Nouvelle erreur ? - Orion

⊹ sujet actuel ou flashback : Sujet Actuel
⊹ date du rp et période approximative de la journée : 15 décembre 2262, soir (23h)

Trois jours s’étaient écoulés depuis que Fantine et Orion s’étaient de nouveau embrassés. Depuis, il n’arrêtait pas de hanter les pensées de la brune. Si Fantine avait essayé de ne pas y penser, elle n’y était pas parvenue. Pendant ces trois jours, elle n’avait pas arrêté de penser à ce qu’elle allait faire, devait-elle aller au rendez-vous qu’avait fixé Orion ou devait-elle l’ignorer ? Un choix compliqué pour Fantine qui s’était battue avec elle-même pour prendre la bonne décision. Elle était parfois convaincue d’y aller, parce que ses sentiments étaient bien trop importants pour les ignorer. D’autres fois, elle se disait que c’était une parfaite erreur, qu’elle ne devait pas y aller. C’était pourtant le choix moins raisonnable qu’elle avait fait. Fantine avait attendu que ses parents aillent se coucher, elle avait fait semblant d’y aller elle aussi. Elle avait bien évidemment attendu un petit moment avant de sortir de sa chambre et de l’appartement. Elle devait rester discrète si elle ne voulait pas avoir de nouveau des ennuis. La brune longeait les couloirs évitant de croiser qui que ce soit, elle ne devait surtout pas se faire voir.

Fantine était arrivée avec un peu d’avance dans l’amphithéâtre, elle avait jeté un œil à l’intérieur pour savoir si personne ne s’y trouvait et y était entrée. Plus le moment approché plus le cœur de Fantine s’accélérait. L’envie de revoir celui qu’elle aimait, la peur de le revoir également, la peur de se faire prendre par des patrouilles… Mais surtout, depuis qu’elle avait quitté ses appartements, elle était convaincue de faire une nouvelle erreur. Elle avait promis à ses parents, à certains de ses amis de ne jamais recommencer une telle chose et pourtant, elle était bien là, à attendre de nouveau Orion dans le plus grand des secrets. Fantine hésitait alors, devait-elle profiter de ce moment pour annoncer à Orion qu’elle avait pris une décision, celle de ne pas continuer leur histoire et pour de bon cette fois-ci, ou devait-elle prendre de nouveau des risques en écoutant son cœur ? Le choix était compliqué, mais elle allait devoir le faire vite. Après un instant de réflexion, Fantine était sur le point de repartir, si elle voyait Orion, elle savait très bien quel choix elle allait faire. Mais pas le temps de faire demi-tour puisque la porte venait de s’entrouvrir, Orion était sans doute arrivé.

