enfin chez eux. Loin du regard des autres habitants. Il la regarda dans les yeux lorsqu'elle précisa qu'ils étaient chez eux. « Chez nous, oui. » Eux. Allaient-ils réussir à rester ce couple uni qu'ils avaient toujours été. Il l'ignorait, même s'il le voulait réellement. Lorsqu'elle s'excusa, Ronan comprit. Il se retourna, ne pouvant affronter son regard pour ce qu'il allait lui demander. Il observait la porte de chambre, celle de son fils qui n'était pas encore rentré. « Tu n'es pas la seule responsable Emma. Je sais que j'ai dit le contraire, mais c'est faux... » il souffla pour se donner du courage et toujours sans la regarder, il reprit. « Je veux connaître la vérité... Ce bébé... Il était de moi ? Tu as menti à la milice ? Ou... Tu m'as réellement trompé ? J'ai besoin de connaître la vérité ! »

Il avait beau être désolé cela ne changeait rien à ce qu'elle ressentait. Elle était triste parce qu'elle avait porté l'espace d'une seconde leur enfant, l'enfant qu'elle aurait tant voulu et qu'il aurait tant aimé. Bien sur elle savait qu'il aimait aussi son enfant, celui qu'il avait reconnu mais elle aurait voulu lui offrir ce cadeau en remerciement de tout le reste. Alors, savoir qu'elle ne devrait plus jamais y penser lui faisait mal et elle tentait de ne rien montrer. Elle aimait son mari et pour lui elle était prête à faire beaucoup, la preuve elle avait menti pour lui épargner la prison ou pire encore.

Une fois chez eux, une fois à l'abri des regards et des chuchotements des autres Emma se permis de se séparer de son mari pour lui faire face. Elle aurait pu choisir de garder sa main dans la sienne malgré tout mais elle ne pouvait pas, sachant très bien qu'il allait prendre le large. Et elle eut aussitôt confirmation de ce qu'elle pensait. Il croyait tout ça, il avait fini par croire tout ce qu'on avait pu raconter, pensant réellement qu'elle l'avait trompé, que cet enfant n'était pas le sien, c'était le plus douloureux à entendre. Si elle avait tant de regrets c'était justement parce qu'il en était le père. Elle serra les dents l'espace d'un seconde pour ensuite ouvrir la bouche mais sur le moment rien ne sorti, alors elle serra les doigts et respira longuement sentant les larmes monter bien trop rapidement à ses yeux. Sa gorge était noué et elle réussit malgré tout à répondre.

"- Bien sur qu'il était de toi... comment peux tu croire une seule seconde que je t'ai trompé.. Je.. j'ai menti, j'ai menti parce que je suis la seule responsable... j'ai menti pour te sauver toi, pour que notre fils ne grandisse pas sans ses parents.. j'ai menti parce que... je ne voyais pas d'autre solution.."

Et tout en parlant elle s'éloigna de lui, se rapprochant du hublot de l'appartement, regardant la noirceur de ce qui les entourait. Le ciel était quasiment sans étoiles mais les larmes qui envahissaient ses yeux rendaient tout ça étrange, lumineux, presque beau.

Oublier n'était pas simple. Ni pour lui, ni pour elle. Moins pour elle certainement qui avait porté cet enfant. Elle avait vécu les pires moments de sa vie certainement à cause de la prison. Il avait vécu des choses difficiles lui-aussi. Il avait dû vivre sans sa femme, s'occuper seul de son fils, vivre avec le regard et l'avis de tous les autres, vivre avec cette idée que, peut-être, elle l'avait trompé, même s'il s'était convaincu du contraire. L'avoir face à lui, seule, faisait remonter tous ses doutes à la surface. Lorsqu'il ne pouvait pas lui demander, il était plus simple pour lui de se convaincre, pour vivre et avancer, sans question et sans colère. Désormais, il pouvait connaître la vérité. Il devait la connaître pour avancer et essayer de retrouver une vraie vie aux côtés de sa femme. Alors, il commença par s'excuser. Si ce bébé était bien de lui, contrairement à ce qu'il avait pu lui dire par le passé, elle n'était pas la seule responsable. Il l'était aussi. Ce bébé, ils l'avaient fait tous les deux.

Il lui tourna le dos, trouvant cela plus simple. Et enfin, après tant d'attente, il se lança. Il lui demanda la vérité. Incapable de la regarder, le temps qu'il attendait pour obtenir une réponse lui semblait une éternité. Dans son esprit, c'était clair, si elle était longue, il n'y avait qu'une raison possible : le bébé n'était pas de lui et elle ne savait pas comment lui dire. Il serra les poings, prêt à entendre le pire. Emma prit la parole. Il entendait très clairement les sanglots dans sa voix, la difficulté qu'elle avait à parler. Il l'avait blessé. Il était rassuré de connaître la vérité et en colère de lui avoir fait tant de mal en lui posant cette question. Il se retourna et remarqua qu'elle s'était éloigné, regardant vers l'extérieur. Tout y était tellement magnifique aux yeux de Ronan. Alors l'espace d'un instant, il s'y perdit avant de s'approcher de sa femme. Restant juste derrière elle, il n'osa pas la toucher. Hésitant, il finit par dire. « Je suis désolé d'avoir douté de toi... Tu aurais pu me tromper, je sais que depuis quelques temps, ce n'est pas facile, que j'ai changé... Tout le monde a cru à ce que tu avais dit... Je ne sais pas, j'ai douté... Je suis désolé... » Lança-t-il avec tant d'hésitation. « Je sais ce que tu as fait pour me sauver... » Une façon de lui dire merci, sans le dire clairement. Il lui était reconnaissant et savait les sacrifices qu'elle avait fait pour lui. « Les autres ne comprendront jamais comment j'ai pu te pardonner si vite... j'ignore ce que l'on va faire... » Il était perdu. Si d'autres membres avaient des doutes sur la véracité de l'histoire, les deux auraient des problèmes pour avoir menti au Gouvernement, et ça, ils devaient s'en protéger.

Il avait beau être désolé, et même si elle s'en doutait, se rendre compte qu'il y avait cru à son mensonge lui faisait mal. Il avait douté d'elle, il avait même pensé pendant un temps que cet enfant n'était pas de lui. Elle avait si bien menti qu'il l'avait cru, il avait finit par y croire. Après tout c'était logique, le but de ce mensonge c'était bien qu'on la croit. Et tout en s'excusant d'y avoir cru il lui fit comprendre qu'ils allaient devoir trouver une solution parce qu'il ne pouvait pas, aux yeux des autres lui pardonner si vite sa conduite. Le genre de phrase dont elle n'avait pas besoin, le genre de chose qu'elle ne voulait pas entendre. Elle avait déjà menti, elle allait devoir continuer, faire comme si c'était vrai pour ne pas éveiller les soupçons. Elle savait qu'elle serait encore plus surveiller qu'avant mais jamais elle n'aurait pensé qu'elle allait devoir jouer la femme adultère jusqu'à la fin de sa vie. Elle regretta presque d'avoir raconté ce mensonge, finalement la mort aurait été plus douce.
Serrant toujours les poings, elle restait là à contempler le vide intersidéral, n'osant pas se retourner pour croiser le regard de son époux. Ce regard qu'elle savait accusateur malgré tout ce qu'il venait de lui dire. Et puis elle pouvait voir son reflet, même si ce dernier n'était pas net, elle le devinait derrière elle.

"- J'ai justement pensé qu'avec ton comportement l'adultère était une possibilité envisageable, qu'elle passerait facilement aux yeux des autres. Je ne t'aurais jamais annoncé ma grossesse si l'enfant avait été d'un autre, j'aurai.. je me serais débrouillé seule mais je n'aurais pas eu le culot de te le dire.. je n'aurais pas fait ça, je n'aurai pas pu..."

