A 7 ans
Andy monte dans l'Arche. C'est immense, et lui, il se sent soudain tout petit. Son père lui tient la main et il se raccroche tant bien que mal à ce simple contact paternel. Il y a beaucoup de monde, partout. Les gens se pressent les uns contre les autres.
- Ne me lâche pas, Diddy. Tu risquerais de te perdre, lui dit son père en serrant plus fort sa main dans la sienne.
Andy hoche la tête.
A 15 ans
- Papa, arrête, s'il te plaît.Sean Carden se trouve dans son dos et le regarde, muet de stupeur. Il a encore les instruments de médecine dans ses mains. Ces mêmes instruments dont il essaye d'inculquer le fonctionnement à son fils depuis des mois.
- Arrête de rejeter sur moi la mort de maman. Ce n'est pas à cause de moi si elle est morte...Sean ne dit rien, encore. Il se contente de poser les instruments et pose ses mains sur ses genoux. Andy s'en va sans jeter un regard en arrière. Quand la porte se ferme, Sean se met à pleurer.
A 22 ans
Sean Carden est mort.
Andy n'arrive pas à savoir ce qu'il ressent. C'est vrai : des années qu'il ne parlait plus avec son père mais tout de même. Il se passe quelque chose en lui. Et ce quelque chose se résume à peu : il n'a plus de famille.
Le chapeau de son père trône toujours sur le porte-manteau à l'entrée, fidèle à lui-même, comme immuable. Andy l'attrape. Il l'observe et finalement, sans vraiment réfléchir à ce qu'il le fait, il le pose sur sa tête.
A 25 ans
Andy n'apprécie pas particulièrement les inégalités et il aimerait changer les choses mais il ne voit pas comment faire. Alors pour le moment, il se contente d'obéir dans l'espoir d'améliorer les choses à son niveau.
Il ne sait plus vraiment comment il a atterri chef de la milice. D'ailleurs, pour la plupart, les miliciens qu'il dirige sont plus vieux que lui.
Il mesure aussi à quel point il a eu de la chance d'être un Supérieur, et non un Inférieur, comme beaucoup d'autres.
C'est la première fois qu'il entre dans la salle de contrôle. Il y a des écrans partout, il n'a jamais rien vu de semblable.
En face de lui se tient une jeune femme.
- Je peux vous aider ? demanda-t-elle.
Je m'appelle Lorelei, enchantée.A 28 ans
Lorelei est belle. Il l'a vue de nombreuses fois depuis la dernière fois et il n'est pas totalement sûr de ce qu'il ressent. Un mélange entre l'amour et l'amitié. Ce soir-là, elle arrive en retard. Quand elle entre, elle est particulièrement remontée.
- Ils ne méritient pas de gouverner ! jeta-t-elle furieusement.
- Que se passe-t-il ?Elle se laisse tomber sur une chaise sans répondre et là, en se penchant en avant, se met à pleurer.
A 32 ans
Lorelei est de plus en plus tendue et Andy s'inquiète pour elle. Elle a beau lui assurer qu'elle ne prévoit rien, il ne la croit pas. Elle se montre de plus en plus distante et leur relation a changé.
Sa Lorelei d'avant lui manque et il aimerait la retrouver.
L'Arche crépite de tension entre Supérieurs et Inférieurs. Les Gouverneurs ne sont pas parfaits, certes, il ne les apprécie pas particulièrement non plus.
Andy aimerait juste un peu plus de bonne entende entre tout le monde.
Une semaine plus tôt
Il est tard.
Et pourtant, il n'a pas rêvé, quelqu'un tambourine à sa porte.
Andy se lève. Il ouvre la porte. Son coeur bat contre sa cage thoracique. Que se passe-t-il, au juste ? que signifient ces coups ?
Lorelei se tient sur le pas de la porte, immobile, essoufflée. Ses cheveux sont tout ébourriffés.
- Lorelei ? demande-t-il.
Elle le pousse à l'intérieur sans rien dire. Andy la regarde sans un mot. Elle se plante devant lui et dit très vite, à voix basse, avec quelque chose qui ressemble fortement à de la panique :
- Andy, il faut que tu me caches.- Quoi ?- Tu dois me cacher, Andy, je t'en prie.Des pas résonnent dans le couloir. De nouveau on frappa à la porte. Andy arrête de respirer. Lorelei se jette sous le lit pour se cacher. Il ouvre lentement. Ce sont des miliciens.
- On cherche une fugitive, chef. Vous ne l'auriez pas vue ?Andy s'empêche de regarder dans ses appartements, vers le lit. Il pourrait la dénoncer. Mais alors les Gouverneurs la feraient tuer. Alors, en prenant son visage le plus neutre possible, il répond :
- Non. Je n'ai vu personne.