Des mensonges, encore ? + Emma

Difficile pour elle d'excuser les reprochent de Ronan surtout à propos de son passé, de cette histoire qu'elle a eut avec ce supérieur. Elle pensait qu'il ne lui en voulait pas pour ça puisqu'il ne lui avait jamais dit avant, alors se le prendre en plein figure pendant une dispute c'est dur à avaler et surtout à digérer. Et même s'il lui dit avoir parlé sans réfléchir et bien il l'a dit et c'est bien là tout le problème. Les choses qu'on dit sous le coup de la colère sont souvent pensés ou enfuis en vous depuis un moment et ça reste des reproches.

"- Tu l'as dit et peu importe si tu ne le pensais pas, tu l'as dit et je n'aurai jamais pensé que tu puisse me le reprocher."

Après tout il avait accepté ce fait puisqu'il avait pris Emma avec l'enfant qu'elle portait, il avait agit comme s'il en était le père et il refusait même qu'elle lui retire Arthur. Alors, elle ne comprenait plus rien. Il se sentait comme son père et pourtant il lui reprochait ce qu'elle avait fait. De toute façon vu son état de fatigue et sa lassitude c'était un peu normal qu'elle ne comprenne plus rien. Il ne fallait pas trop lui en demander. C'est donc pour cette raison qu'elle se posa sur le bord du lit, elle avait besoin de se poser.
Tout ça c'était trop dur à gérer, une véritable tornade dans sa tête, dans sa vie. Et Emma n'aurait jamais penser que le pire était à venir alors qu'elle avait fait de la prison.

"- Oui et bien c'est pas ma faute si Fantine n'a pas pu se retenir d'entrer chez nous."

Ce n'était pas la peine d'en rajouter, ils en avaient assez dit, il lui en avait assez reprocher. Et s'il ne comprenait pas certaines choses venant d'elle c'était réciproque alors il fallait arrêter avec ça.
Emma finit par retirer ses chaussures et s'allonger sur le lit, tournant le dos à Ronan sans vraiment le vouloir, c'est juste que c'était sa position habituelle dans le lit quand ils étaient tous les deux et comme elle était fatiguée elle n'avait pas réfléchit, elle voulait juste se reposer un peu. Et surtout elle voulait éviter de fondre en larmes à nouveau. Elle n'en pouvait plus de pleurer comme une enfant qu'on dispute et qui est coupable.

"- Sans doute..."

Mais elle ne dit rien d'autre, ne voulant pas y penser pour l'instant. Elle avait juste besoin de dormir un peu, c'est tout, rien de plus, un peu de repos et plus de cris ou de haussement de voix.

« Emma, je ne voulais pas te le reprocher, je ne t’ai jamais jugé pour ça. Je te le promets. » Il ne voulait pas qu’elle le prenne pour un monstre. Il avait dit ça sous le coup de la colère, incapable de se faire comprendre autrement. Il imaginait ce qu’elle pouvait ressentir et il ne voulait pas qu’elle se sente mal à cause de ces quelques malheureux mots. « Je ne voulais pas te reprocher ça… Tu crois que j’aurais voulu t’épouser si c’était le cas ? » Jamais il n’aurait pu épouser Emma s’il ne supportait pas ce qu’elle avait fait ou s’il ne voulait pas de l’enfant qu’elle portait. Il était juste maladroit dans ces mots, rien de plus.

Il essayait de se justifier, de s’excuser à sa façon. Emma, quant à elle, s’était assise sur le bord de leur lit. Elle semblait épuisée. Il n’aimait pas la voir comme ça, mais il n’osait pas s’approcher d’elle. « Tu aurais dû partir... » lança-t-il, sans chercher le conflit, juste parce qu’il ne comprenait pas. Au fond de lui, il y avait toujours autant de colère, mais il la gardait pour lui, réussissant à se contrôler pour une fois. Ils n’avaient rien à cacher, alors elle aurait pu la laisser seule dans l’appartement. Fantine, qu’aurait-elle pu y faire ? Y cacher quelque chose ? Elle n’avait certainement pas pensé à cette éventualité en rendant visite à Emma, alors ils auraient certainement moins risqué si Emma avait agi ainsi.