Et elle soupira longuement, laissant quelques larmes couler sur ses joues, sentant toujours cette tension dans sa gorge. C'était dur, c'était difficile de parler de ça, alors que tout ceci était faut, juste des mensonges pour le garder en vie lui et mieux plaider coupable pour elle. Ronan était le seul de leur couple à mériter de rester en vie, il avait du cran, de l'honneur, il était un homme bon et il saurait faire face à son exécution si tout ceci avait mener à ce terme. C'était tout ce à quoi elle avait pensé en salle d'interrogatoire, que l'un d'eux reste en vie et le meilleur bien sur et à ses yeux c'était lui.

"- Continuer à y croire si c'est la seule solution."

Ce n'était pas ce qu'elle voulait mais après tout si c'était si important, s'il le fallait elle pourrait le faire. Elle finirait même par se convaincre qu'elle l'avait trompé réellement. Elle serait libre mais emprisonné dans un mensonge malgré tout.

Sur Terre, leur vie aurait sans doute été bien différente. Sur Terre, il n'y aurait peut-être pas eu cette limitation du nombre d'enfants. Sur Terre, peut-être auraient-ils été plus heureux ? Au départ, lorsqu'il avait appris qu'il était libre parce qu'il n'était pas le père de l'enfant, il avait été choqué et étonné. Puis, il avait réfléchi et s'était dit qu'elle avait menti pour lui sauver la vie. Pour lui, c'était devenu une évidence. Une évidence parce qu'il avait besoin d'y croire. Désormais qu'elle était face à lui, il se posait des dizaines de questions. Avait-elle réellement menti ou avait-elle eu un moment de faiblesse la poussant à tromper Ronan. Ronan était difficile à vivre désormais, depuis qu'il avait dû arrêter son meilleur ami alors qu'il avait volé des médicaments pour sauver la vie de son fils. Alors, elle aurait pu être malheureuse, ne plus l'aimer, avoir besoin de réconfort ailleurs. Il le comprendrait, au fond, même s'il en serait malheureux et ne pourrait le supporter. Alors désormais il voulait savoir et ne pas vivre toute sa vie dans ce mensonge. Vivre dans des mensonges... Ce n'était pas le premier et pas le dernier à priori.

Il s'approcha d'elle, n'osa la toucher, juste lui répondre. Il essayait de s'excuser d'avoir cru à ce mensonge, mais il était perdu. Perdu parce qu'il ne savait plus ce qui était vrai ou faux. Perdu parce que leur futur était incertain. Comment pouvait-il faire croire aux yeux des autres qu'il avait déjà pardonné la tromperie de son épouse ? Si vite ? Il craignait que les autres ne se doutent de quelque chose et qu'ils finissent tous les deux, morts pour avoir menti sur un crime. Elle confirmait que son comportement facilité la possibilité qu'elle ait pu le tromper. Il était donc vraiment si horrible. « On ne peut pas savoir comment les personnes qu'on aime réagissent lorsqu'ils font face à de tels problèmes... Mais j'aurai dû te faire confiance. » essaya-t-il de se justifier. Ce n'était pas simple.

Il savait qu'elle pleurait, il savait qu'elle était malheureuse, mais il ne savait pas comment réagir. Devait-il la prendre dans ses bras ? La laisser tranquille ? Il n'avait qu'une chose en tête : trouver une solution pour leur avenir et ne plus se mettre en danger. « Emma, as-tu cru à un seul moment que l'on pourrait avouer la vérité ? Ce n'est pas le premier secret que l'on doit garder... » il faisait référence à la naissance de leur premier enfant, qui n'était pas le fils légitime de Ronan. « Bientôt, les autres auront oublié et on pourra reprendre une vie normale... Pour l'instant, on devrait éviter de se montrer trop ensemble en dehors de chez nous... » lança-t-il en posant sa main sur son épaule. il l'aimait et il ne voulait pas en passer par là, mais c'était certainement la meilleure chose à faire.

Emma était totalement amoureuse de son mari, elle en était même aveuglé parfois. Elle se rendait bien compte qu'il changeait, qu'il n'était plus le même mais elle voulait croire qu'il était toujours celui dont elle était tombé amoureuse. Et même si ce soir là il lui avait intimé l'ordre de mettre fin à cette grossesse elle ne lui en voulait pas réellement. Il avait eu raison, de toute façon parce qu'au pire elle serait morte après avoir donné naissance à l'enfant et lui aurait été tué aussi. Elle ne voulait pas perdre son mari, elle ne voulait pas, pour rien au monde perdre celui qui lui avait appris à aimer, celui qui lui avait montré la voix. Celui qu'elle aimait toujours.

"- J'ai toujours été heureuse à tes côtés."

Et dans le fond elle espérait que tout ceci continuerait mais plus la conversation durait moins elle en était sur. Elle en doutait énormément même. Il allait leur falloir mentir encore et toujours et ce mensonge là pourrait bien mettre fin à leur couple, à leur amour s'il durait trop longtemps. Mentir à des miliciens était une chose, mais mentir à tous les habitants en était une autre. Et puis mentir à son fils aussi n'était pas une mince affaire, surtout sur un sujet comme celui-là.

"- Mais ce n'est pas pareil, à mes yeux tu es son père.. tu l'as toujours aimé comme ton fils et parfois même je me dis que tu devrais l'être ce serait tellement mérité."

Elle n'avait pas pu s'empêcher de rebondir sur ce qu'il venait de lui dire à propos des secrets, il avait raison mais ce n'était pas vraiment pareil quand même.
A sa dernière phrase elle se tourna vers lui, lui faisant face avec ses larmes coulant sur ses joues et elle lui dit étonnée.

"- Tu vas me détester jusqu'à ce que tout ceci se tasse alors c'est ça ? devant les autres... et tu finiras par me détester réellement. tout ça pour un mensonge..."

Son époux, et être à ses cotés face aux autres c'était ce qui lui donnait la force d'avancer, lui permettait d'avoir la tête haute comme tout à l'heure quand ils déambulaient dans les couloirs pour retourner à leur quartier. Comment elle allait faire si elle ne pouvait plus compter sur son soutiens lorsqu'ils seraient ensemble devant les autres.

Se sentait-elle obligée de préciser qu'elle était heureuse avec lui ? Etait-ce pour se rassurer elle-même qu'elle le disait ? Il ne relevait pas ses mots, même si l'envie était là. Il voulait savoir et en même temps, non. Il savait qu'il n'était plus le même homme, il ne pouvait même plus se qualifier d'homme bien. Alors, il ne voulait pas en parler davantage. Il espérait la rendre heureuse de nouveau. Il espérait pouvoir reprendre une vie normale.

Leur vie était faite de mensonges. Ici, dans l'Arche, c'était un réel danger. Surtout pour eux, les Inférieurs, qui n'avaient pas le droit à la moindre faute. Emma avait eu une relation avec un Supérieur marié autrefois et de cette relation était né leur fils. Personne ne l'avait jamais su. Il gardait ce secret et il élevait ce fils qu'il aimait plus que tout au monde comme le sien. Selon elle, le mensonge était différent. Il l'était, en effet, ce secret passait très bien, personne n'avait de doute. Cette fois-ci tout le monde allait les regarder, les juger. « Je suis son père, oui. » Il l'était parce qu'il l'avait élevé et parce qu'il l'aimait. « J'aurais aimé qu'il soit mon fils biologique, mais pour moi, ça ne change rien, je l'aime comme mon propre enfant... » C'était un mensonge bien facile à supporter.

