[Terminé] Des explications + Fantine

Sybil était tranquillement en train de discuter avec une amie. Cette dernière ne cessait de lui parler d'une Supérieure qui aurait eu une liaison avec un Inférieur. Cette histoire, elle l'avait entendu il y a quelques mois, en effet, mais n'avait pas cherché plus loin. Elle s'était dit que cette personne serait punie et ne méritait pas de l'attention de Sybil. Enfin jusqu'à ce que cette amie en question ne prononce un nom : Fantine. « Fantine ? Fantine Lewis ? » demanda Sybil, coupant net son amie dans sa phrase. L'amie confirma de la tête, étonnée de la question de Sybil certainement. Sybil ajouta alors qu'elle devait partir et qu'elles reprendraient cette conversation plus tard.

Sans perdre de temps, elle s'était dirigée vers la zone scientifique, mais on lui apprit que Fantine ne travaillait pas aujourd'hui et qu'elle devait certainement être chez elle. Elle n'avait pas eu de chance et son explication devait attendre quelques minutes de plus. Sybil faisait donc demi-tour vers les appartements des Supérieurs. Si elle n'était pas chez elle, ce n'était pas grave, Sybil attendrait patiemment à la porte, bien qu'elle n'ait nullement l'envie d'être patiente après avoir appris ça.

Comment elle, Fantine, son amie, pouvait avoir trahi l'une des lois les plus fondamentales de l'Arche ? Elle traînait déjà beaucoup trop avec des Inférieurs, selon elle, alors tomber amoureuse de l'un d'eux, comment pouvait-elle oser ? Elle ne comprenait vraiment pas et avait besoin d'une explication. Si les Supérieurs les plus appréciés commençaient à ne plus respecter les règles, alors que se passerait-il ? Et surtout comment avait-elle pu lui cacher ? Comment avait-elle pu cacher ça à ses amis lorsque l'affaire s'était ébruitée ? Sybil arriva rapidement chez Fantine et toqua sans attendre. Elle n'espérait qu'une chose : qu'elle soit là. Elle attendrait s'il le fallait, mais n'était pas certaine d'avoir la patience de contenir ses nerfs si longtemps.

Fantine ne travaillait pas aujourd’hui. Elle avait besoin de repos, avec toutes ces histoires, elle n’avait plus d’énergie. Elle ne demandait qu’une seule chose, que tout cela ne se soit jamais produit. Elle était dans sa chambre, profitant du calme de l’appartement pour réfléchir à d’autres choses, penser à des choses plus positives, du moins, elle essayait de balayer les pensées négatives de son esprit. Après avoir essayé de bouquiner, après avoir essayé de se reposer un peu, elle s’était mise à regarder fixement le vide. Rien n’était simple pour elle ses derniers temps. Le bruit commençait à courir partout dans l’Arche. La terrible trahison de la Supérieure envers les siens. Celle qui ose se mêler un peu trop aux Inférieurs, celle qui est amie avec eux et qui désormais aime l’un d’entre eux. Celle qui avait était trahi par un ami, un Inférieur en plus de cela. Elle ne supportait plus les regards, les critiques, les conseils soit disant amis de certaines personnes. Pourquoi les gens ne lui fichait tout simplement pas la paix. Il n’avait donc pas de vie pour se mêler ainsi de celle des autres. Mais que pouvait-elle y faire ? Elle ne pouvait pas empêcher les mauvaises langues de parler. Elle ne pouvait pas non plus nier les faits, elle avait déjà tout avoué lors de son interrogatoire, elle n’avait pas le choix, les autorités avait des preuves. Nier, s’enfoncer dans le mensonge et en revenir au même stade ? À quoi bon ?

Alors que Fantine commençait à trouver doucement le sommeil qu’elle rêvait tant, le début d’un calme mental qui n’était pas arrivé depuis des semaines. Voilà que quelqu’un était à la porte. Qui était cette personne et que lui voulait-elle ? Ce n’était pas ses parents, ils n’avaient pas besoin de frapper pour rentrer chez eux, et elle n’avait envie de voir personne. Dans un élan de courage, tout de même accompagné d’un soupir, Fantine s’était levée de son lit, se dirigeant vers la porte. Sybil. Et elle n’avait pas l’air très contente. Que faisait-elle là ? Avait-elle aussi appris pour Fantine ? Ce ne serait tellement pas étonnant. Si c’était le cas, Fantine savait qu’elle pouvait dire au revoir à sa tranquillité. « Sybil. Je peux t’aider ? » Avec un peux de chance, elle n’allait pas rester si Fantine ne l’invitait pas à entrer.

Sybil était devant chez Fantine. Elle attendait patiemment que cette dernière vienne ouvrir. Elle avait besoin d'explications, besoin de comprendre comment son amie avait pu trahir l'Arche et ses lois. Sybil n'arrivait même pas à comprendre comment elle avait pu ne pas être au courant de cette histoire avant aujourd'hui. Elle n'en revenait pas. Tout le monde semblait au courant, sauf Sybil. C'était l'histoire du moment chez les Supérieurs. La trahison de l'une des leurs, ce n'était pas si fréquent.