Lorsqu’Emma bougea de nouveau pour s’allonger, il ne bougea toujours pas, toujours collé à la porte de leur chambre. Elle lui tourna même le dos. Il voulait savoir pourtant. Savoir si tout était fini ou si elle restait pour de bon. Il avait compris qu’elle voulait dormir, qu’elle était épuisée, mais il ne pouvait partir d’ici quelques heures travailler sans avoir une réponse. Il craignait qu’elle ait disparu lorsqu’il reviendrait ici le lendemain. « Emma, j’ai besoin d’une véritable réponse… » commença-t-il. « Je ne peux pas me contenter d’un sans doute ou d’un je ne sais pas, je veux savoir… Je dois savoir. » parce qu’il ne travaillerait pas bien la peur au ventre, parce qu’il ne voulait pas avoir de mauvaises surprises en rentrant. Il craignait de rentrer dans un appartement vide, sans sa femme et son fils. La surprise serait bien trop douloureuse. « Je ne te demande pas que tout soit comme avant tout de suite… » Lui-même ne le pouvait pas, ils avaient déjà eu cette conversation la vieille. Et il perdait peu à peu confiance, ce qui n’aidait en rien. « mais je veux savoir si tu veux rester ici… pour essayer… avec le temps. » il cherchait ses mots pour éviter une nouvelle maladresse ou pour ne pas la braquer, mais ce n’était pas simple.

C'est fatiguant de toujours devoir se justifier et c'est exactement ce qui se passe en ce moment. Emma n'en peut plus, elle est à bout et pourtant elle est forte puisqu'elle a tenu en prison, mais il faut croire que les reproches de son époux sont nettement plus fatigantes que d'être prisonnière sur l'arche.

"- Je sais mais tu l'as dit et ça fait mal !"

Il fallait qu'il comprenne que même s'il venait de s'excuser, même si elle savait qu'il l'avait épousé malgré ça, elle était blessé par ce qu'il venait de dire. Ressortir un tel truc et plus de dix années après ça voulait quand même dire qu'il l'avait gardé en lui et que quelque part il l'avait pensé même si ce n'était plus vraiment d'actualité. Ca faisait mal et il devait l'accepter.
Pour la suite elle ne comprenait pas ce qu'il venait de dire, est-ce qu'il était en train de l'encourager à s'en aller ? à quitter leur appartement ? à mettre fin à leur couple ? c'était quand même lui qui la suppliait de rester il y a encore peu de temps et voilà que maintenant il disait qu'elle aurait du partir; Elle le savait qu'elle aurait du le faire mais lui semblait tellement certain que leur couple ne s'en remettrait pas, qu'il ne pardonnerait pas qu'elle ne savait plus ce qu'elle devait faire.
C'est pour ça qu'elle s'allongea dans le lit sans demander son reste et encore moins l'autorisation à Ronan et malgré ça il voulait une réponse, une réponse clair.

"- Je reste.. mais je ne veux plus te parler.."

Emma l'avait dit dans un souffle de désespoir comme si elle savait qu'elle n'y arriverait pas. Ronan était doué pour lui faire du mal quand il le voulait et pourtant il n'était pas comme ça avant. Avant, entre eux c'était l'amour, un vrai couple qui parfois haussait un peu la voix mais jamais vraiment longtemps et jamais pour se faire du mal.

Ronan ne savait plus ce qu'il devait faire. Il était fatigué lui-aussi. Fatigué de lutter, de ne pas être lui-même. Il perdait énormément en énergie entre son travail et sa lutte permanente pour être l'homme qu'Emma avait connu. Il ne savait même plus ce qu'il voulait. Bien sûr, il voulait qu'Emma reste auprès de lui, mais en même temps il comprenait son envie de partir. Il était si perdu qu'il ne se comprenait plus lui-même. Aux mots d'Emma, il n'ajoutait rien. Il lui avait fait mal et il savait qu'un simple pardon ne suffirait pas. Est-ce que le temps suffirait, lui ? Il s'était déjà excusé et justifié à plusieurs reprises, il n'allait pas insister plus que ça.