Elle se retourna enfin. Certainement parce qu'elle ne supportait pas ce qu'il venait de dire. Pourtant il était sérieux et ne disait pas ça par plaisir, juste par obligation. Il alla essaya les larmes sur les joues d'Emma. Il n'aimait pas la voir pleurer. Il n'avait jamais aimé ça. Il n'aimait pas ce qu'il entendait. « Emma... Je n'ai pas le choix ! Nous n'avons pas le choix ! Je ne veux pas te détester, mais j'y suis obligé... » Soupira-t-il. « Un mensonge avec lequel on doit vivre désormais... pour toujours. Aux yeux des autres, c'est une vérité, pas un mensonge. A mes yeux, ce sera toujours ce mensonge qui m'a sauvé la vie, jamais je ne pourrais te détester réellement Emma. Tu ne dois jamais craquer, tu ne dois jamais dire la vérité, même si la situation n'est pas facile, même si l'on te juge... jamais... Si la vérité venait à se savoir, on finirait tous les deux punis par la peine de mort alors nous n'avons pas vraiment le choix. » expliqua-t-il, fatigué par tout ça, par tous ces mensonges et ces problèmes. « Fantine connaît la vérité. Elle est persuadée que tu as menti pour me sauver... Si elle le dit à quelqu'un, nous sommes morts ! » lâcha-t-il.

Ce qu'elle voulait dire par là c'est que même quand il était imbuvable elle était heureuse, même s'il avait des comportements violents, des paroles blessantes ou s'il se montrait un peu trop agressif il l'a rendait toujours heureuse. Elle n'en était pas au point d'aller voir ailleurs et de le tromper comme elle avait pu le sous entendre. Bien entendu tout n'était pas rose, pas facile à vivre, parfois même elle ravalait ses larmes, sa rage mais elle arrivait toujours à le supporter tout simplement parce qu'elle l'aimait. Ce mensonge qu'ils avaient mis au point pour leur enfant n'en était plus un, c'était devenu quelque chose de normal et puis dire la vérité maintenant ne ferait de mal qu'à leur fils. Le véritable père d'Arthur se fichait bien de sa progéniture malgré le fait que son épouse ne lui ait jamais donné d'enfant. Un véritable égoïste et quand elle y repensait parfois quand elle le croisait elle se demandait comment elle avait pu se faire avoir par cet homme.
Ronan lui était un homme, un vrai, capable du pire comme du meilleur et tout ça par amour. Il donnerait sa vie pour elle ou leur fils, ce qui n'était pas le cas de tout le monde.

"- Je sais."

Il n'avait pas besoin de se justifier à ce propos, Emma le savait qu'il l'aimait, l'adorait même sans aucune distinction et le fait qu'il ne soit pas de son sang ne changeait rien à ses yeux. Elle l'aimait pour ça et pour un tas d'autres choses encore.

Elle finit par se retourner et ferma les yeux quelques secondes quand les mains de Ronan glissèrent sur ses joues pour effacer les larmes qui coulaient. Elle aimait ce genre de contact et ça lui avait terriblement manqué, sauf que ce qu'il lui dit ensuite n'était pas pour lui plaire. Elle n'aimait pas cette situation et encore moins l'idée de devoir continuer de mentir, mentir à tout le monde, tout le temps. Elle était persuadé qu'il la détesterait pour de vrai tout comme elle avait été persuadé qu'il finirait par croire à son mensonge.

"- Mais on a rien fait de mal ! Si j'ai menti c'était pour te sauver toi pour que notre fils ne se retrouve pas seul." Emma ferma les yeux à nouveau avant de les ouvrir pour ajouter "- Et pourquoi est-ce qu'ils la croiraient elle ? sa parole vaut plus que la mienne ? en quoi ce qu'elle dira pourrait contredire mon mensonge ? je devrais donner un nom c'est ça si elle venait à parler ? elle peut bien croire ce qu'elle veut cela ne veut pas dire qu'elle sait."

Emma savait qu'il l'avait dénoncé pour lui sauver la vie mais elle savait aussi qu'avec ce qu'elle avait dit c'était suffisant, qu'il n'était pas obligé de le faire. Elle ne comprenait plus rien en réalité, parfois son époux lui échappait, sa logique aussi. Emma était fatiguée de cette discussion alors elle se tourna à nouveau pour se diriger vers la banquette et s'y assoir, plaçant sa tête entre ses mains pour tenter de reprendre une apparence normale. Si quelqu'un entrait à ce moment là il penserait immédiatement à une scène de ménage et pour leur mensonge rien de mieux sauf qu'elle n'avait pas envie que quelqu'un entre et la voit ainsi.

Ronan aurait tellement aimé reprendre sa vie là où il l'avait laissé. Il aurait aimé retrouver sa femme et ne pas avoir ce genre de discussion. Pourtant, ils n'avaient pas le choix. Ils devaient survivre désormais. Ils ne pouvaient plus se contenter de vivre une petite vie tranquille. Ils devaient faire attention à chacun de leur mouvement, de leur parole. Ils avaient désormais encore moins de libertés qu'avant.

Il savait qu'elle était malheureuse, mais il était impuissant face à cela. Il ne pouvait rien y faire. Il ne pouvait pas changer les choses ou apaiser sa douleur. Elle pleurait, il lui essayait ses larmes, voilà tout ce qu'il pouvait faire pour l'instant. Il ne rêvait que de la prendre dans ses bras, sentir son parfum et la garder contre lui des heures durant. Pourtant, il se devait de penser à leur avenir et il devait parler de choses qui ne lui plaisait pas plus qu'à elle. Ils allaient devoir jouer au couple en froid. Il allait devoir jouer au mari trompé qui apprend à pardonner à son épouse après l'avoir détesté. Il avait déjà commis plusieurs erreurs. Jamais il n'aurait dû lui rendre visite si souvent, la prendre dans ses bras à sa sortie de prison ou lui tenir la main pour rentrer chez eux. Il n'avait pas été assez intelligent, pas assez réfléchi. Il devait peut-être un peu parano, un peu trop méfiant. Mais il voyait, en tant que membre de la milice, il voyait les dénonciations de voisins pour un détail, un rien. Il savait qu'il était exposé comme les autres.

Il l'écoutait. Il soupirait. Il sentait que ses nerfs allaient lâcher. Il perdait patience si rapidement désormais. Il était perdu et fatigué. Il ne savait plus ce qu'il faisait ou ce qu'il devait faire. Il ne répondit rien tout de suite. Il la laisse s'installer, s'asseoir. Lui resta dos à elle, laissant un rire nerveux s'échapper durant une demi seconde. « On a rien fait de mal, Emma ? Vraiment ? Ils se fichent de savoir pourquoi tu as menti, tu as menti c'est tout ! Tu crois vraiment qu'ils vont laisser deux Inférieurs s'en sortir après qu'ils aient menti pour se sauver la vie ? On a fait un deuxième enfant et ils se fichent bien de savoir que c'était un accident : c'est interdit ! Tu as avorté : c'est interdit ! Tu as... Nous avons menti : c'est interdit ! Tu crois vraiment qu'après tout ça, on va nous laisser tranquille ? Tu as oublié où l'on était... » Il commençait à avoir peur. Peur que leur fils perde ses parents. Peur qu'Emma ne supporte pas l'étiquette de femme ayant trompé son mari. Peur qu'elle parle. Ses poings se serraient à mesure où il parlait, se rendant compte de la merde dans laquelle ils étaient. Il se tourna vers elle, désormais énervé. Il changeait comme un rien. Heureux et doux puis en colère et énervé en l'espace d'une seconde. La pression, la culpabilité, il ne les supportait plus. « Pourquoi, ils pourraient la croire ? Parce qu'elle fait partie des Supérieurs, parce que sa parole vaudra toujours plus que toutes nos paroles réunies. Ils pourraient t'obliger à dénoncer, oui. Ou alors ils pourraient la croire sans demander aucune preuve. Les Inférieurs sont encore plus surveillés que d'habitude... Des mouvements de résistance se développent un peu partout sur l'Arche. A la milice, on reçoit chaque jour des plaintes sans preuve et tu crois qu'ils nous demandent d'enquêter avant d'arrêter ? » le ton monte, il essaye de souffler pour se calmer. « Si Fantine veut se venger, elle en a les moyens. On ne pourra pas se défendre. Et cette fois-ci, aucun mensonge ne nous sauvera ! »