Enfin, son amie vint ouvrir la porte, plutôt rapidement, même si ça avait semblé être une éternité pour Sybil. A croire que Fantine se doutait du pourquoi de la visite de Sybil. Elle ne lui proposait pas d'entrer, mais Sybil n'attendait pas son autorisation pour le faire, la poussant presqu'à l'intérieur. Il était hors de question d'avoir cette discussion dehors, devant de possibles voisins curieux. Et hors de question de reporter cette conversation parce que madame n'avait pas envie de discuter. « Tu peux m'aider, en effet ! » lâcha-t-elle tout en se retournant pour faire face à son amie, cette fille qu'elle croyait mieux connaître et en qui elle avait parfaitement confiance, autrefois. Sybil savait parfaitement que la confiance n'était pas une chose sûre, cette valeur ne semblait plus avoir grande importance sur l'Arche, ces derniers temps. « C'est une blague tout ce qu'on raconte sur toi ? » Elle n'avait pas de temps à perdre. Elle n'avait pas le temps de passer par les politesses habituelles. Elle voulait des réponses, elle voulait comprendre comment son amie avait pu trahir les valeurs de l'Arche. Comment son amie avait pu mettre en péril sa vie et ses privilèges ?

Fantine ne pouvait donc pas être tranquille. Elle n’aura donc jamais la paix. Sybil était maintenant là, à sa porte et Fantine avait deviné la raison de sa venue. C’était si évident. Même si Fantine n’avait pas envie d’en parler, même si elle n’avait pas envie de faire rentrer son amie chez elle, elle n’avait pas d’autre choix que de l’affronter. Sybil n’avait pas attendu l’autorisation de Fantine pour entrer. Elle avait l’air déterminé à comprendre ce qui s’était passé. « Je savais bien que tu viendrais à l’apprendre un jour ou l’autre. Tout le monde parle ici, c’est hallucinant. » Fantine refermait la porte derrière Sybil, puisqu’elle n’avait plus d’autres choix que de discuter avec elle, autant le faire discrètement. Pas besoin de mettre au courant les voisins, s’ils ne l’étaient pas déjà. « Non, ce n’est pas une blague. Mais si ça peut te rassurer, c’est terminé. Je ne traîne plus avec les Inférieurs, je reste à ma place maintenant. » Les seuls contacts qu’avait Fantine avec des Inférieurs étaient professionnels ou étaient avec la famille Crawley, histoire de régler un peu ses comptes, d’essayer de comprendre et d’essayer de se remettre doucement. « Je suppose que tu sais déjà tout de l’histoire ? Je me trompe ? » Après tout, autant la mettre au courant de tout si elle ne l’était pas déjà. Fantine savait qu’après elle aurait le droit à une petite leçon de morale, tout le même baratin sur l’Arche, les lois, la loyauté… Elle avait déjà hâte que cette conversation prenne fin, elle savait bien que ce n’était pas une visite amicale et que ça n’allait pas être les minutes les plus agréables de sa vie. Elle allait encore devoir s’expliquer, certainement s’énerver un peu, se justifier, la même scène encore et toujours depuis des jours et des jours. La seule chose qui changeait, c’était le visage de la personne qui se trouvait face à elle à chaque fois.

Sans attendre la moindre autorisation, Sybil était entrée chez Fantine, la poussant presque au passage pour pouvoir passer. Se tournant vers elle, sans attendre la moindre petite seconde, elle avait ouvert la bouche pour lui demander si tout ce que l'on racontait sur elle, était une blague. Que cela pouvait-il être, hormis une mauvaise blague ? Une rumeur sans fondement qui s'était répandue partout chez les Supérieurs ? Sybil refusait d'y croire. Elle refusait de croire que son amie lui avait menti, lui avait caché quelque chose de si important et surtout que son amie, une Supérieure, avait eu une relation avec un Inférieur. Elle les fréquentait déjà suffisamment en tant qu'amis, aux yeux de Sybil et c'était déjà beaucoup. « Tout le monde parle ? Bien sûr que tout le monde parle de ce genre de choses ! Nous protégeons l'Arche, nous ! » Insista-t-elle bien sur ses derniers mots, le regard plein de dégoût. Braver les interdits, contourner les lois, ce n'était pas protéger l'Arche. « Peut-être aurait-il été préférable que tu restes à ta place dès le départ, non ? Pourquoi avoir fait ça ? » Sybil comprenait difficilement que, simplement par amour, elle ait pu faire tout ça, trahir les siens et le règlement. « Tu as pensé à tes parents ? A ta réputation ? » Jamais elle n'aurait pu imaginer Fantine passer au-dessus de tout ça. « Je sais simplement que tu as trahi nos lois, que tu as eu une relation avec un Inférieur et qu'il a fallu que l'un d'eux te dénonce pour que tu y mettes fin ! » C'était peut-être ça le pire, dans toute cette histoire ? Qu'elle n'y ait pas mis fin elle-même en comprenant ses erreurs et ses faiblesses.

