RONAN ⊹ personne ne t'a jamais dit que la peur est un super-pouvoir ?

« Ronan, je suis enceinte. » Il laisse tomber le livre qu'il avait dans les mains et reste quelques secondes les yeux dans le vide, à fixer ce livre désormais invisible. Plaisantait-elle ? Cette fille, sa meilleure amie, la femme qu'il connaissait depuis toujours lui annonçait ça, sans plus de détails. « Tu as rencontré quelqu'un ? » Lui demande-t-il en se retournant, les yeux plissés. Il n'était pas obligatoire d'être marié pour concevoir un enfant, mais le contraire était mal vu, du moins de ne pas être en couple. « Non... C'est juste... » Elle se met à sangloter alors il l'entoure de ses bras, lui promettant que tout ira bien pour elle et pour ce futur bébé. Elle avait fini par lui apprendre. Ce bébé était le fruit d'une relation adultère avec un supérieur déjà marié. Autant dire qu'elle était mal barrée en ne respectant pas deux des règles les plus importantes de l'Arche. Il y avait réfléchi des jours entiers et il ne pouvait pas la laisser se retrouver en prison... Ou pire. « Épouse-moi ! » Demanda-t-il, ses mains dans les siennes, assis près d'elle sur un lit. « Je sais, ce n'était peut-être pas ce que tu voulais, mais dans ta situation... Je ne veux pas que tu aies d'histoire ! J'y ai beaucoup réfléchi et je suis prêt à élever cet enfant. » Il était surtout prêt à la sauver, pour l'enfant il n'y pouvait rien. Il l'aimait et une malheureuse erreur n'y changeait rien.

« A quoi tu penses ? » Lui demande-t-il, allongé près d'elle dans leur lit alors que le silence règne depuis une heure déjà. « On y sera bientôt. » Il tourne les yeux vers elle, mais ne rajoute rien, il sent qu'elle n'a pas fini. « Je me demande comment ce sera là-bas. Je me demande si notre vie sera meilleure, si on sera plus libre... » Il hausse les épaules, les deux bras croisés derrière la tête, il regarde désormais le plafond et y imagine les étoiles. « Je n'en sais rien. J'espère. Une fois là-bas, il n'y aura plus de raisons d'être aussi sévère avec nous. » espère-t-il sans vraiment y croire.

« Ronan, tu sais pourquoi j'ai fait ça ? »Demande-t-il en connaissant pourtant la réponse. Bien sûr, il savait. Cet homme, son meilleur ami, celui avec qui il avait grandi avait volé des médicaments parce que son enfant était malade et il n'avait pas suffisamment de crédits pour les acheter. Il voulait faire ce que n'importe quel parent ferait : sauver son enfant. Pourtant Ronan était là, accompagné par un homme et une femme, deux miliciens aussi, qui l'accompagnaient pour arrêter ce voleur. Ronan n'en avait pas envie, mais n'avait pas le choix. Tout le monde savait et c'est lui qui aurait les problèmes s'il ne le faisait pas. Alors, il l'avait arrêté. Il avait été emprisonné. Puisque la mère de l'enfant était morte, l'enfant avait été retiré. Depuis Ronan ne peut s'empêcher de s'en vouloir ce qui le rend plus froid, distant et triste qu'avant. Certains le trouvent même désagréables, mais il s'en veut juste terriblement et est incapable de s'en remettre.

« Ronan, j'viens d'apprendre quelque chose de... grave. » Avoua-t-elle, hésitante. Lui rentre d'une journée épuisante et n'a pas tellement envie de discuter comme souvent depuis plusieurs semaines. Désagréable, il lance : « Qu'as-tu encore fait ? » Soupire-t-il. La femme soupire à son tour, fatiguée du comportement de son mari, mais se lance finalement. « Je... Je suis enceinte ! » Il reste figé durant quelques secondes, il serre les poings et se retournent. « C'est une blague ? » Que veut-elle exactement ? C'est un crime passible de la peine de mort pour eux, les Inférieurs. Alors bien sûr, il est autant responsable qu'elle, mais à cet instant tout ce qu'il voit c'est son fils, ce premier enfant qui risque de tout perdre, d'être abandonné après la mort de ses deux parents. « Qu'est-ce qu'on va faire ? » Hurle-t-il en tapant contre la porte de salle de bain. « On doit s'en débarrasser ! » Dit-il en regardant la chambre dans laquelle son fils dormait certainement. Son fils. Il était son fils parce qu'il l'avait élevé, mais il n'avait pas son sang. Ce futur bébé était de lui, mais ils ne pouvaient le garder et prendre le risque de tout perdre, de mourir. Pas un mot de plus, ils n'en avaient plus discuté. Le lendemain, il s'était arrangé avec un médecin qu'il connaissait et en qui il avait confiance. L'avortement s'était bien déroulé et ils espéraient pouvoir passer à autre chose malgré la douleur et la peine. Malheureusement, une femme qui travaillait avec le médecin les avait dénoncé en échange de médicaments. Le soir-même, après l'avortement, ils s'étaient donc retrouvés tous les deux en salle d'interrogatoire. Ronan pensait que tout était perdu, mais dans un dernier espoir de survie, il pensait à une chose. Il était au courant de quelque chose, quelque chose qui pouvait les intéresser alors il avouait tout. Un secret en échange de leur liberté, juste pour protéger son fils, qu'il ne soit pas abandonné parmi tous les pauvres orphelins. Fantine Lewis allait le sauver grâce à son secret. Il la dénonça en échange de leur vie. Mais il ignorait une chose : dans le même temps sa femme mentait dans la pièce d'à côté, jurant que cet enfant n'était pas celui de Ronan. Grâce à ce mensonge et à l'aveu de Ronan, lui fut libéré, lavé de tout soupçon. Quant à sa femme, puisqu'il n'y avait plus de bébé, qu'elle n'avait jamais rien commis d'illégal, du moins dans son casier, elle ne fût condamnée qu'à quelques mois de prison. Elle avait la vie sauve, mais le prochain délit la conduirait automatiquement à la mort.