Emma avait fini par s'allonger, dos à lui. Elle ne lui donnait aucune réponse claire et Ronan ne pouvait imaginer travailler sans savoir. Il ne pouvait pas travailler en se posant sans cesse les mêmes questions, en se demandant si son épouse serait chez eux lorsqu'il rentrerait le lendemain. Alors il attendait sa réponse tout en la craignant. Il craignait d'entendre qu'elle n'était finalement rentrée que pour quelques heures et que, finalement, elle préférait retourner chez ses parents. Ronan était contradictoire. Il comprenait qu'il la rendait malheureuse, il pouvait comprendre qu'elle avait envie de partir, mais si elle le faisait, il ne lui pardonnerait pas. Il ne lui pardonnerait pas son abandon et la douleur qu'elle provoquerait en détruisant ce qui restait de leur famille. Bien qu'il soit en grande partie responsable de cette destruction. « Très bien... » souffla-t-il, froid. Il ne voulait plus chercher d'ennuis maintenant. Il en avait marre de cette lutte incessante. Ne voulait-elle plus lui parler pour ce soir ? Pour toujours ? « Si tu préfères que l'on vive comme deux inconnus, on vivra comme deux inconnus. » commença-t-il. Il aurait aimé qu'elle le regarde, qu'elle lui parle en face, mais il ne le demandait même pas. « On ne se parlera plus chez nous, comme on ne se parle plus devant les autres... » Ils joueraient à ce jeu dans leur intimité aussi si elle le voulait, déjà qu'entre-eux ce n'était plus simple, dans l'intimité parce qu'ils ne se comprenaient plus. Le temps qu'il demandait ne serait sans doute pas utile s'ils vivaient sous le même toit comme des inconnus. « Au moins, Arthur aura ses deux parents avec lui... » souffla-t-il, essayant de voir une bonne nouvelle dans leur situation. « Tu crois, au moins, qu'avec le temps les choses pourront s'arranger ? Tu crois que tu pourras me pardonner et accepter celui que je suis devenu ? » demanda-t-il, il voulait savoir s'il pouvait espérer ou s'il devait oublier. De son côté, il essayerait d'oublier les oublis et ses envies de partir, comme il le pourrait du moins. Parce qu'il était aussi en colère, même si pour le moment, il réussissait à se contrôler et rester calme.

Il voulait une réponse, il avait eu sa réponse mais visiblement ce n'était pas suffisant. Peu être était t'il vexé, chose possible puisque n'importe qui d'autre l'aurait été avec une telle réponse. Elle voulait qu'il comprenne qu'il lui avait fait mal et que des excuses n'étaient pas suffisantes. Il lui fallait du temps pour accepter et surtout pour lui pardonner ça. Elle pouvait tout supporter, encore que depuis quelques temps ce n'était plus vraiment le cas, mais disons qu'elle ne pouvait pas tout accepter.
Il ne cessait de se contredire et malgré ce qu'elle venait de lui dire, qui semblait clair pourtant il continua de parler encore et encore. De toute façon ce qu'il disait n'était que le reflet de leur triste réalité et ça ne datait pas d'hier mais bel et bien de sa libération. Il semblait ne pas comprendre qu'ils vivaient déjà tout ceci depuis des jours et semblait surtout vexé par tout ce qu'elle venait de lui dire. Pourtant elle n'avait pas dit grand chose.

Soupirant, elle se releva légèrement et se mit dans la direction de Ronan avant de lui dire sans mâcher ses mots.

"- Ca fait déjà un moment que l'on vit comme deux inconnus et qu'on ne se parle plus comme un couple, alors quelques semaines de plus ou de moins ne changeront pas grand chose."

Et elle se rallongea, n'imaginant même pas qu'elle puisse le vexer plus encore, mais après tout il l'avait chercher. Il ne cessait de lui faire des reproches alors qu'il vive un peu avec de la culpabilité lui aussi, surtout qu'au final elle n'avait pas fait grand chose pour mériter d'être traité comme elle était traité.

"- On verra..."

Elle ne pouvait lui faire aucune promesse, elle ne le voulait pas parce que de toute façon lui ne tenait pas les siennes. Mais elle le dit quand même parce qu'elle ne pouvait pas ne pas répondre même si dans le fond le fait qu'il ne cesse de l'interroger commençait sérieusement à l'agacer.

Elle ne voulait plus qu'ils se parlent ? Ils ne se parleraient plus dans ce cas. Ronan ne voulait plus se disputer avec Emma. Ce qu'elle faisait ne lui plaisait pas forcément, mais il laissait passer. A quoi bon de toutes façons ? Plus encore que les autres fois, ils n'arrivaient pas à discuter. Il avait l'impression de ne pas être compris, soutenu. Il n'aimait pas l'homme qu'il était devenu, la simple image qu'il renvoyait le dégoûtait. Il avait besoin d'aide pour remonter, pour changer... pourtant Emma avait voulu partir. Elle ne semblait pas comprendre à quel point il avait peur, à quel point il était bouffé par la culpabilité. Il avait envie de hurler qu'il avait besoin d'aide, qu'il ne faisait rien de tout ça par plaisir. N'était-ce pas ensemble qu'ils devaient lutter pour s'en sortir ? Il assumait être responsable, en grande partie, de leurs problèmes, mais il faisait des efforts et il s'excusait. Pourtant rien n'était jamais suffisant. Parfois il se demandait même si Emma ne croyait pas qu'il faisait exprès, qu'il ne faisait aucun effort en réalité, comme si cette situation lui plaisait. Il croyait que sans Emma, il ne pourrait pas s'en sortir. Il commençait à se demander si même avec Emma, il réussirait. Peut-être sombrerait-il moins vite, tout simplement.