Depuis qu'Orion avait vu Fantine trois jours plus tôt, il n'avait cessé de penser à elle. Il avait même été mis en équipe double avec Sarah, une technicienne qui l'énervait au plus haut point : elle était trop pressée et donc inattentive, laissant souvent derrière un travail bâclé qui demandait qu'il repasse sans cesse dessus, et si Orion avait le malheur de faire ne serait-ce qu'une seule réflexion, elle criait à la misogynie. Et malgré le fait d'avoir été coincé avec elle pendant un jour et demie, il avait gardé sa bonne humeur et son entrain. Bon, pour sûr qu'il avait eu des moments de doute : Fantine allait-elle venir ? Mais il ne pouvait pas imaginer qu'elle ne vienne pas.
Il avait réfléchi chaque soir à la manière de la retrouver. A vrai dire, le fait qu'il lui avait proposé de se retrouver à l'école n'était pas anodin. Oui, il avait une idée derrière la tête, une idée qui, il espérait, allait leur permettre de vivre leur amour tout en courant le moins de risques possibles. Lorsqu'il était enfant, il s'amusait sans cesse à contourner les règles – ça vous le saviez déjà – et l'une des règles qu'il avait particulièrement apprécié contourner était cette de l'assiduité à l'école. Alors qu'il n'avait que 10 ans, en jouant au billes dans la cour (ou ce qui pouvait s'apparenter le plus à une cour d'école dans un gigantesque vaisseau spatial...), l'une de ses billes avait dévalé hors de sa portée. Il était partie à sa recherche, et alors que tous ses camarades retournaient en classe, lui avait continué à chercher. C'est alors qu'il avait découvert une trappe mal refermée au sol, dans un coin. Il l'avait donc ouverte et, là, à quelques dizaines de centimètres en dessous de lui, l'attendait sa bille fuyarde. N'arrivant pas à l'atteindre, il descendit dans l'espèce de trappe. Et quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'il se rendit compte qu'il se retrouvait dans un gigantesque conduit qui semblait continuer sur des centaines de mètres. Ce fut ce jour là qu'Orion découvrit les conduits qui couraient sous l'école.
Il passa de nombreuses années à les découvrir et à trouver des moyens d'échapper aux cours, notamment les plus ennuyeux, en s'éclipsant tranquillement au début pour en revenir juste avant la fin. Par la suite, une fois avoir quitté les bancs de l'école, il n'y avait plus vraiment repensé.
Jusqu'à il y a 3 jours. Il n'y avait pas pensé à l'époque mais, et si ces conduits couraient tout du long du vaisseau ? Peut-être pourrait-il alors se déplacer sans être vu?
Il avait donc vérifié son hypothèse,et avait découvert qu'une partie des conduits de l'école menait à un couloir sombre pas loin de chez lui. Il aurait certainement l'occasion d'en découvrir plus par la suite, mais cela lui permettrait en tous cas de rejoindre Fantine sans se faire prendre, ni même être suspecté de quoique ce soit...
Ainsi lorsque l'heure était venue, il s'était faufilé par les conduits, et avait rampé jusque sous l'école. Il était arrivé dix minutes avant 23h. Il lui restait donc du temps, et il avait l'idée exacte de comment l'occuper. Il s'était faufilé jusqu'à la petite pièce de régie, et avait trifouillé le vidéoprojecteur. Il était en train de terminer quand il vit Fantine arriver par la fenêtre aux vitres teintées qui séparait la régie de l'amphithéâtre. Il appuya donc sur le bouton du minuteur. Il quitta la petite pièce, et entra dans la salle pour retrouver sa belle. Au moment même où Fantine se retournait, le vidéoprojecteur se lança, émettant une douce lumière qui illumina le mur du fonds. L'hymne de l'Arche se mit à jouer en fonds sonore. Orion s'approcha de Fantine, un large sourire aux lèvres. Il lui tendit alors la main droite.
« M'accorderiez-vous cette danse ? »
Okay, c'était étrange de danser sur l'hymne de l'Arche, il y avait plus romantique, c'est sûr. Mais c'était la seule chanson qui existait dans l'école. Pour la culture, il aurait fallu aller faire un emprunt à la bibliothèque... Mais c'était le geste qui comptait, n'est-ce pas ?

Fantine avait beaucoup pensé à ce rendez-vous. Elle hésitait à s’y rendre parce qu’elle savait les risques qu’ils encouraient et ne savait pas si elle accepterait de mettre de nouveau Orion en danger. Pourtant, elle avait terriblement envie de le retrouver, envie de revivre leur histoire comme autrefois. Malheureusement, elle avait bien plus peur de prendre des risques maintenant, en sachant qu’ils s’étaient déjà fait prendre une fois. Pourtant, la brune avait écouté son cœur et s’y était rendue. Mais une fois arrivée, elle avait immédiatement regretté, ce n’était pas qu’elle n’avait plus envie de le voir, bien au contraire, simplement, elle savait qu’en étant venu elle rendait leurs retrouvailles plus officielles. Fantine venait juste d’arriver, mais elle était déjà sur le point de partir, sans même prendre la peine de voir Orion, de lui parler et de lui expliquer. Elle avait bien l’intention d’aller le voir un autre jour pour lui expliquer ce qu’elle ressentait, mais elle n’en avait pas eu le temps. Orion venait d’entrer et avait préparé un petit quelque chose, musique et lumière, pas grand-chose certes, mais c’était l’intention qui comptait. Le brun s’était approché de Fantine, lui tendant la main. Comment lui dire tout ce à quoi elle était en train de penser actuellement, alors qu’il souriait, semblait content de retrouver Fantine ? Elle n’en avait pas eu la force, n’avait pas voulu le décevoir une nouvelle fois. Peut-être que ce n’était rien au final, juste le stress de recommencer leur histoire et qu’avec le temps tout irait mieux. Fantine devait sans doute essayer avant de parler à Orion. La brune souriait à son tour, heureuse de retrouver celui qu’elle aimait, malgré ses pensées négatives. « Avec plaisir. » Fantine prit la main d’Orion, avant d’aller l’embrasser, mine de rien ces trois jours sans lui avait été terriblement long et le brun lui avait terriblement manqué. Pour le coup, elle aurait aimé l’apercevoir à certains moments, mais elle avait dû se contenter de penser à lui. « Je vois que tu as pensé à notre rendez-vous. » Elle espérait au fond-elle qu’il lui dise qu’il y avait beaucoup pensé et surtout qu’il avait beaucoup pensé à elle. En tout cas, il avait pensé à arriver un peu plus tôt pour mettre de la musique et une douce lumière, c’était déjà ça. Même si Orion ne paraissait pas comme ça, c’était une personne très attentionnée, Fantine avait su voir ce bon côté chez lui dès le début.