Emma n'en pouvait plus et plus la discussion avançait et plus elle sentait ses nerfs lâcher. Elle ne voulait pas en arriver là après sa sortie, elle était enfin libre et cette liberté lui pesait déjà. De plus, son époux devenait de plus en plus nerveux et parlait de plus en plus fort. Ah ça pour faire croire qu'ils se disputaient il n'y avait pas besoin de mentir, n'importe qui pourrait entendre les éclats de voix de l'extérieur et donc la théorie de la prise de tête suite à son adultère fonctionnerait très bien, pas de soucis, trop bien même.
Emma n'arrivait plus à l'écouter, c'était trop, trop d'informations, trop de reproches, trop de tout en réalité. Alors qu'ils auraient simplement du se retrouver ils étaient tout simplement en train de s'éloigner, se perdre petit à petit.
Emma posa ses mains sur ses oreilles pour ne plus avoir à l'entendre et se mit à hurler.

"- STOP !! ARRETE !!"

Elle ne pouvait plus, les larmes ne cessaient de couleur sur ses joues et elle ne désirait qu'être consoler pas s'en prendre plein la figure ou du moins pas ainsi pas sur ce ton, pas d'éclats de voix, s'en était trop pour elle.

"- J'irai lui parler s'il le faut, je la supplierai, je mentirai encore plus mais je t'en supplie arrête de me hurler dessus."

Emma relava ses jambes et posa sa tête entre ces dernières comme pour se protéger de lui, de ses reproches, du ton de sa voix et elle se mit à se balancer légèrement avant de relever un peu la tête lui dire comme si c'était une évidence.

"- Si ma liberté doit se résumer à ça, alors ramène moi en prison."

Et elle était sérieuse, terriblement sérieuse, elle ne supporterait pas de le voir agir ainsi de l'entendre parler ainsi, de lui reprocher tout ça, qu'il lui rappel à chaque fois ce qu'elle avait fait, ce qu'elle devait faire et ce qu'elle devrait faire à cause de cette erreur qu'elle avait commise.

Il comprend qu'il hurle trop, il comprend qu'il parle trop fort, il comprend qu'il s'énerve trop vite. Il n'y peut rien. Il se sent bloqué par toutes ces responsabilités, par tous ces mensonges, par tous ces problèmes. Il est perdu et épuisé par cette situation. Il ignore tout de l'avenir et ça lui fait terriblement peur. Bientôt, dans un an environ, ils seront sur la Nouvelle-Terre, comment est-ce que cela se passera pour eux, les Inférieurs ? Seront-ils mieux traités ou moins bien traités ? Il l'ignorait et ça lui faisait peur. Il se rendait compte qu'il était mauvais et qu'il reprochait beaucoup trop. Ronan n'arrivait plus à se contrôler. Il l'observait, il attendait une réaction. Elle commença par poser ses mains sur ses oreilles comme pour se protéger des mots de Ronan et elle se mit à crier. Il comprenait à quel point il n'était pas quelqu'un de bien dans ce genre de moment en voyant le mal qu'il était en train de lui faire involontairement. Emma pleurait. Ronan resta là, debout, face à elle, sans réagir. Il n'aimait pas la voir pleurer, mais elle pleurait à cause de lui, difficile de la consoler.

Fantine était un problème par dessus tous les autres problèmes. Un problème difficile à contrôler puisqu'elle était guidée par la vengeance. Emma parlait, il ne répondait pas. Elle pensait pouvoir convaincre Fantine, Ronan était persuadé du contraire. Elle posa sa tête sur ses jambes et puis après quelques secondes de silence reprit. Cette dernière phrase était comme un coup de poing en plein ventre pour Ronan. Etait-elle sérieuse ? C'était impossible, elle ne disait ça que parce qu'elle était en colère. « Je ne voulais pas que ça se passe comme ça... » souffla-t-il si bas qu'il ignorait si elle l'entendait. « Tu ne dois pas voir Fantine. Si elle vient te voir, tu ne dois pas lui parler de ce bébé ou de l'adultère. Elle essayera de te piéger. » commença-t-il, restant aussi calme que possible, bien que froid. « Tu ne dois parler de ce mensonge à personne, il faut qu'on le fasse oublier. On ne se montrera pas ensemble à l'extérieur, pendant quelques semaines au moins, sauf si on n'a pas le choix. Devant Arthur, il nous faut jouer ce même jeu, je ne veux pas qu'il soit impliqué dans nos mensonges. » Il énumérait toutes les choses, froid, sans crier, essayant de ne pas la regarder pleurer. « Je vais dormir sur le canapé pendant quelques jours, je pense que c'est le mieux pour nous deux. » soupira-t-il. Il commençait à croire que rien n'allait s'arranger. « et je ne veux plus t'entendre dire que tu préfères retourner en prison Emma. Nous n'avons pas fait tout ça pour ça. Je suis désolé si tu es si malheureuse à mes côtés... » peut-être était-ce le cas contrairement à ce qu'elle avait dit précédemment, peut-être n'était-elle pas heureuse pour préférer la prison à son mari.

Elle était blessée, déçu et terriblement en colère contre elle même contre lui contre le monde entier, enfin le vaisseau tout entier. Elle avait souffert, elle avait mis fin à cette grossesse de son plein gré parce qu'il lui avait intimé de le faire, elle avait fait de la prison après avoir menti et il fallait encore qu'elle supporte le poids de ce mensonge maintenant qu'elle était libre. Elle se fichait bien de Fantine, de sa colère, ses idées de vengeance, elle se foutait de tout et de tous. Tout ce qu'elle voulait c'était retrouver son mari mais visiblement lui non plus elle ne le retrouverait pas. En fait elle continuait à subir cette punition comme si elle était réellement coupable. Et le fait qu'il parle d'Arthur l'acheva, Emma fondit en larmes alors que jusqu'à présent elle se retenait autant qu'elle le pouvait.
Elle allait devoir jouer la comédie jusque dans son intimité et cette idée lui était impossible. Il allait vraiment finir par la détester et elle par le haïr s'ils continuaient sur cette voie.

Elle lui aurait bien hurlé qu'elle n'était pas malheureuse à ses côtés jusqu'à présent mais qu'avec ce qu'il venait de dire c'était réellement le cas. Elle était malheureuse et regrettait presque d'avoir retrouvé sa liberté, au moins quand il venait la voir en prison il donnait l'impression de regretter son absence mais là rien du tout. Il était froid et ses excuses n'effaçaient pas son comportement distant.