Emma avait fini par se relever légèrement pour regarder son mari. Il ne répondit rien immédiatement. Elle prit le temps de se rallonger avant de lui répondre qu'elle verrait. Si même le temps ne pouvait les guérir, alors à quoi bon lutter ? Il l'aimait, mais peut-être que l'amour n'était plus suffisant ? Non, il ne pouvait pas se résoudre à cette idée. « Tu as raison, à quoi bon chercher à sauver notre famille ? Laissons le temps la détruire plus encore... » Ce n'était pas spécialement méchant, pas spécialement froid, pas spécialement un reproche. « Peut-être que pendant ce temps, je pourrais oublier que tu as voulu m'abandonner alors que peu avant tu jurais de m'aimer, peu importe celui que j'étais. » ça, c'était un reproche. Après tout, il n'était pas le seul à lui faire du mal. Elle lui en faisait aussi, alors pourquoi se priverait-il de lui faire comprendre ? Elle, elle ne s'en privait pas. Elle lui avait demandé le silence, elle l'obtiendrait dès que cette conversation serait terminée. Et pour aussi longtemps qu'elle le voudrait.

Emma soupira de nouveau, Ronan le faisait exprès. En fait il voulait des réponses mais continuait à chercher et poser des questions qui n'en avaient pas dans l'immédiat. Et puis elle lui avait demandé le silence, elle lui avait fait comprendre qu'elle ne voulait plus discuter avec lui, qu'elle ne voulait plus lui parler parce que quoi qu'il dise il lui faisait encore plus de mal. Et puis surtout elle était lasse de tout ceci, de leurs discussions sans fins, de leurs disputes incontrôlable. Il avait peu être peur mais il ne se rendait pas compte du mal qu'il pouvait lui faire en lui disant tout ce qu'il lui disait, toutes les reproches qu'il lui faisait. Elle ne faisait pas exprès de mal agir, ou d'agir de ne pas agir comme il le voulait.

"- Peu être que le temps arrangera tout justement..."

Et elle grimaça tout en soupirant de nouveau, avant de s'allonger une fois de plus tout en espérant qu'il arrêtera là de chercher toujours et encore la petite bête. Il semblait qu'il était incapable de ne pas provoquer une dispute. Et ce qu'il ajouta elle le compris très bien, c'était un reproche, un de plus. Il n'était jamais content en réalité et pourtant elle en avait fait des efforts. Elle se leva à nouveau pour s'assoir cette fois-ci et le regarder.

"- Tu ne me pardonneras jamais c'est ça ? alors à quoi bon vouloir que je reste si tu as déjà décidé que j'étais coupable ?!"

Voilà, il l'avait voulu il l'avait maintenant sa dispute. Emma avait légèrement haussé le ton, justement pour lui faire comprendre qu'il cherchait la petite bête là et qu'il devenait lourd à force.
Elle ne comprenait pas son comportement, elle ne le comprenait plus du tout.

Il n'arrivait pas à quitter cette chambre. Il n'arrivait pas à laisser Emma, même si elle lui disait qu'elle ne voulait plus lui parler. Ronan se disait qu'une fois qu'il aurait quitté cette pièce pour de bon, il sera plus que difficile pour eux de parler de nouveau, d'essayer d'entamer une nouvelle conversation. Il avait essayé d'être plus calme lorsque sa femme était rentrée. Il s'était calmé et n'avait plus crié, mais malgré tout, désormais, il était de nouveau froid parce qu'il était vexé, fatigué et perdu.

Lui n'était pas d'accord. Le temps pouvait arranger les choses, mais s'ils restaient ensemble, même s'ils ne se touchaient pas ou se parlaient peu. Vivre tous les deux éloignés, sous le même toit ou non, ça ne les aiderait pas. Il le savait. Il en était certain. Il ne put retenir la suite, lui disant clairement qu'il lui en voulait d'avoir voulu l'abandonner. C'était vrai. Il s'était senti perdu, brisé et abandonné. Ce n'était pas quelque chose de facile à oublier. Avant de lui répondre, elle s'était assise pour le regarder. « Ne parle pas si fort, Emma ! » commença-t-il pensant à leur fils à côté. Les murs n'étaient pas forcément épais et Ronan ne voulait pas mêler leur fils à cette conversation, même si lui aussi pourrait s'emporter et hausser le ton. « Te pardonner, si. Oublier, non. » lâcha-t-il simplement. Il pouvait pardonner, mais oublier qu'elle avait voulu partir, certainement pas. Il vivrait sans doute avec cette peur pour longtemps. Dès qu'il dirait quelque chose qu'elle pourrait mal prendre, il aurait peur de sa réaction. « J'ai vraiment l'impression que tu ne veux pas rester, que tu n'as plus envie d'essayer... Comment tu veux que j'te fasse confiance ? Comment tu veux que je ne craigne pas que tu partes à chaque fois qu'on se dispute ? » Il ne continuerait pas ses efforts pour rien, il n'en avait plus la force. « Tu as gagné Emma... On vivra comme tu le veux. Je te demande juste de rester ici, même si nous ne sommes plus ensemble. » Quelque part, ils auraient chacun ce qu'ils voudraient.