Un sourire toujours accroché aux lèvres, Orion se rapprocha donc de sa dulcinée, qui vint lui déposer un baiser sur les lèvres. Son sourire se fit encore plus lumineux. Il glissa sa main droite dans le dos de Fantine, et enserra tendrement la main droite de Fantine dans son autre main. Il se mit alors à « voguer » plus qu'à danser, vraiment – Orion était un piètre danseur, il fallait le dire... – au rythme de leur hymne. La chanson était un peu militaire, mais tout de même chantante. « Je vois que tu as pensé à notre rendez-vous. » lui dit-elle. Elle voulait très certainement parler du fait qu'il avait tout de même orchestré ce petit tête à tête. S'il devait lui dire la vérité, il aurait certainement répondu un « tu n'as pas idée » charmeur. Mais Orion était encore plus espiègle qu'il n'était charmeur :
« A vrai dire je l'avais oublié jusqu'à il y a une demie-heure, mais je suis arrivé ici plus rapidement que prévu et pour passer le temps j'ai fouillé un peu dans le coin... »
Son sourire s'accrocha au coin de ses lèvres, ses yeux pétillant de malice. Il la fit tourner une fois sur elle-même, pour la rapprocher ensuite encore plus de lui, collant leurs deux corps dans une danse aussi douce que sensuelle.
« Et toi ? » lui chuchota t-il à l'oreille.
L'hymne continuait toujours, donnant à la scène un aspect irréel. Orion avait l'impression d'être dans une bulle ; une petite bulle de bonheur qu'il ne voulait pas voir éclater de si tôt.

Il n’y avait pas pensé, vraiment ? Fantine n’y croyait pas une seule seconde, elle le connaissait et elle connaissait ce sourire. La brune ne répondit qu’en haussant un sourcil, lui montrant bien qu’elle doutait de ce qu’il disait. Les deux tourtereaux profitaient du moment, dansant sur la musique de l’Arche. Fantine profitait plus de ce moment pour être proche d’Orion, la musique, la danse et tout le reste, ce n’était qu’un petit plus, qui apportait un petit quelque chose à ce rendez-vous. Au tour d’Orion de pauser la question, Fantine avait-elle pensé à ce rendez-vous. Elle n’était pas comme lui et allait lui répondre sincèrement, tout en le regardant fixement dans les yeux. « Je n’ai pas arrêté d’y penser. » Elle disait vrai, elle n’avait pas arrêté de penser à Orion, de penser à cette soirée, de se l’imaginer un sourire aux lèvres. Ce n’était d’ailleurs pas toujours simple de ne pas affichait son enthousiasme et sa joie devant tous. Elle n’avait pas le droit de paraître heureuse, pour ne pas éveiller les soupçons, elle devait toujours jouer le rôle de la femme privée de celui qu’elle aime. Même si elle n’avait pas toujours pensé à ce rendez-vous de la bonne façon, elle y avait tout de même beaucoup pensé et c’était sans doute ce qui comptait le plus. « Ça m’avait manqué tout ça. » Les petits rendez-vous interdits, le fait de se retrouver auprès d’Orion, de pouvoir passer du temps avec lui, de ne pas avoir à cacher ses sentiments… Bien que mal à l’aise, elle était très heureuse de le retrouver, heureuse de pouvoir passer un peu de temps avec lui. La seule chose qui faisait qu’elle ne puisse pas profiter pleinement de ce moment, c’était sa conscience qui essayait de lui faire comprendre que ce qu’ils étaient en train de faire était une erreur, que de nouveau, ils bravaient les lois de l’Arche.