Elle se contenta juste de se lever avec difficulté d'ailleurs comme si sa colère et les larmes la rendait fébrile et elle passa devant lui en lui lançant un regard assez noir sans dire un mot puis s'approcha de la porte de leur quartier mais avant de passer cette porte elle se retourna et lui lança simplement "- A vos ordres monsieur !" C'était sa façon à elle de lui montrer qu'elle n'était pas du tout d'accord avec sa manière d'agir, de lui faire comprendre qu'elle ne s'adressait plus à son époux mais bel et bien au milicien qu'il semblait être devenu jusque dans leur intimité. Et puis elle passa la porte de leur quartier pour sortir, quitter cet endroit, le quitter lui parce qu'elle ne pouvait plus rester là et supporter ses reproches, ses ordres. C'était la première fois qu'elle lui montrait clairement qu'elle n'était pas d'accord avec lui, qu'elle se sentait forcé. Et puis s'il voulait dormir sur le canapé autant qu'il s'y prépare mais qu'il se prépare aussi à son absence parce qu'elle ne voulait plus rester avec lui pour l'instant. Elle avait besoin de changer d'air sauf que dans ce vaisseau pas évident.

A peine sorti d'ailleurs elle eut droit à un regard indiscret d'un voisin mais elle n'y fit pas plus attention que ça, frottant simplement les larmes qui coulaient sur son visage et avançant dans le couloir sans but précis.

Il parlait. Il ordonnait. Lorsqu'il évoqua leur fils, elle fondit en larmes. Si Ronan ne montrait rien, préférant rester froid, de voir ça, ça lui faisait terriblement mal. Il lui lista tout ce qu'elle devait faire désormais. Son but n'était pas de contrôler sa vie, de la diriger, mais juste de les protéger. Mais sa façon de parler, son ton, son regard, tout laissait penser qu'il voulait lui dicter ses moindres faits et gestes de son futur. Elle ne répondit rien. Il la regarda se lever difficilement, pleurer et passer devant lui sans un mot. Il n'eut le droit qu'à quelques mots. Il était blessé et en colère. Ronan comprenait bien son allusion. Il serra les poings davantage. Lorsqu'elle ouvrit la porte, il se contenta d'un « Emma ! » froid et sec, mais elle ne l'écouta même pas.

Il avait hésité à la rattraper, mais finalement ne l'avait pas fait. Il était resté là, avait fait quelques pas dans l'appartement puis s'était allongé sur le canapé. Il repensait à tout ce qui s'était passé. Il était si heureux de retrouver sa femme, si heureux de la revoir en dehors de la prison. Pourtant, une fois libre, il avait été envahi par un tas de sentiments, de questions qui ne l'avaient pas embêté jusque là. Toutes ces choses, tous ces problèmes il n'y avait pas vraiment pensé avant la sortie d'Emma. Il aurait aimé ne pas y penser après. Pourtant, la voir dans l'appartement avait ramené Ronan à la réalité de leurs problèmes actuels et futurs. Il avait été partagé entre le bonheur de la revoir et la crainte de ce que ça allait entraîner pour eux. Il s'était excusé, lui avait dit comme il l'aimait et il avait essayé de la rassurer et d'avoir des gestes tendres pour elle. Et d'un autre côté, il avait été odieux, froid et avait dit des choses qu'aucun ne voulait entendre.

En réfléchissant à tout cela, il s'était endormi. Il était si fatigué après avoir travaillé toute la nuit, ça n'avait certainement en rien aidé son comportement. Il ne fut réveillé que par le retour de son fils à qui il dût expliquer que sa mère était partie se promener dans l'Arche, ayant besoin de retrouver sa liberté. Un mensonge de plus. Il ne bavarda presque pas avec lui, l'envoya faire ses devoirs et lire dans sa chambre. A l'heure du repas, au réfectoire, il espérait voir Emma, mais ce ne fut pas le cas. De retour chez eux, il demanda à Arthur d'aller se coucher tôt parce qu'il était lui-même très fatigué. Ronan tourna en rond de longues minutes, mais Emma n'était toujours pas de retour. Il commençait à s'inquiéter. Allongé sur le dos, les bras derrière la tête, il observait le plafond depuis son canapé. Il aimait tellement cette femme, cette famille qu'ils avaient... Comment tout avait pu dégénérer à ce point ? Il ne s'était jamais rendu compte qu'il avait tant de colère et tant de peurs en lui. Il savait que les prochaines semaines n'allaient pas être simples. Il savait que toutes ces histoires n'étaient pas terminées. Il attendait, allongé, le retour de son épouse et comptait bien l'attendre toute la nuit s'il le fallait.

Emma avait marcher devant elle sans chercher plus loin, l'espace d'un instant elle avait pensé à aller retrouver son fils mais vu état d'esprit et de nervosité elle avait abandonné l'idée. Errant dans les couloirs, elle traversa une partie du vaisseau, lieux autorisés pour les inférieur jusqu'à ce retrouver devant la partie qui lui était interdite. Sans le savoir elle avait parcouru la plupart du vaisseau pour se retrouver à quelques mètres de la prison, d'où elle venait de sortir. Reprenant ses esprits elle pris la direction du parc, elle avait besoin de voir des enfants, de voir la vie et elle se passa même de manger puisque de toute façon toute cette histoire lui avait coupé l'appétit.

Elle resta là-bas durant des heures à regarder passer les gens, observant sans observer ceux qui se trouvaient là, l'esprit vagabondant un peu partout. Son couple, son avenir, cette prison dont elle venait de sortir. Cette dernière l'avait changé, elle n'était plus la même à présent et elle ne supportait pas ce que Ronan était devenu, chose qu'elle supportait avant même si ce n'était pas facile. Comment est-ce qu'elle allait faire pour se sortir de là ? elle n'en savait trop rien et elle finit par piquer du nez et s'endormir tête sur les genoux vu qu'elle était assise sur un banc. Quand elle se réveilla elle ignorait l'heure qu'il pouvait être mais le sommeil était trop présent alors elle se leva, s'étira un peu et puis repris le chemin de leur appartement. Elle ne savait pas du tout comment elle allait se comporter, lui parler, l'ignorer, elle verrait bien une fois sur place.

Quand elle passa la porte elle compris que tout le monde était coucher et aperçu la silhouette de son époux sur le canapé comme il l'avait si bien dit. Elle avança et pris la direction de la chambre d'Arthur et se faufila à l'intérieur. Elle resta debout à observer son fils dormir, les bras croiser elle le regarda longuement, n'osant même pas s'en approcher de peur de le réveiller. Elle aurait aimé le prendre dans ses bras, sentir son odeur et caresser ses cheveux comme elle le faisait souvent quand elle avait besoin de son réconfort ou pour le réconforter lui même quand il n'était pas bien.
Il lui avait manqué tout comme son époux lui avait manqué mais elle allait devoir lui mentir à lui aussi, continuer à être la femme fautive, celle que tout le monde juge. Il avait du en entendre parler d'ailleurs et sans doute qu'il aurait des questions à ce sujet, arriverait t'elle à lui répondre ? c'est une autre question.

Après un long moment elle quitta la chambre de son fils et pris la direction de la chambre à coucher du couple, sachant qu'il ne viendrait pas la rejoindre elle s'allongea sans même prendre le temps de faire sa toilette ou se changer. Elle se posa simplement sur le lit à la place qu'elle prenait habituellement et se recroquevilla en position du foetus. Elle ne dormirait pas, elle en était certaine mais peu être qu'elle somnolerait un peu malgré tout. Elle ferma les yeux et tenta de faire le vide, pas évident mais possible si elle le désirait.