Elle ne parlait pas fort, il fallait qu'il arrête. Il ne s'entendait pas lui quand il lui hurlait dessus, là, elle avait juste à peine haussé la voix, pas de quoi en faire un drame non plus, mais visiblement Ronan oubliait bien des choses quand il s'agissait de lui. Emma était fatiguée de toutes ces discussions, de leurs disputes incessantes, c'était pénible à force et surtout là elle ne voulait plus en parler mais lui continuait malgré tout. Comme s'il ne pouvait pas accepter qu'elle ait le dernier mot, à croire qu'il fallait toujours qu'il en rajoute, qu'il revienne sur un sujet dont il voulait plus parler. C'était difficile à vivre et à gérer, compliqué aussi parce que la moindre étincelles et les disputes reprenaient de plus belle.

Il lui indiquait pouvoir lui pardonner mais pas oublier, c'était la même chose en réalité. Elle n'était pas parti, elle n'avait fait qu'en parler, le menacer mais même ça il ne semblait pas vouloir accepter qu'elle puisse le dire, y penser. Elle ne l'avait pas trahis, au final elle n'avait rien fait de mal.

"- Mais je suis toujours là Ronan.. je l'ai peu être dit mais je ne l'ai pas fait, alors arrête de psychoter s'il te plait et laisse moi me reposer. Je suis fatiguée de tout ça, fatiguée de nos disputes, de tes reproches.."

Mais là encore elle savait d'avance qu'il allait en rajouter une couche parce qu'il lui fallait avoir le dernier, il lui fallait lui faire d'autres reproches encore, c'était presque une obligation chez lui.

"- Je n'ai rien gagné du tout Ronan...

C'était pénible de voir à quel point il pouvait être désagréable parfois.

Aux yeux de Ronan, Emma ne voulait comprendre qu'elle aussi elle lui avait fait du mal. Il était fatigué de passer sans cesse pour le grand méchant de leur couple, fatigué d'être celui qui lui brisait le coeur, fatigué d'être cet homme. Elle n'avait peut-être fait qu'en parler. Peut-être était-elle restée finalement, mais à quel prix ? Allaient-ils vivre comme deux inconnus ? Emma semblait pourtant craindre cette idée et elle en était désormais à l'origine. Il avait du mal à être proche d'elle, il avait du mal à la toucher ou à avoir une conversation calme, malgré tout, il essayait. Il essayait et il avait l'impression de lutter contre le vide. De son côté, Emma ressentait peut-être la même chose. Ils n'y arrivaient tout simplement plus. Ronan ignorait de quoi ils avaient besoin pour espérer se retrouver, mais il était persuadé, contrairement à Emma, que la distance avait plus de chance de les éloigner davantage. « Tu es toujours là ? Tu as tellement hésité Emma... Je n'ai qu'à te regarder pour savoir que tu préférerai être ailleurs qu'avec moi en ce moment. » et elle le lui demandait. Elle voulait qu'il parte, qu'il ne lui parle pas, elle ne savait même pas si elle pourrait lui pardonner ces mots malheureux un jour. Alors comment croire en l'avenir et ne pas avoir peur de la faire repartir d'ici peu ? « Je n'ai pas le droit d'avoir peur de te perdre ? » souffla-t-il, agacé. Il ne psychotait pas, il voyait juste sa vie lui échapper, encore. « Et tu crois que je ne suis pas fatigué par tout ça, moi ? Tu crois que j'aime notre vie actuelle ? Tu crois que ça me plaît de voir ce que tu penses de moi ? A tes yeux je ne suis plus qu'un monstre qui passe son temps à te faire souffrir et à te faire des reproches... » Elle aussi lui envoyait son lot de reproches. Il n'était pas parfait, il le savait. « Je sais qui je suis et je ne demandais qu'une chose, je n'attendais qu'une chose de la part de la femme qui partageait ma vie : qu'elle essaye de me comprendre, de me soutenir et de m'aimer, même si ce n'était pas facile... Quoi qu'il arrive. Juste ça. » il vidait son sac. « Je peux t'assurer que tu as gagné. » affirma-t-il en allant chercher sa tenue de milicien posé dans un coin de la chambre pour ne pas la déranger ensuite. Il n'attendait que sa réponse, et dès que cette conversation serait close, leur vie à tous les deux serait sans doute bien différente, au moins le temps qu'ils digèrent tous les deux les derniers événements.