« Évidemment. » Bien évidemment que tout le monde parlait des fautes des autres. C’était tellement plaisant de pouvoir raconter que telle ou telle personne avait fauté, qu’elle n’avait pas respecté l’Arche et le règlement. En ce qui concernait la protection de l’Arche, Fantine n’avait jamais rien fait contre cela. Elle n’était pas d’accord avec toutes les différences, mais elle n’allait pas le crier sur tous les toits. Elle parlait à des Inférieurs et alors ? Elle aimait l’un d’entre eux ? Où était le problème dans tout cela ? Où était le danger ? Il n’y en avait aucun pour l’Arche. Fantine ne ferait rien pour la mettre en péril, elle savait bien ce qu’elle faisait pour eux, sans elle, ils ne seraient tout simplement pas ici, pas en vie. Elle détestait bien des choses ici, mais ça ne changeait rien. C’était après certaines lois qu’elle en voulait. « Je ne sais pas. J’aimais cet homme, je ne voyais pas le mal. Nous ne sommes pas tous pareils. » Sybil avait dénoncé son propre mari parce qu’il avait enfreint les lois, alors qu’allait-elle comprendre de la pauvre petite Fantine et de son histoire. « J’y ai pensé oui. Et j’y pense d’autant plus aujourd'hui. Je ne ferais plus rien qui puisse nuire à mes parents. » Sa réputation, elle s’en fichait bien. Elle était désormais mal vue aux yeux de nombreuses personnes, elle essayait de se racheter auprès d’autres, mais pour la plupart, elle se fichait bien de ce qu’ils pouvaient penser d’elle. En revanche, certains étaient importants, pour ce qu’elle appelait sa petite vengeance. « Sans cet Inférieur, je n’aurais jamais mis fin à cette relation, c’est certain. Et si tu veux être rassurée, je n’ai plus aucun contact avec aucun d’eux. C’est terminé, pour le bien de tous, c’est tout bonnement terminé. » Les seuls contacts qu’elle avait encore, c’était Ronan, son épouse et ces rencontres n’avaient rien d’agréable pour Fantine. Mais elle n’avait pas le choix, elle voulait se venger, faire souffrir Ronan et pour cela, elle n’avait pas d’autres choix. « Tu es venue jusqu’ici juste pour me dire que ce que j’ai fait n’ai pas bien ? Si c’est le cas, je crois que j’ai compris ce que vous tous avez à me dire, beaucoup son passé par-là avant toi. » Et elle avait l’impression que ça n’en finirai plus, pourtant, elle n’espérait que ça.

Sybil ne pouvait pas comprendre le comportement de son amie. Elle était capable de se mettre en danger pour aimer un Inférieur ? Sybil avait été capable de trahir son propre époux en le dénonçant et en le condamnant à la peine de mort ! Elle, elle protégeait l'Arche et elle le faisait passer avant sa famille. Sa loyauté était totale envers l'Arche. « Si des gens comme toi commencent à ne pas voir le mal dans de tels actes, comment veux-tu que l'on s'en sorte ? » Sybil était persuadée que leur survie se jouerait sur ce genre de détails. Les Supérieurs devaient être totalement irréprochables pour la survie de ce vaisseau. Sybil avait été élevée avec cette idée et elle était profondément ancrée en elle.

« Je l'espère Fantine ! Tes parents sont des gens bien, ils ne méritent pas la honte que tu leur as fait ! » Claqua-t-elle sans retenue. Les parents devaient avoir tellement honte de leur fille. Une fille si bien vue qui avait une relation interdite avec un homme. Elle ne comprenait même pas comment ses parents avaient pu encore l'accepter ici.

A la suite, Sybil soupirait, déçue d'entendre ça de la bouche de celle qu'elle croyait être son amie. Elle avait été dénoncée, c'était l'unique raison de son aveu et de cette séparation. Elle n'avait donc pas compris son erreur d'elle-même ? « Comme quoi les Inférieurs peuvent être utiles parfois ! » Claqua-t-elle sans aucune once de respect pour cette classe. « Heureusement Fantine ! Si tu te fais prendre à nouveau, ce n'est pas l'avertissement qui t'attend et personne n'hésitera à te dénoncer parmi nous. » Sybil la première. Même si son amie, au prochain avertissement, serait condamnée à la prison, elle n'hésiterait pas à la dénoncer pour qu'elle comprenne. « Tu n'as vraiment aucune gêne ! Tu as mérité qu'on vienne tous te parler de tes fautes. Et j'espère que beaucoup encore te rappelleront ta faute pour que tu ne l'oublies vraiment pas. J'ai bien peur que si les reproches cessent trop vite, tu ne finisses par recommencer en te disant que ce n'était, finalement, pas si terrible. »

Des gens comme elle ? Qu’est-ce que cela voulait dire au juste ? Une personne capable de trahir l’Arche ? Une personne sincère et aimante ? « Ça va Sybil, je n’ai tué personne, je n’ai mis aucune vie en danger. Je n’ai rien fait de mal, quoi que vous en disiez. » Pourquoi tout le monde venait lui dire que ce qu’avait fait été mal ? Sa relation n’avait mis aucune vie en danger, elle n’avait tué personne, n’avait fait de mal à personne sauf à l’homme qu’elle aimait en lui promettant un amour interdit.

Fantine n’avait jamais voulu faire du tort à sa famille, elle aimait ses parents, elle les respectait, à aucun moment elle n’avait voulu leur faire de mal. « Ils n’ont pas honte de moi. Ils ont compris, ils m’aiment et ne veulent que mon bien. » Tout le monde n’était pas comme Sybil, à aimer l’Arche plus que sa propre famille. Les parents de Fantine n’étaient pas comme cela, ils préféraient leur fille à l’Arche, son père notamment. Sa mère avait eu un peu plus de mal avec le comportement de sa fille, mais aucun d’eux n’avait honte.

Bien évidemment, les Inférieurs pouvaient être parfois utiles… Mais pour qui se prenait-elle pour dire cela ? Il y avait de mauvaise personne chez les Inférieurs, tout comme il y en avait de bonne. Tout comme chez les Supérieurs. Et la personne qui avait dénoncé Fantine n’était pas une personne utile, ni même une bonne personne. « Oui, voilà. » Fantine riait nerveusement. Sybil n’avait pas besoin de lui dire que beaucoup d’entre eux n’hésiteraient pas à la dénoncer si elle recommençait. Fantine le savait très bien, tout le monde aimait bien se faire voir en dénonçant les autres aux autorités. Fantine savait bien qu’elle ne pouvait plus faire confiance en personne, elle avait déjà fait cette mauvaise expérience avec Ronan. « Je sais bien que personne n’hésitera à me dénoncer. Quand on est capable de dénoncer son époux, on est capable de dénoncer ceux que l’on dit être des amis. » Fantine en n’en pouvait plus de se retenir, d’essayer de rester correct avec les autres Supérieurs. Elle ne supportait plus les réflexions, les regards, les remarques… « Je n’ai pas besoin de vous pour me dire ce qui est bien ou mal. Personne n’a besoin de venir me dire que ce que j’ai fait n’ai pas bien. Je me fiche royalement de ce que vous pouvez tous penser. Je n’ai pas besoin de tes conseils ou de tes remarques. Je n’ai besoin de personne pour savoir que je ne dois plus recommencer. » Fantine n’en pouvait plus des réflexions, des remarques… Qui était ces gens pour qu’ils se permettent de venir chez Fantine pour lui faire la morale ? Fantine n’avait besoin de personne, elle n’avait pas besoin de Sybil, ce n’était pas une réelle amie. Comment se lier d’amitié avec une femme qui avait été capable de dénoncer son propre époux, elle l’avait condamné à mort, sans aucun scrupule.