Les heures étaient passées à une vitesse. Emma n'était toujours pas là. Ronan, allongé dans le canapé, commençait à s'inquiéter, à se demander où elle était passée. Il était allongé, les bras derrière la tête, lorsqu'Emma poussa la porte. Il ne bougea pas, attendit un mot de sa part. Pourtant, elle n'en fit rien et se précipita dans la chambre de leur fils. Il ne broncha pas, attendant qu'elle en sorte. Le temps lui paraissait être une éternité. N'allait-elle donc jamais venir lui parler ? Comptait-elle rester dans la chambre d'Arthur pour être certaine d'éviter son mari ?

Après de très longues minutes, elle en sortit et se dirigea immédiatement dans la chambre du couple, sans un mot ou un regard pour son mari. Il hésita de longues minutes. Devait-il la rejoindre pour parler ou la laisser tranquille ? Il commença par se redresser, s'asseyant dans le canapé, tenant sa tête entre ses mains. Qu'était-il censé faire ? Il était toujours énervé, en colère et pourtant, il avait envie de la voir. Sans plus réfléchir, il se leva et ouvrit doucement la porte de leur chambre pour s'y glisser. Il la referma et resta devant celle-ci sans chercher à s'approcher de son épouse. Autant garder une certaine distance après la fin de la conversation de tout à l'heure. « Je sais que tu ne dors pas Emma.. » Il le voyait à sa façon de respirer. Il chuchotait, ne voulant pas réveiller leur fils dans la chambre d'à côté. « Où est-ce que tu étais passée ? » En prononçant ces mots, il se disait qu'elle allait croire qu'il l'interrogeait, que cela ressemblait beaucoup à un interrogatoire. Il préférait même peut-être qu'elle croit cela plutôt que de dire clairement qu'il était inquiet. En réalité, il ne savait plus très bien ce qu'il voulait ou non, simplement. Il restait partagé entre l'envie d'être prêt d'elle, de profiter de sa présence et sa colère. Il ne reconnaissait plus lui-même alors il n'imaginait pas comment les autres, comme Emma, pouvaient le voir.

Emma avait tout fait pour éviter son époux et elle continuerait à tout faire, ne se sentant pas à l'aise avec ce qu'il était devenu. Elle avait besoin de se retrouver et surtout de se sentir libre à présent parce qu'elle se sentait prisonnière dans cet appartement avec lui et ses reproches. Peu être qu'une fois qu'elle aurait pu parler avec son fils, qu'elle aurait retrouvé ses réflexes de mère tout irait mieux mais pour l'instant elle voulait être seule.
C'est donc ennuyé qu'elle l'entendit entrer dans la chambre et lui dire qu'il savait qu'elle ne dormait pas.
Et voilà qu'il commençait à l'interroger de nouveau, à croire que pendant qu'elle était en prison son côté époux avait laissé totalement place à ce milicien que tout le monde détestait et se méfiait. Au début elle ne voulait pas lui répondre, le laisser croire qu'elle dormait réellement mais elle finit par lui dire.

"- Je suis fatiguée..."

Afin qu'il comprenne qu'elle n'avait pas envie de parler, encore moins de se justifier. Il avait eu ce qu'il voulait, elle c'était montré dans tout le vaisseau sans lui, malheureuse, exactement ce qu'elle était censé être après tout.

Ronan ne savait pas comment il devait réagir. Il ne voulait pas faire comme s'il vivait avec une inconnue, une femme qu'il détestait. Il l'aimait sincèrement et n'avait jamais cessé de l'aimer malgré leurs problèmes. Devant les autres, ils n'avaient désormais plus le choix, devant leur fils, ils ne devaient pas être proches non plus. Mais dans l'intimité, allaient-ils vraiment être des inconnus ? Ronan ne pourrait le supporter. Il avait dit lui-même qu'il dormirait sur le canapé pour quelques temps, mais il était en colère. Puis même s'il dormait sur le canapé, ils pouvaient tout de même discuter.

Après avoir longuement hésité, il s'était relevé pour aller discuter avec sa femme. Il ne voulait pas chercher la dispute, mais il ne supportait pas ce silence. Il ne supportait pas cette distance, même s'il en était responsable en partie. Il commença par dire qu'il savait qu'elle ne dormait pas. Il n'avait pas oublié sa façon de respirer lorsqu'elle dormait. Il aurait tellement aimé être là, près d'elle, dans ses bras, à profiter de sa première nuit auprès de sa femme après si longtemps. Mais ce n'était pas le cas. Tout était tellement différent d'avant.

Il lui demanda où elle était. Qu'avait-elle fait durant toute une après-midi et une soirée ? Avait-elle quelqu'un d'autre à voir ? Il s'obligea immédiatement à oublier cette idée. Emma n'avait personne d'autre, elle était juste malheureuse et avait besoin de temps pour elle, loin de l'ambiance pesante de leur appartement. Emma ne répondit pas de suite. Elle restait silencieuse, espérant certainement qu'il s'en aille sans plus de discussion. C'était mal le connaître. S'il n'aimait pas discuter, il n'aimait pas abandonner non plus. « Emma, je n'ai pas envie de me répéter ! Où étais-tu ? » Qu'elle s'imagine qu'il l'interrogeait si elle le voulait. Il essayait de garder son calme, de se contrôler, mais il était fatigué, fatigué de se répéter. Il avait été inquiet, il voulait des réponses.

C'était pénible cette manière qu'il avait de toujours donner des ordres, vouloir tout savoir, avoir la main sur tout en fait. Oui, c'est ça, Ronan voulait avoir le contrôle sur tout et on aurait presque pu penser que malgré ce qu'elle lui avait dit il ne la croyait pas et pensait réellement qu'elle le trompait. Vouloir absolument savoir c'était laisser penser qu'il ne lui faisait pas confiance et qu'ils soupçonnait malgré tout qu'elle le trompe, qu'elle ait passé du temps avec son amant. Emma le détestait pour ça, vouloir absolument insister pour avoir le dernier et connaitre le fin mot de l'histoire. Comme s'il ne pouvait pas lui faire confiance et imaginer qu'elle avait juste besoin d'être loin de lui, du poids qu'il mettait sur ses épaules depuis son retour.
Elle répondit malgré tout.

"- Nul part."

Parce que c'était vrai, elle n'était nul part et partout à la fois puisqu'elle avait erré un peu partout dans le vaisseau, allant même jusqu'à la limite des endroits où un inférieur pouvait se rendre avant de finalement se poser sur un banc et laisser le temps passer sans rien chercher d'autre. Elle se doutait bien que cette réponse ne lui suffirait pas, mais c'était tout ce qu'il aurait sans provoquer une nouvelle dispute. Pourquoi il ne pouvait pas tout simplement venir s'allonger à ses côtés et lui demander pardon pour son comportement, pourquoi il n'admettait pas qu'il allait trop loin depuis son retour. Emma rêvait qu'il la prenne dans ses bras, la serre contre lui et lui montre à quel point elle lui avait manqué, mais c'était trop demandé, alors il devrait se contenter de ses reproches et ses fausses excuses. Elle aurait pu lui dire qu'elle avait trainé, errer sans but mais en toute logique il aurait du le deviner, tout simplement parce qu'il était censé la connaitre.

Il ne se contrôlait plus. Il avait fait trop d'erreur, les unes après les autres et il ne le supportait plus. La pression, la culpabilité, le mensonge... Tout était trop compliqué à supporter. Il avait tenu bon jusqu'au retour de sa femme parce que leur fils était là et il ne pouvait pas l'abandonner, mais désormais en l'espace de quelques instants, il ne le pouvait plus. En venant la voir, il ne voulait pas chercher querelle, mais il se sentait si impuissant face à cette situation. Emma ne lui répondait pas, ou vaguement, ce qui l'agaçait davantage. « Ne me dis rien, c'est très bien comme ça... » souffla-t-il, exaspéré. Il s'imaginait tellement de choses. Il faut dire qu'il vivait avec des doutes sans vraiment le savoir depuis toutes ces semaines. Il avait peur. Peur qu'elle ne l'aime plus. Peur qu'elle le trompe parce qu'il ne la rendait pas heureuse. Peur d'être abandonné par sa famille.