Encore des reproches et encore des soupires, Emma n'a jamais autant soupiré de sa vie que depuis son retour à la maison. Ronan semble tellement certain qu'elle ne veut plus de lui, alors qu'en réalité elle veut juste s'en éloigner pour leur laisser une chance de se manquer, se retrouver, mais lui semble certain que tout ceci sera impossible. Il est tellement têtu qu'il ne voit rien, refuse de leur laisser un espoir, non il préfère l'accuser encore et toujours. D'accord elle l'a blessé mais lui aussi et tellement de fois depuis son retour que c'est difficile de compter.

"- Tu n'en sais rien, tu n'es pas dans ma tête..."

Et c'est pénible de toujours ensemble la même chose. Elle répond à sa question parce qu'elle le comprend.

"- Si, bien sur que tu as le droit d'avoir peur, moi aussi j'ai peur de tellement de choses."

Et pas seulement de le perdre, mais il faut avancer et arrêter de toujours se prendre la tête. C'est pour ça qu'elle veut qu'ils prennent leurs distances, ça ne pourra leur faire que du bien. Du moins c'est ce qu'elle pense. Qu'elle ait raison ou tort seul l'avenir le leur dira.

"- Arrête ! Ce n'est pas vrai, ce n'est pas ce que je pense. Et je ne peux pas te soutenir quand tu passes ton temps à me faire des reproches, mets toi un peu à ma place Ronan."

Après tout il lui demandait une chose qu'il était incapable de faire lui même alors autant accepter la réalité, mais il semblait ne pas s'en rendre compte.

« Je n'ai pas besoin d'être dans ta tête ! Il suffit de voir comment tu me regardes ou d'écouter ce que tu me dis ! » Il n'était pas fou et il comprenait. Il comprenait ce qu'il faisait subir à son épouse. Elle pleurait sans cesse. Elle fuyait. Elle voulait l'abandonner. Ne passait-elle pas son temps à lui dire qu'il ne faisait que tout lui reprocher ? Et ce n'était qu'une toute petite partie de tout ce que disait Emma, de tout ce qui poussait Ronan à croire que pour son épouse, il n'était plus qu'un monstre. « Alors, tu devrais me comprendre. » souffla-t-il simplement. Puisqu'elle aussi avait peur, elle devait comprendre qu'il n'était pas simple de passer au-dessus. Il pouvait le vouloir, mais il ne réussissait pas forcément. C'était compliqué de passer au-dessus d'autant de sentiments négatifs, c'était difficile d'oublier tout ce qui était en train de vous détruire de l'intérieur. Sinon, la vie serait tellement plus simple. Alors, elle devrait le comprendre. Pourtant non, ils s'obstinaient à ne pas se comprendre, à parler et à entendre, sans écouter.

Comment la prison avait-elle pu autant les détruire ? Eux qui avaient toujours été si proches ? Eux qui avaient toujours été prêt à tout l'un pour l'autre ? Ronan n'arrivait pas à le comprendre. Pourtant ils en étaient là : à se détruire et être détruits. « Si, tu le peux ! Si tu m'aimais autant que je t'aime, tu le pourrais ! » claqua-t-il. A ses yeux, elle pourrait lui réapprendre à aimer comme autrefois. A passer au-dessus des reproches, en comprenant qu'il ne lui voulait pas de mal, juste qu'il ne savait plus vivre autrement parce qu'il ne savait plus comment faire pour sortir de toutes ces peurs et de toute cette culpabilité. Elle pouvait lui laisser le temps de réapprendre et de se calmer. « Tu passes ton temps à tout me reprocher aussi, ce que je dis, ce que je suis... » siffla-t-il, agacé. Il en avait marre. Peu importe ce qu'il disait, Emma le prenait mal. Peu importe ce qu'il faisait, Emma le voyait d'un mauvais oeil. Comme si dès le départ, il avait insisté sur certaines choses, il avait mis de la distance entre eux ou il se mettait en colère par plaisir. Comme si. Ce n'était pas facile d'entendre de la bouche de son épouse qu'il ne faisait que reproche sur reproche, qu'il était trop distant, qu'elle voulait le quitter. Ce n'était pas facile pour lui de supporter tout ça, en plus de tout le reste. « Je dois aller me préparer, tu vas pouvoir te reposer... » Il ne devait pas partir avant un moment, mais cette fois-ci, c'était à lui d'avoir besoin de quitter un peu cette chambre. « Sois sans crainte, je vais respecter ce que tu veux, ce que tu me demandes. » Ne plus se parler. Si c'est ce qui la rendrait heureuse, alors il le ferait.