Lorsque Fantine lui répondit qu'elle n'avait pas arrêté d'y penser, le cœur d'Orion fit un bon dans sa poitrine : après ces longs mois pendant lesquels elle l'avait évité, après ces longs mois pendant lesquels Orion s'était persuadé qu'il ne représentait rien aux yeux de la belle Supérieure, intérieurement il était soulagé, et il exultait. Il était tellement rassuré... c'était comme si un poids s'était subitement levé de ses épaules. Il avait envie de rire de joie, mais en même temps la franchise de Fantine l'avait un peu déstabilisé. C'était qu'il était tout de même un peu handicapé des sentiments le garçon, et bien qu'il sache très bien les exprimer à travers des actions et des gestes, lorsqu'il fallait mettre des mots dessus, là c'était tout de suite plus compliqué. Alors, comme d'habitude, il choisit de laisser son corps s'exprimer à sa place, et il déposa ses lèvres sur celles de Fantine en un doux et tendre baiser.
Ils continuèrent de danser, laissant leurs deux corps voguer au rythme du chant. « Ça m’avait manqué tout ça. » l'entendit-il alors dire. Il rouvrit les yeux qu'il n'avait même pas remarqué avoir fermé, et un nouveau sourire se dessina sur ses lèvres. Il baissa alors la tête vers elle :
« Alors promets-moi que ce n'est pas la dernière fois. »
Son regard s'était soudainement fais sérieux, profond, et embrasé. Car il se doutait bien entendu de ce qui trottait à cet instant même dans la tête de la belle brune : elle était certainement en train de ressasser les risques qu'ils prenaient. Il ne pouvait pas lui en vouloir de penser à cela, mais il aimerait tant qu'elle dépasse sa peur. Pour lui, pour eux. La musique s'arrêta doucement, les laissant dans un silence de plomb. Le vidéoprojecteur s'arrêta, et ils se retrouvèrent dans le noir. Pour finir de convaincre Fantine - ou en tous cas essayer - Orion la serra dans ses bras et captura les lèvres de Fantine, l'embrassant de manière fougueuse et presque dominante. Ses mains glissèrent le long de son corps, sa main gauche plaquée au bas du dos de Fantine, sa main droite enserrant sa nuque en un geste enfiévré mais doux. Le baiser sembla durer une éternité en même temps que quelques secondes seulement. Au bout d'un moment, il sépara tout de même leurs lèvres. Il avait le souffle court, son cœur battait la chamade. Il se força cependant à reprendre le contrôle de sa respiration, et il ajouta, avant même qu'elle n'ait pu lui répondre :
« Je sais comment faire pour que nous ne soyons pas pris cette fois. »
Sa voix était grave. Sa main droite quitta sa nuque et vint prendre celle de Fantine.
« J'ai trouvé un moyen pour me déplacer sans être vu. Je n'en suis pas encore complètement sûr, mais je pense qu'il y a un réseau de conduits qui parcourt toute l'Arche. C'est comme ça que je suis venu te retrouver ici. »