Fantine l'agaçait. Comment pouvait-elle dire tout cela, comme si ses actes n'avaient aucune importance ? « Tu n'as tué personne, en effet... » Commença-t-elle. « Mais tu n'as pas respecté l'une de nos lois Fantine ! Si chaque personne ici juge de quelle loi est importante ou non et commence à faire comme il veut en fonction, tu imagines un peu le bazar que ce serait ? » Ce n'était qu'une inconsciente et elle méritait d'être punie. « Les lois sont faites pour être respectées, elles ont été mise en place pour nous protéger jusqu'à l'arrivée sur la Nouvelle Terre. Chacun doit avoir sa place, c'est pour notre survie... » Elle en était persuadée depuis toujours alors Fantine n'allait pas la faire changer d'avis uniquement parce qu'elle était tombée amoureuse.

« Alors s'ils ne veulent que ton bien, ils doivent savoir qu'ils ont plutôt intérêt à te faire respecter nos lois. Toutes nos lois. » Qu'elle n'espérait pas retrouver son inférieur d'ici quelques semaines, une fois l'affaire oubliée. Au moins Fantine ne semblait pas à l'aise, riant nerveusement. C'était déjà ça, elle ne semblait pas se fiche complétement de ce qu'elle avait fait. Si Sybil essayait toujours de garder un calme exemplaire, la réflexion de Fantine la fit serrer les poings. « J'étais obligée de le dénoncer, pour nous protéger, pour protéger l'Arche ! Si tu étais aussi dévouée à l'Arche, tu comprendrais ! » Tous croyaient qu'elle avait fait ça sans aucun regret, pourtant si. Même si elle le referait, toujours sans hésiter. Ça ne l'empêchait pas d'avoir mal. « Oh que si, tu sembles avoir besoin de quelqu'un puisque tu as déjà fait l'erreur une fois ! » Si elle n'avait tant besoin de personne, elle n'aurait pas commis une faute. « Je suis ton amie Fantine, tu ne dois pas en douter ! Je suis venue parce que j'avais besoin de comprendre ce que tu avais fait... Tu as été faible, mais tu as une deuxième chance, profites-en pour faire les choses bien. » Lui conseilla-t-elle. « L'Inférieur a été arrêté ? » Demanda-t-elle, en allant s'asseoir, faisant comme chez elle, curieuse de connaître son sort, sans même se soucier du mal que ça pouvait faire à son amie.

« En même temps, certaines lois n’ont pas lieu d’être, certaines lois sont d’un ridicule et je ne me cache pas pour le dire. Peut-être que si certaines lois étaient différentes, n’existaient pas, ça ne se passerait pas comme ça sur l’Arche, peut-être qu’il y aurait moins de problème. » Fantine en était même certaines, être contraint à des règles et encore plus à ce genre de règles, ça donnait envie de les transgresser, ça ne donnait pas envie de les respecter. Il y avait bien trop d’injustices au sein de l’Arche et c’était ça le vrai problème, a qui mettait réellement en péril le bien de l’Arche et de ses habitants, pas le faits que certaines personnes prenaient de petites décisions, sans conséquence pour l’Arche, comme l’avait fait Fantine avec l’homme qu’elle aimait. « Ces lois créaient des tensions, ces inégalités sont une menace pour l’Arche, elles ne sont pas là pour sa survie. C’est ça le vrai problème Sybil. » Fantine respectait l’Arche, ses lois, elle voulait le bien de cette dernière le bien de tous ses habitants, elle ne voulait rien d’autre, mais elle ne supportait pas les inégalités que tout cela engendré.