Emma baissa les yeux quand il lui répondit, c'était comme une nouvelle accusation en réalité. D'une certaine façon il avait raison et l'admettre c'était trop lui demander surtout après leurs prises de tête à répétitions. Elle en avait assez et voulait juste que tout ceci s'arrête pour peu être espérer réussir à avancer et reconstruire ce qu'ils étaient en train de détruire. Seulement c'était difficile d'imaginer qu'il soit encore possible de reconstruire tout ça, Ronan semblait plus que blessé et il en était de même pour Emma qui était malgré tout resté assise dans le lit attendant qu'il ait terminé de parler.

"- Ronan on ne va pas commencer à mesurer l'amour que l'on éprouve l'un pour l'autre. Je t'aime, je ne serais pas là sinon."

Son regard était devenu suppliant cette fois-ci, comme si elle refusait qu'il lui dise qu'elle l'aimait moins que lui. L'amour ça ne se mesure pas et puis elle lui avait prouvé en mentait et en allant en prison. Elle lui avait prouvé en acceptant de jouer le couple fâché qui avait fini par l'être tout comme elle le craignait. Peu être qu'il en doutait mais elle l'aimait toujours autant juste qu'elle avait besoin de lui contrairement à lui qui semblait ne plus vouloir d'elle par peur. La peur elle la ressentait elle aussi, elle l'avait déjà dit, mais elle ne voulait pas être loin de lui de peur de tout recommencer. L'amour c'est autre chose qu'une histoire de sexe et un petit coup entre deux baisers, c'est bien plus fort que ça.

"- Je sais..."

Oui elle savait qu'elle lui reprochait des choses elle aussi mais c'était uniquement parce qu'il la blessait, lui faisait du mal, elle n'allait quand même pas se laisser faire sans rien dire.
Puis il lui fit savoir qu'il allait partir pour se préparer et respecter ce qu'elle lui demandait. Elle ne répondit rien, se contenant de l'observer de loin, plaçant son menton contre ses genoux et ses bras autour. S'il parait ils ne se disputeraient plus, peu être que demain l'un d'eux aurait le courage de venir s'excuser. Elle y croyait malgré tout, peu être avait t'elle tort.

Assise face à lui, il n'arrivait même plus à soutenir son regard. Il était trop en colère, trop blessé, trop fatigué pour ça. Il avait besoin d'autre chose, besoin d'une pause. Il savait qu'après s'être tant disputé avec sa femme, il allait devoir affronter le mépris de ses collègues qui ne le considéraient plus que comme un vulgaire suspect, un homme dont la femme n'avait pas respecté les règles. Une autre chose insupportable à supporter. « Tu as raison, ce serait inutile... » A ses yeux, mesurer leur amour n'avait pas d'importance, mais à ce moment précis, il était persuadé qu'Emma ne l'aimait plus, même si elle venait d'affirmer le contraire et malgré le regard qu'elle lui lançait. « Ça ne changerait sans doute plus rien pour nous de toute façon. » soupira-t-il comme une évidence. Alors à quoi bon savoir s'ils s'aimaient encore et si l'un aimait plus que l'autre. Pour lui, si elle était là, c'était par crainte de ne plus pouvoir revenir en arrière et pour Arthur. Mais plus pour lui.

Il avait conscience de mal agir, mais il n'en pouvait plus de tout prendre sur lui. Elle aussi lui reprochait des choses. il n'était pas le seul dans cette histoire. Elle lui avait dit qu'il serait le seul responsable de leur séparation, mais il ne pouvait pas y croire. Il ne le voulait pas. Alors lorsqu'elle répondit, il n'ajouta rien d'autre. Juste qu'il devait aller se préparer et qu'elle aurait ce qu'elle voulait : qu'ils ne se parlent plus. Ils vivraient désormais sous le même toit sans être un couple. Ils n'étaient sans doute pas les premiers à vivre ainsi dans l'Arche, mais même cette idée ne pouvait pas suffire à le rassurer. Il l'observa longuement tandis qu'elle entourait ses jambes de ses bras. Peut-être avait-il espéré une réponse ? Un dernier mot ? Ou peut-être cherchait-il juste à la regarder une dernière fois comme si elle allait disparaître le lendemain, l'abandonner ? Il s'apprêtait à sortir, ouvrant la porte, puis se retourna une dernière fois après une longue hésitation : « Je n'imaginais pas qu'un jour ça puisse se terminer comme ça entre nous... » Il n'avait même jamais imaginé la fin de leur couple, pas même lorsqu'elle avait été arrêtée et qu'elle avait dit l'avoir trompé. Sans attendre la moindre réponse de la part de son épouse, il se dirigeait vers la salle de bain pour enfiler son uniforme. Il avait encore un deuxième enfer à supporter avant de pouvoir se reposer un peu, le lendemain.