Il était maladroit et froid, mais jamais il n'avait voulu que les choses se passent comme ça. Jamais il n'avait voulu être blessant ou méchant. Toutes les précautions qu'il demandait, il le faisait pour les protéger des autres. Emma ne l'entendait pas de cette oreille, elle voulait vivre comme avant, mais c'était impossible. Bien sûr, il aurait pu lui dire différemment, à un autre moment que lors de leurs retrouvailles. Il s'y était mal pris, c'est certain. Il aurait profiter de retrouver sa femme et attendre pour les problèmes, mais il avait été submergé par la crainte et les doutes. « Je ne voulais pas te faire souffrir, au contraire. Je voulais nous protéger. Je sais que ce n'est pas ce que tu voulais, mais c'est tout ce que je peux t'offrir pour l'instant. » Il ne s'excusait pas vraiment, il se justifiait. « Je vais demander à travailler le soir et la nuit principalement, je resterai ici la journée quand tu travailleras... C'est le mieux pour toi... Je suppose... » Il ne voulait pas lui imposer plus que nécessaire sa présence. En s'arrangeant correctement, ils ne se croiseraient quasiment plus. Emma en serait certainement plus heureuse. Et puis, aux yeux des autres, ce sera parfait, le mari trompé qui évite sa femme.

Emma voulait simplement se reposer, tenter d'oublier tout ce qui avait pu se passer depuis sa sortie de prison, son retour à la maison. Elle qui s'attendait à reprendre sa vie là où elle l'avait laissé était tout simplement tombé des nues en se rendant compte que plus rien ne serait jamais comme avant. Bien sur elle comprenait qu'il fallait mentir, continuer à mentir, faire semblant mais elle ne comprenait pas cette distance qu'il mettait entre eux. Ils auraient pu se retrouver malgré tout, faire semblant devant les autres, essayer de jouer la comédie mais visiblement Ronan en était incapable il devait vraiment s'éloigner de sa femme pour tenter de donner le chance, un bien piètre menteur en fin de compte.
Ce qu'il ajouta n'arrangea rien à la situation. Tentative d'excuses ou quelque chose dans le genre, très maladroit mais terriblement blessant une nouvelle fois. C'était dingue quand même de voir à quel point il s'enfonçait et surtout il creusait cette distance entre eux. Emma tenta de garder les yeux fermer, de faire comme si elle n'entendait rien mais s'en était trop, impossible de rester silencieuse face à ce qu'il lui disait.

"- Et c'est tout où tu as encore autre chose à rajouter pour me punir ..... ?"

Il ne se rendait pas compte mais en agissant ainsi il mettait lui même son couple en péril. En discutant calmement, en mettant les choses au clair entre eux ils pouvaient s'entendre tout en restant un couple uni mais visiblement il n'avait pas confiance en elle et pensait qu'il fallait agir ainsi pour donner le change. Emma sentait qu'il s'éloignait un peu plus à chaque seconde qui passait, à chaque battement de son coeur. Et celui-ci battait bien assez vite.

"- Mon seul tors a été de ne pas faire suffisamment attention et de tomber enceinte c'est tout, je ne mérite pas autant de dédain de ta part Ronan."

Il donnait bien le change en tout cas, seulement ils étaient seuls et il n'avait pas besoin de jouer la comédie devant elle, c'était ce qu'elle lui reprochait réellement, de mettre toute cette distance entre eux alors pour le moment ils étaient seuls.

Il n'avait jamais voulu s'éloigner de son épouse à ce point. Il ne savait même pas comment il en était capable. Il avait toujours eu besoin d'elle, avant même qu'elle ne soit sa femme. Aujourd'hui, il ne se reconnaissait plus. Ce n'était pas étonnant qu'Emma ne le reconnaissait plus non plus. Il n'arrivait pas à vivre avec toute cette culpabilité. Il avait essayé, mais il n'était pas assez fort pour ça. Il n'était pas l'homme bien qu'il essayait de montrer aux autres. Il n'était qu'un lâche n'arrivant pas à assumer ses responsabilités. Lorsqu'il avait choisi de travailler pour la milice, il s'était dit qu'il pourrait être utile aux autres et les protéger. Ces derniers mois, il n'avait plus cette même impression. Il avait dû arrêter son meilleur ami. Il devait prendre des plaintes et arrêter des innocents qui ne cherchaient qu'un peu de libertés. Il devait être sévère, injuste et froid. Il n'arrivait plus à faire la différence entre le Ronan milicien et le Ronan père et époux. Tout lui échappait dans sa vie et il sentait désormais qu'il était en train de perdre Emma. Son Emma. Ils avaient vu bien pire tous les deux et avaient supporté la séparation. Mais leurs retrouvailles allaient finir par les séparer pour de bon s'il ne faisait pas d'efforts.

Il avait conscience de tout ça, mais était incapable de changer pour autant. Il s'était excusé, lui avait dit qu'il l'aimait... Il s'était justifié, lui avait dit qu'il voulait la protéger... Ce n'était pas suffisant. Il ne savait plus ce qu'il devait faire. Elle refusait de lui répondre, de lui dire où elle était. Évidemment, il avait pensé au pire. Il l'imaginait dans les bras d'un autre, il l'imaginait retrouver cet homme qui n'existait pas, il imaginait cet autre homme serrant sa femme dans ses bras. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Pour tout le monde, il était un homme trompé et même s'il s'était persuadé que ce n'était qu'un mensonge, une partie de lui y avait toujours cru sans qu'il ne le sache. Il aurait voulu la prendre dans ses bras, l'embrasser, la garder contre lui pendant des heures. Il ne l'avait pas fait. Il avait fait le con, comme souvent dernièrement. « Te punir ? Sérieusement ? Emma tu... » Il laisse sa phrase en suspens, regrettant les premières minutes de leurs retrouvailles qui lui semblent déjà si lointaines. « Je ne fais pas ça pour te punir, au contraire... » Elle n'était plus heureuse avec lui, bien avant d'aller en prison, il en était certain alors il voulait juste lui donner une chance d'être bien, loin de lui s'il le fallait. Heureusement que leur fils dormait à côté, il n'osait pas élever la voix davantage. « Je ne te reproche rien... Alors arrête un peu ! Ici tomber enceinte pour la deuxième fois, ce n'est pas une simple erreur, c'est grave ! Je sais que ce n'était pas volontaire, je ne suis pas stupide, mais malgré tout, notre vie doit changer à cause de ça. Devant les autres, devant notre fils... Je n'imaginais pas qu'à deux, ce serait comme ça aussi... Ce n'est pas ce que je voulais. » Il soupire. « Je suis censé faire quoi ? Je ne sais même pas comment on a pu en arriver là Emma... » il avouait, se confiait. Il était perdu et ne savait plus ce qu'il devait faire.

Oui, elle se sentait puni, c'est pour cela qu'elle lui dit clairement ce qu'elle ressentait et cela sembla étonner Ronan. D'ailleurs, Emma se releva légèrement afin de pouvoir lui faire plus ou moins face ayant quand même du mal à se retrouver totalement face à lui. Elle n'avait rien fait contre leur couple et c'était ça qu'elle n'arrivait pas à accepter, qu'il veuille la punir pour ça. Ce n'était pas cette grossesse, elle ne l'avait pas fait exprès et savait très bien qu'ils risquaient gros pour ça, c'était surtout le fait qu'il la punisse même dans leur intimité, même quand leur fils était coucher, qu'il agisse comme si elle l'avait vraiment trompé, comme s'il y croyait. C'était ça qui la blessait aussi, énormément.