« Mes parents n’ont aucunement besoin de tes conseils et moi non plus d’ailleurs. » Sybil se permettait bien des choses, en quoi cette histoire la regardait, en quoi elle regardait toutes les personnes qui se permettaient de lui faire la leçon comme à une enfant ? Fantine avait fait une erreur, si on peut appeler ça comme ça, elle était tombée amoureuse d’un Inférieur et avait laissé ses sentiments prendre le dessus, elle n’aurait peut-être pas dû, c’était compliqué pour elle, elle n’avait pas su se montrer plus forte, où était le mal ? Si elle n’était pas sur cette Arche, elle était certaine qu’elle aurait pu vivre cet amour comme elle le voulait. « Je suis dévouée à l’Arche, mais je ne peux pas acceptait tout ce qu’elle fait ou tout ce qu’elle fait faire aux autres. Non, ça, je ne peux pas l’accepter. Comme je ne comprendrais jamais comment on a pu dénoncer l’homme que l’on dit aimer pour l’Arche, ça, je ne comprends pas et je ne comprendrais sans doute jamais. Comment on peut aimer l’Arche plus que l’on aime son époux. Dans un autre monde, les accusations auraient été inversées, tu peux me croire, rien de ce qui s’est passé n’est normal. » En effet, s’ils vivaient dans le passé, s’il vivait comme les humains le faisaient autrefois sur Terre, d’après ce qu’elle connaissait grâce aux archives, rien ne serait comme cela. Sybil n’aurait jamais dénoncé son époux, c’était l’Arche qui l’avait forcé à le faire. Fantine aurait pu aimer qui elle voulait. Emma ne serait pas allée en prison. Celui qu’elle aimait n’aurait pas eu à craindre pour sa vie… « J’ai été faible ? Non mais je rêve Sybil. Une amie ne se comporterait pas comme cela, elle ne dirait pas ce genre de chose, elle me soutiendrait, me réconforterait, une amie ne serait pas comme celle que tu es en ce moment. Et non, l’Inférieur n’a pas été arrêté, il a simplement eu un avertissement, désolée de te décevoir. » Si Fantine avait réussi à garder son calme jusque-là, elle sentait la colère monter en elle. Sybil n’avait rien d’une amie en ce moment, comme elle n’avait rien eu d’une épouse quand elle avait dénoncé son époux. Pourquoi Fantine n’avait que ce genre de personne comme amis ? Ce genre de personne capable de dénoncer tout le monde, capable de faire des reproches à tout-va… Pourquoi n’avait-elle pas de bons amis, ceux à qui l’on peut se confier sans crainte, là pour écouter sans reprocher, là pour conseiller, pour consoler, défendre… ? Décidément, Fantine n’était pas bonne pour choisir son entourage.

Sybil secouait doucement la tête de droite à gauche. Elle n'était pas d'accord avec ce qu'elle entendait et ne comprenait même pas comment Fantine pouvait penser ainsi. « Tu fais exprès de ne rien comprendre Fantine... » souffla-t-elle. « Toi tu penses que certaines lois ne devraient pas exister. D'autres pensent certainement que d'autres lois ne devraient pas exister. Certains préféraient que d'autres lois existent. Tu imagines si chacun décidait de quelle loi devait exister ou non parce qu'elle est ridicule ou injuste ? Tout le monde ne peut pas décider Fantine, alors on doit suivre celles qui ont été mises en place. Pour notre bien. » Si Fantine était intelligente, bien que contre certaines lois, elle comprendrait les mots de Sybil. Chaque personne voyait les choses différemment et les lois ne pouvaient pas convenir à tous, ni être adaptées pour l'être. Si les choses étaient différentes, s'il y avait cette égalité tant réclamée, tout le monde serait-il content pour autant ? Sans doute pas. Certains ne seraient toujours pas contents à cause de telle ou telle chose, alors faudrait-il de nouveau se battre ? Les gens comme Fantine étaient dangereux, ils idéalisaient un monde impossible à obtenir selon Sybil. « Tu ne devrais pas remettre en cause les lois de l'Arche Fantine ou accuser ces dernières d'être responsables des tensions ici. Les gens sont responsables des tensions. Pas les lois. Et... on pourrait presque croire que tu parles comme eux. » Eux ? Les Résistants. Et Fantine avait plutôt intérêt à ne plus parler de la sorte devant Sybil qui ne supportait pas d'entendre des lois censées les protéger être critiquées de la sorte.

Toujours très calme, Sybil ne répondit rien lorsque son amie affirma que ni ses parents ni elle n'avaient besoin de ses conseils. Elle pouvait penser comme elle voulait, Sybil, elle, était persuadée d'avoir raison. Elle reprit néanmoins par la suite, « Non Fantine. Si tu étais réellement et entièrement dévouée à l'Arche, tu obéirais sans réfléchir. On ne nous demande rien d'autre que notre obéissance. On ne nous demande ni d'accepter, ni de comprendre. » Parce que dans un si petit vaisseau, si chacun voulait y mettre du sien, ce serait sans doute rapidement la pagaille. « Je n'aime pas l'Arche plus que je n'aimais mon époux. Mais je suis plus loyale à notre maison, celle qui nous conduira vers cette nouvelle planète. J'ai fait ça pour notre bien Fantine, un jour peut-être que tu le comprendras. » Elle l'espérait. Si Fantine se plaignait d'être jugée, Sybil savait aussi que Fantine n'était pas la seule à penser ça. Ce n'était pas facile de faire passer l'Arche et ses besoins avant sa propre famille, contrairement à ce qu'ils croyaient tous.

Par la suite Sybil alla s'asseoir, montrant bien que la conversation était loin d'être terminée. « Je me comporte comme ton amie ! Je veux t'éviter d'avoir des problèmes et t'éviter de recommencer les mêmes erreurs... Ce n'est pas ce que doit faire une amie ? Tu préfères que je te félicite d'avoir enfreint la loi et que je t'encourage à recommencer ? » Elle devait toujours passer pour la méchante de l'histoire, c'était usant. « Il a eu beaucoup de chances alors... » Parce que l'humeur des gouverneurs influençait les décisions prises, oubliant parfois les peines qui devaient s'appliquer. « Depuis cette histoire, tu ne le vois plus du tout ? » Elle n'avait aucune gêne, mais dans son esprit, elle était réellement en train de la protéger, de l'empêcher de faire une nouvelle bêtise parce qu'elle tenait à elle.