Cette conversation tournait en rond et chacun prenait un malin plaisir à reprocher à l'autre des choses qu'il n'aurait jamais du reprocher. A croire qu'ils n'arrivaient plus du tout à se comprendre et pourtant ce n'était pas faute d'avoir essayer, mais ils en étaient arrivé à un point de non retour, pour l'instant du moins. Emma espérait vraiment que les choses pourraient s'arranger entre eux si Ronan prenait un peu sur lui, s'il prenait le temps de réfléchir à tête reposée, s'il comprenait le mal qu'il avait fait avec ses reproches. Du temps il leur fallait du temps, elle en était persuadé et lui pensait le contraire. Donc oui, c'était clair qu'ils ne se comprenaient plus du tout. Emma n'ajouta rien à ce qu'il lui dit bien qu'elle aurait eu tout un tas d'autres choses à dire encore mais elle ne voulait pas envenimer les choses plus qu'elles ne l'étaient déjà. Le mieux c'était qu'elle le laisse partir pour se changer, qu'il la laisse se reposer et qu'ils se parlent plus tard, d'ici quelques jours peu être quand chacun aurait pris du recul vis à vis de la situation.

Elle soupira un instant et puis releva ce qu'il venait de dire et répondit même s'il n'était déjà plus vraiment là.

"- Ce n'est pas terminé... on a juste besoin d'un peu de temps...."

Mais elle savait qu'elle parlait dans le vide puisque de toute façon il n'était plus vraiment à porter de voix, mais peu être qu'il aurait entendu malgré tout. Elle ne voulait pas baisser les bras pour leur couple, juste prendre du recul, le temps d'accepter certaines choses, de comprendre son époux. Elle espérait qu'il arrivait à passer outre tout ce qu'ils c'étaient dit et que la raison reprendrait le dessus sur cette peur qui semblait le rendre dingue par moment.

Ronan avait toujours imaginé que leur couple était indestructible, plus fort que tout. Ils avaient toujours été si proches depuis qu'ils s'étaient mariés il y a plus de dix ans. Ils avaient toujours tout surmonté, tous les deux, ensemble. Aujourd'hui, ils n'y arrivaient pas. Aujourd'hui, ils ne pouvaient plus passer au-dessus de tous leurs problèmes. Ronan avait bien trop changé, certainement. Le point de non retour pour lui avait été cette fois où il avait dû arrêter son meilleur ami. A partir de ce jour, il n'avait plus jamais été le même. Il avait changé. Et les événements s'étaient enchaînés, le changeant un peu plus à chaque fois, détruisant l'ancien Ronan. Aujourd'hui, il était peut-être trop tard pour redevenir l'homme d'autrefois. Aujourd'hui, peut-être qu'il était temps pour lui de laisser son épouse être heureuse loin de lui ? Il ne pouvait pas encore l'accepter. Même s'ils ne vivaient plus comme un couple, il avait besoin de l'avoir près de lui, de former une famille en apparence, qu'Arthur puisse avoir ses deux parents auprès de lui.

Alors finalement Ronan abandonnait. Il donnait à son épouse ce qu'elle voulait, qu'ils ne soient plus un couple, qu'ils ne se parlent plus. Mais avant de quitter la chambre, il ne put s'empêcher d'exprimer ce qu'il ressentait une dernière fois. Sans attendre sa réponse, il avait quitté la chambre. Il avait entendu ce qu'elle avait dit. Enfin, il n'avait pas entendu chaque mot, mais il avait bien compris ce qu'elle était en train de dire. Lui il n'y croyait pas. Il ne croyait pas pouvoir se remettre de tout ça, reformer un jour ce couple uni qu'ils avaient été. Peut-être réussiraient-ils à vivre tous ensemble jusqu'à l'arrivée sur la Nouvelle Terre ? Même si cela lui semblait long. Et une fois là-bas, ils feraient sans doute leur vie chacun de leur côté, s'ils le pouvaient. Pour l'instant, il devait penser à l'instant présent, il devait se préparer et essayer de retrouver son calme avant de prendre son service.

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