Et voilà qu'il se remettait à la gronder, à lui crier dessus même si là pour le coup le ton était nettement moins fort, c'était quand même des remontrances alors elle se rallongea. C'était pénible de toujours devoir se faire disputer, comme s'il ne comprenait pas ce qu'elle voulait dire, comme s'il le faisait exprès.

"- Je le sais que c'est grave ! Je le sais très bien, je n'aurai pas menti si ça n'avait pas été grave. Arrête de faire comme si tu ne comprenais pas Ronan..." puis elle soupira avant d'ajouter comme si c'était une évidence qu'il ne voyait plus "- Tu es censé me soutenir, me prouver ton amour, montrer que tu es heureux que je sois libre et non passer ton temps à m'engueuler et vouloir t'éloigner de moi comme si j'étais réellement coupable. Parce que c'est comme ça que je me sent ! coupable ! Alors que je ne t'ai pas trahis, jamais ! A croire que pour réussir à convaincre les autres de ma culpabilité tu dois t'en convaincre toi même..."

Et puis elle s'arrête parce qu'elle n'a plus la force. C'est comme parler à un mur.
Des petits gestes, elle ne demande pas grand chose elle a bien compris qu'elle n'aura rien mais au moins des attentions, une main sur la sienne, une caresse, quelque chose qui lui laisserait penser qu'elle reste importante à ses yeux et qu'il sait qu'elle lui a été fidèle.

Elle se sentait punie ? Il essayait de lui faciliter la vie, il essayait de la laisser seule puisqu'elle ne semblait pas heureuse avec lui. A vrai dire, il ne savait même plus à quel moment ça avait dérapé entre eux. Ils avaient discuté, Emma ne semblait pas accepter ce que Ronan demandait, Ronan s'emportait sans aucune patience... Ils avaient involontairement imposé une distance entre eux. Ils s'étaient tenus la main et Ronan avait essuyé les larmes de son épouse, mais les contacts entre eux s'étaient limités à ça. Ils ne s'étaient serrés dans les bras qu'un court instant, ils ne s'étaient même pas embrassés. Et il le regrettait. Il le regrettait parce qu'il craignait de ne plus en avoir la possibilité à l'avenir.

Leur véritable problème était qu'ils ne se comprenaient juste pas. Ils ne se comprenaient plus. De son point de vue, il ne s'était pas énervé au début, il ne lui avait rien ordonné et il n'avait pas été blessant, au début du moins. De son point de vue, il avait trouvé urgent de définir leur nouvelle vie pour se protéger, se protéger de leur mensonge. Il n'avait voulu que ça : leur bien, rester en vie... Sa femme s'était déjà sacrifiée une première fois, il ne voulait pas que ça recommence. Il avait été libre alors que sa femme avait été emprisonnée, alors que cet enfant, ils l'avaient fait tous les deux, ce n'était pas quelque chose de facile à vivre. Ça en plus du reste. Il l'écoutait, il la regardait, il essayait de la distinguer dans l'obscurité de leur chambre. Il aimerait juste être là, allongé près d'elle, dans ses bras. « Je ne t'ai jamais demandé de mentir ! » lâcha-t-il sans réfléchir. Le mensonge était nécessaire, indispensable, mais il aurait aimé être à sa place, ne pas la laisser pourrir en prison.

Il s'agaçait, encore, il commençait à faire quelques pas dans le peu d'espace disponible de leur chambre. « Je voulais te soutenir ! C'est ce que j'ai toujours essayé de faire Emma... Depuis toujours ! » Il lui tourne le dos. Il souffle, il ne doit pas crier. « Je suis heureux de te voir ici, de ne plus te savoir en prison... Comment peux-tu imaginer le contraire une seule seconde ? » Il se retourna vers elle, essayant de distinguer ses yeux dans la pénombre. « Tu crois vraiment que j'ai voulu ça ? On ne se comprend plus... Ce que je t'ai demandé, c'est pour notre bien... Je me répète encore... Je n'ai jamais voulu que tu te sentes coupable. Je veux que tu sois heureuse, c'est ce que j'ai toujours voulu.. Comment tu peux dire le contraire après tout ce que j'ai fait pour toi ? J'aurai pu croire en ton mensonge et t'abandonner, j'aurai pu ne plus venir te voir en prison pour préserver ma réputation et mon travail... J'ai cru en toi, même si j'ai eu besoin de t'entendre me dire clairement la vérité. Je sais que j'ai changé Emma, je sais que je ne suis plus celui que tu as épousé, je le sais. » Il sortait tout ce qui lui passait par la tête, la fatigue n'aidant pas. Il ne devait pas être simple de le comprendre. « On ne se comprend plus Emma... Je voulais nous protéger des autres, je n'ai jamais voulu que tu imagines que je te déteste, ce n'est pas le cas. Qu'est-ce que tu veux Emma ? Si ma présence te donne l'impression d'être coupable... » Il laisse sa phrase se terminer là, ne voulant pas préciser qu'ils pouvaient faire une pause, se "séparer" quelques temps pour lui laisser du temps... Il l'aimait et ce n'est pas ce qu'il voulait, mais il ne voulait pas les voir se détruire et se haïr et il ne savait plus quoi faire. Et c'est là où ils ne se comprenaient plus. Lui voulait la rendre heureuse en faisant ça, la libérer de lui et elle imaginait qu'il essayait de la punir. Il parlait beaucoup, comme jamais il ne l'avait fait, il n'était peut-être pas cohérent, il était épuisé.

Et pas prend ça dans les dents. Ronan ne se rend pas compte de la manière dont il lui parle. Voilà qu'il lui reproche d'avoir menti maintenant alors qu'elle c'est expliqué déjà qu'elle a fait ça pour le sauver lui éviter que leur fils ne se retrouve seul et sans parents, mais visiblement ce n'était pas ce qu'il voulait. Il veut tout contrôler et il aurait voulu sauver sa femme sans qu'elle n'ait à intervenir, peu être qu'il aurait voulu aller en prison à sa place mais c'est elle qui a avorté et tout le monde sait qu'il est difficile d'incriminer l'homme dans ce cas vu qu'il n'a jamais été enceinte donc qu'il n'a jamais avorté. Bien sur il l'a encouragé à le faire puisqu'il lui a même demandé, elle l'aurait sans doute fait sans qu'il ne lui dise mais c'est assez difficile à encaisser quand même ce genre de reproche après qu'elle se soit expliqué.

"- Tu ne le montres pas, à aucun moment tu ne me l'a montré..."

Et c'est bien ça qu'elle lui reproche, d'avoir été distant, donc de la punir à sa manière. Difficile pour lui de le comprendre mais elle ne demande que ça justement, qu'il lui montre, qu'il lui prouve.

"- C'est pas ta présence, c'est ton attitude...."

Et elle lui tourne le dos, une nouvelle fois, elle n'en peut plus de son attitude, du fait qu'il ne comprenne rien. A croire qu'ils ont un dialogue de sourd, qu'ils sont tout simplement en train de se perdre, tout ça pour une grossesse qu'elle n'a même pas désiré puisqu'elle savait qu'elle n'en avait plus le droit. Ce n'était qu'un accident.

» Ronan ⊹ liens.
» Envoyée en mission - Ronan
» Décidément rien ne va plus + Ronan
» Quand la milice vous joue des tours - Ronan
» RONAN ⊹ personne ne t'a jamais dit que la peur est un super-pouvoir ?