" Non, je ne fais pas exprès de ne pas comprendre. Vous faîtes exprès de ne pas comprendre pour justifier certaines des stupides lois de cette Arche. Je demande l'égalité, rien de plus. Ce n'est pas normal que certains aient plus de privilèges que d'autres." Fantine pouvait comprendre ce que disait Sybil, chaque lois ne pouvait pas correspondre à tous, il y avait forcément une personne qui n'allait pas être d'accord avec une loi, alors que d'autres allaient la trouver juste. Mais Fantine ne demandait rien de plus que l'égalité, ne demandait rien de plus que de pouvoir aimer l'homme qu'elle voulait, sans avoir à se soucier de son rang. Mais Sybil ne pouvait pas le comprendre, elle était bien trop bornée pour cela. Elle était trop butée, attachée à ses idées, à ses convictions et à rien d'autre. Trop attachée à l'Arche, peu importait ses lois et son règlement trop stricts pour les habitants. " Sybil, tu sais très bien que je ne fais pas parti de la résistance. Je n'ai aucune affection pour eux ou pour ce qu'ils font. J'exprime simplement mon opinion concernant certaines choses et pas à n'importe qui, je sais très bien que ça ne va pas te mettre des idées en tête, je ne parle pas de ce genre de chose à n'importe qui." Fantine savait bien que ces simples paroles n'allaient pas faire basculer Sybil dans la résistance, elle n'était pas stupide pour croire en cela, alors elle savait que ces paroles n'étaient pas dangereuses, et elle savait qu'elle ne faisait pas partie de la résistance, il n'y avait aucun risque, même si l'Arche l'a faisait souffrir.

"Mais tu ne vois pas comment tu es ? Tu n'as aucune personnalité. Tu es l'objet de l'Arche, rien de plus. Tu ne sais pas réfléchir de toi même, faire les choses de toi même. C'est affligeant." Fantine pensait ce qu'elle disait, Sybil n'avait pas de personnalité, elle était faite à l'image de l'Arche, rien de plus. " Non, je ne comprendrais jamais ce que tu as fait Sybil. C'est incompréhensible. Tu n'as pas le droit d'être plus dévouée à l'Arche, tu n'es pas mariée avec elle, mais tu l'étais à ton époux et tu l'as trahis. Tu ne nous protège pas, en étant à nos côtés tu nous mets en danger, parce que l'on sait qu'au moindre faut pas, tu nous dénonceras, même si au final nous sommes innocents." Fantine le savait, être auprès de Sybil était risqué pour elle, comme ça l'était en réalité quand elle était auprès de Ronan, de Fantine, de l'homme qu'elle aimait... Elle ne pouvait plus être avec quelqu'un sans se savoir en danger permanent.

"Ne me fais pas dire ce que je n'ai pas dit Sybil. Je ne t'ai jamais dit de me féliciter d'avoir enfreint une lois. Simplement de me réconforter, de m'aider à l'oublier, à penser à autre chose comme le ferait une véritable amie. Tu ne m'aide pas en essayant de m'enfoncer, de me faire culpabiliser. Je connais mon erreur, je ne serais pas là aujourd'hui sinon, je sais que je ne dois pas recommencer et je ne le ferais pas, mais comprend que c'est compliqué d'oublier une personne que l'on aime. Tu devrais le savoir, puisque tu as perdu ton époux." Voilà ce que Fantine attendait de Sybil, elle ne lui demandait pas de changer, juste de l'épauler, d'être une vraie amie, rien de plus, mais apparemment ça aussi c'était trop compliqué à faire pour elle. "Non Sybil, non, je ne le vois plus. Je le croise, parce que je n'ai pas le choix, mais je l'évite le plus possible et je ne lui ai pas reparlé depuis et je ne compte pas le refaire. Contente ?"

Sybil soupirait. Il semblait impossible de discuter avec Fantine, tant elles étaient bornées toutes les deux. « L'égalité ? Fantine, sur Terre aussi ils voulaient l'égalité et regarde ce qu'ils ont fait de cette planète ? » Elle répétait tout ce en quoi elle croyait, tout ce qu'elle entendait depuis toujours. Sur Terre, l'égalité, ils l'avaient eu, en théorie du moins et pourtant ils s'étaient entre-tués, avaient tout détruit. Fantine parlait dangereusement. Elle ne devait pas parler des lois, les contredire ou donner son avis, personne n'avait à faire ça. Ils étaient là pour obéir, rien d'autres. « Tu ne dois parler de ça à personne, tu ne devrais même pas y penser ! Nous ne sommes pas sur cette Arche pour donner notre avis sur les lois ! » affirma-t-elle, sûre d'elle.

Fantine continuait à attaquer la jeune femme. Elle lui reprochait sa façon d'être, de penser. Elle l'insultait clairement en lui disant qu'elle ne savait pas réfléchir par elle-même, qu'elle n'était que la création de l'Arche. N'était-ce pas ce qu'ils étaient censés tous être ? Évidemment, ces réflexions vexèrent Sybil qui, pourtant, essayait de ne rien laisser paraître. « Je sais réfléchir par moi-même, ne m'insultes pas uniquement parce que nous ne réfléchissons pas de la même façon ! Quel mal y-a-t-il à obéir ? A suivre des ordres ? » Si chacun commençait à faire comme il le voulait, comment cela se finirait-il ? En disant cela, Fantine ne paraissait que plus stupide, selon Sybil.

Et il fallait, encore, qu'elle reparle du mari de Sybil. Elle essayait de garder son calme, mais ce n'était pas toujours simple. « Je ne suis peut-être pas mariée à l'Arche, mais c'est grâce à elle que nous sommes en vie, c'est elle qui nous mènera sur cette nouvelle planète, c'est elle qui nous a sauvé ! Je n'ai pas trahi mon mari ! C'est lui qui m'a trahi, qui nous a tous trahi en s'alliant à des Inférieurs, en trahissant les lois, en me mettant en danger, en mettant nos vies à tous en danger ! » Pourquoi devait-elle toujours être la méchante de l'histoire ? « Il n'était pas innocent ! » s'agaça-t-elle ! Même si les lois n'étaient pas bonnes, selon Fantine, il les avait enfreint et cela faisait de lui, par conséquent, un coupable. Il n'y avait pas à cherché plus loin. « et tu n'es pas innocente non plus ! » Sybil ne dénonçait pas par plaisir, elle ne dénonçait pas d'innocent, elle dénonçait les coupables. « Je peux t'aider, je peux te réconforter si tu le veux ! Je peux faire ça, je ne suis pas un monstre ! » Se justifia-t-elle. « mais je me devais aussi d'être certaine que tu ne recommenceras pas, certaine que tu as compris tes erreurs, c'est aussi ça le rôle d'une amie ! » les amis n'étaient pas là pour tout accepter sans jamais rien dire, ils avaient un autre rôle à jouer, ils devaient empêcher les gens auxquels ils tenaient de faire une bêtise. « Ne compare pas ma situation à la tienne, tout est différent ! » Son Inférieur était en vie, il allait vivre tranquillement et vieillir, même si c'était loin de Fantine. Le mari de Sybil ne vivrait plus, il était mort et jamais elle ne pourrait, ne serait-ce que le revoir. Sybil avait été capable de sacrifier son bonheur pour ses idées, pour l'Arche alors Fantine devait pouvoir ne pas retomber dans les bras d'un Inférieur pour le protéger. Rien qui ne puisse être comparé. « J'en suis heureuse, oui. Parce que je sais que tu as compris ton erreur et je sais que je ne te perdrais pas parce que tu en feras une autre. Je l'espère en tout cas. »

Fantine voulait l’égalité, ce n’était pas nouveau, ses parents, certains de ses amis le savaient et avec eux, elle ne se cachait pas. « Je sais Sybil, mais ça aurait dû être différent ici. Je suis certaine qu’on aurait pu mieux faire. » Fantine croyait réellement à cela, elle était certaine que si tous étaient plus égaux, il y aurait moins de problèmes et elle était certaine que les membres de l’Arche auraient su être plus civilisés. « Je n’en parlerais pas. » Elle savait qu’ici elle devait se méfier de tout et de tout le monde, même si elle voulait prouver le contraire à certaines personnes.

Fantine essayait de blesser son amie, comme elle était en train de la blesser, parce que toutes ses paroles étaient insultantes pour Fantine. « Je ne t’insulte pas Sybil, je trouve juste dommage que parfois tu ne prennes pas tes décisions selon ton cœur, selon toi et pas selon l’Arche. » Elle n’en serait que meilleure, pourtant, Fantine pouvait comprendre ce qu’elle était, après tout, tous les Supérieurs étaient élevés avec cette vision des choses. Sybil n’était pas la seule personne de l’Arche à penser comme cela, loin de là même.

La brune essayait de se justifier concernant son époux, mais pour le coup Fantine avait réellement du mal à comprendre que l’on puisse faire ça à une personne que l’on dit aimer. « Je suis reconnaissante envers l’Arche, je sais qu’elle nous protège, que nous sommes en vie grâce à elle, je ne dirais jamais le contraire. Il n’a jamais voulu mettre la vie de qui que ce soit en danger, il pensait simplement bien faire en essayant d’arranger les choses ici. » Fantine n’avait rien contre l’Arche, bien au contraire. Elle n’était pas pour la résistance, pourtant, elle pouvait les comprendre, mais ça, jamais elle ne le dirait, elle savait ce qu’elle risquait en parlant. En réalité, Fantine n’était que contre quelques lois de l’Arche, notamment celles qui faisaient que tous n’étaient pas égaux, celle qui l’empêcher de vivre avec l’homme qu’elle aimait.

Sybil ne cherchait pas à être mauvaise, elle était comme cela et Fantine le savait, pourtant, elle avait du mal avec cette Sybil là depuis quelque temps, à cause de son "erreur" sans doute. La brune n’avait pas réagi quand son amie lui avait dit qu’elle n’était pas innocente, elle le savait très bien, elle savait qu’elle avait désobéi au règlement. Fantine laissait Sybil parler, sans prendre la peine de répondre à certaines de ses phrases. « Non, je ne ferais pas de nouveau la même erreur, tu peux me croire. » Fantine savait bien que même en disant cela, Sybil n’allait pas la laisser tranquille, peut-être qu’elle devait lui donner ce qu’elle voulait, même si pour cela, il lui fallait mentir. « Pour tout te dire, j’ai l’impression que si je suis si en colère après tout le monde, ce n’est pas parce que je suis séparée de lui. C’est simplement que je m’en veux d’avoir été prise la main dans le sac, je m’en veux d’avoir fait une erreur aussi stupide et surtout d’avoir cette image désormais. J’essaie de faire croire à tout le monde que je l’aimais parce que j’avais encore plus honte d’avoir fait trahi l’Arche pour un homme que… pour un homme que je n’aimais pas réellement. » Tout n’était que mensonge, mais peut-être qu’en croyant cela Sybil allait se dire que Fantine n’était pas stupide au point de faire une deuxième fois la même erreur pour un homme qu’elle n’aimait pas. Malheureusement, elle ne pouvait pas faire croire cela à tout le monde, elle serait sans doute plus "tranquille" si elle le pouvait. Sybil était si naïve qu'elle allait forcément finir par y croire.

Sybil secouait la tête de droite à gauche n'ayant jamais compris cette bêtise que voulait Fantine, l'égalité. En quoi l'égalité aiderait l'Arche ? En quoi l'égalité donnerait-elle une vie meilleure ? Après tout, cette liberté et cette égalité avaient existé par le passé, et pour quel résultat au final ? La destruction de la Terre et de l'Humanité ! Sybil était persuadée que rien n'aurait été différent ici, que personne n'aurait fait mieux. Il n'y avait qu'à voir l'état actuel de l'Arche pour le savoir et le comprendre. Alors la jeune femme préférait laisser ce sujet de côté, ne le relançant pas.

La suite fut bien moins amusante pour la Supérieure qui se faisait clairement et simplement attaquée par son amie. Elle ne comprenait pas que Sybil ait pu dénoncer son époux, et, dans le fond, elle ne s'en étonnait pas vraiment. Après tout, ils n'étaient pas beaucoup à l'avoir compris. Tout le monde voulait le respect des règles, mais dès que ces règles étaient respectées, il n'y avait plus personne pour être content ou satisfait. « Je n'ai pas à prendre de décisions selon mon coeur Fantine, ce n'est pas ce qu'on nous demande ! On nous demande d'obéir pour notre bien et arriver tous ensemble sur la nouvelle Terre. Il n'y a pas de place, ni pour les sentiments, ni pour les doutes. » Elle n'en pouvait plus d'être prise pour un monstre. Elle voulait juste le bien de cette Arche et de ses habitants. Elle voulait lui donner toutes ses chances d'arriver à destination sans incident. « Désobéir, c'est mettre la vie de l'Arche en danger ! Alors il était dangereux et j'ai fait le bon choix. » Elle ne pouvait pas laisser chaque humain décider de ce qu'il devait faire ou non pour arranger les choses, c'était trop dangereux.

Sybil ne pouvait pas perdre son amie, elle ne le voulait pas, elle voulait la protéger contrairement à ce qu'elle croyait. Alors elle voulait s'assurer que Fantine ne ferait pas de nouveau la même erreur. Sa réponse rassura donc la jeune femme qui restait, malgré tout, méfiante. Elle savait que Fantine écoutait un peu trop son coeur, et pas suffisamment sa raison. « Tu ne l'aimais pas ? » sybil leva tout à coup les yeux, l'air curieux. « Je comprends ta colère, j'imagine ce que tu peux ressentir et sans doute que les gens oublieront avec le temps si tu es irréprochable. Tu peux te racheter une image Fantine, tu es importante pour l'Arche, ils ont besoin de toi alors conduis-toi bien et plus personne ne te regardera de travers. » C'était un conseil sincère. Sybil poussa un soupir, puis se releva, ajoutant. « Je vais te laisser tranquille, nous aurons l'occasion de rediscuter de tout ça plus tard. Tu passeras le bonjour à tes parents. » Sybil avait eu ses explications, inutile d'attendre plus longtemps, elle pouvait laisser Fantine retourner à ses occupations.

Pourquoi discuter avec Sybil ? Cette fille était bornée, elle n’avait jamais écouté les autres et elle n’allait sans doute jamais le faire. Elle était fidèle à l’Arche, à son gouvernement et à ses règles, voilà tout, rien ne pouvait la faire changer. Fantine avait essayé de lui faire comprendre des dizaines de fois que tout ce que l’Arche leur apportait n’était pas forcément le meilleur. Mais pour Sybil, Fantine avait tort de penser cela, comme toujours.

Là encore Fantine essayait, peut-être de la mauvaise façon, de faire comprendre à Sybil que ce qu’elle faisait n’était pas forcément la bonne chose. Elle ne savait pas réfléchir par elle-même, parce qu’elle obéissait aveuglement à l’Arche. C’en devenait presque ridicule, Sybil était un pantin qui avait dénoncé son propre époux, pour le " bien "de l’Arche. Si Fantine essayait de lui faire comprendre les choses, ce n’était pas pour la blesser ou pour l’humilier, même si en cet instant, ses intentions n’étaient pas très bonnes. Sybil était son amie, malgré son comportement plus qu’agaçant. Et comme toute amie, elle se devait de lui faire ouvrir les yeux, lui faire prendre conscience de la réalité. Sybil ne pouvait pas continuer à faire n’importe quoi pour l’Arche. « Si tu le dis Sybil. » A quoi bon continuer à discuter ? Sybil était plus que bornée, elle n’écoutait qu’elle et était persuadée d’avoir fait les bons choix et depuis toujours. Fantine n’allait pas lui faire entendre raison, encore moins maintenant qu’elle avait enfreint les règles.

Fantine n’avait plus qu’une envie, que Sybil lui fiche la paix, que tous lui fichent la paix en réalité. Elle n’en pouvait plus des regards de travers, des reproches, des critiques… Alors pour obtenir cette paix, elle n’avait pas d’autre choix que d’offrir à Sybil les paroles qu’elle souhaitait entendre, même si elles étaient fausses. Elle était si naïve, elle allait forcément la croire. « Non. » Ce mot sonnait si vrai à l’extérieur et pourtant si faux à l’intérieur. Bien évidemment que Fantine l’aimait, elle n’avait jamais autant aimé quelqu’un, mais devait mentir. Et puis dans le fond, ce qu’elle racontait aux autres n’avait pas d’importance, ce qui comptait réellement, c’était ce qu’elle ressentait au fond-elle. « Je serais irréprochable maintenant, il n’y a plus de risque. Les autres oublieront mon erreur. » Être irréprochable, elle n’avait plus le choix désormais. Il n’y avait plus aucun risque pour qu’elle fasse de nouveau une erreur, même si pour elle c’en n'était pas une. « D’accord. » Enfin, Fantine n’attendait que ça, se retrouver seule et retourner dans sa chambre pour terminer le travail qu’elle avait commencé. Essayant d’oublier cette conversation et cette tristesse qui vivait en elle depuis bien trop longtemps.