Tous ces mois sans Orion avaient été très longs. Il avait terriblement manqué à Fantine. Ce genre de moments complices, leurs petits rendez-vous secrets, ses lèvres, être tout près de lui, tout cela lui avait beaucoup manqué. Ils venaient de se retrouver et Fantine pouvait enfin oublier cette mauvaise période, oublier le mal que cela leur avait causé, ils pouvaient désormais rattraper le temps perdu. Pourtant, elle ne pouvait pas s’empêcher de penser que ce qu’ils étaient en train de faire était mal. Ce n’étaient pas les paroles moralisatrices des Supérieurs qui lui faisaient penser à cela, c’était simplement une prise de conscience. Ils ne respectaient pas les lois en s’aimant et elle savait ce qu’ils risquaient en le faisant. Elle ne supporterait pas la perte d’Orion et si pour qu’il reste en vie, ils devaient vivre séparément, c’était peut-être ce qui était le plus raisonnable à faire, même si elle n’en avait absolument pas envie. Le brun avait sans doute compris ce qui était en train de se passer dans la tête de Fantine. Comment lui promettre une chose pareille ? Fantine n’était pas certaine de pouvoir respecter sa promesse. Juste avant qu’Orion n’entre dans la pièce et s’approche d’elle, Fantine s’était convaincue que mettre vraiment fin à leur histoire était le mieux à faire. Le noir et le silence venaient d'envahir la pièce et Fantine laissa échapper un léger soupir à cause de ce qu'elle n'osait pas dire à Orion. La brune n’avait pas eu le temps de répondre, puisqu’Orion s’était de nouveau approché d’elle pour l’embrasser et la prendre dans ses bras. Chaque geste, chaque seconde faisait oublier à Fantine qu’elle devait écouter sa raison et non son cœur. Son cœur battait de plus en plus vite, elle aurait voulu que jamais ce moment ne s’arrête, mais Orion détacha ses lèvres des siennes. Fantine laissa ses bras tomber, lâchant ainsi le dos d’Orion qui ne lui laissait toujours pas l’occasion de parler. Il disait savoir comment faire pour qu’ils ne se fassent pas prendre cette fois-ci. Fantine aurait voulu l’arrêter, lui dire que la meilleure solution pour ne pas se faire prendre était sans doute de ne rien faire, de ne pas continuer. Mais Orion continuait de parler, il disait avoir trouvé des conduits qui parcouraient peut-être toute l’Arche. Oui, c’était sans doute le cas, mais qu’est-ce que ça pouvait bien changer ? N’importe qui pouvait connaître ces conduits, les y voir, ou simplement remarquer le changement de comportement de l’un ou de l’autre. Les parents de Fantine étaient très méfiants avec elle depuis son avertissement et elle savait que si sa mère découvrait qu’elle avait recommencé, elle n’hésiterait pas à faire condamner Orion, pour n’importe quoi et elle n’en aurait aucun mal. Et ils n'étaient sans doute pas les seuls à se méfier de cette relation. « Orion, je ne suis pas certaine que ça change quoique ce soit pour nous. Je t’aime et tu ne dois jamais en douter, mais ce qu’on fait ce n’est pas raisonnable. » Fantine s’était totalement détachée d’Orion en prononçant ces mots. Elle espérait que le brun puisse comprendre ce qu’elle ressentait, qu’il puisse comprendre lui aussi que cette solution était sans doute la meilleure. Il le fallait, parce que Fantine n’aurait jamais la force de se battre longtemps pour lui faire entendre raison.

Une fois lui avoir raconté les conduits, il avait eu envie de lui raconter comment il en était venu à cette découvrir - lui raconter un peu son enfance, chose qu'il faisait rarement - et comment ils pourraient s'en servir pour pouvoir se retrouver dans des lieux "sûrs", c'est-à-dire fermés la nuit - comme l'école par exemple - mais il n'avait pas continué son monologue car il voulait entendre l'avis de Fantine. Il avait espéré que son visage allait s'illuminer d'un large sourire, il avait espérer qu'elle lui réponde que c'était une super découverte, et que ça allait leur permettre de se retrouver plus facilement, il avait espéré qu'elle soit contente.... Il avait espéré en somme, n'importe quelle réaction sauf celle que Fantine eut. C'est-à-dire garder son ton soucieux, et finalement lui répondre qu'elle ne pensait pas que cela allait changer quoique ce soit.
Soudain, l'amphithéâtre lui paru triste. Un silence de plomb s'était abattu sur les lieux, et les quelques LEDs de sécurité qui brillaient ça et là ne permettaient pas d'éclairer grand chose, si ce n'est souligner un peu plus les ombres et le manque de lumière. Les dernières paroles de Fantine semblaient résonner en un écho annonciateur de mauvaises choses.
« Pourquoi es-tu venue alors ? »
Il ne se rendit compte qu'en cet instant qu'elle n'avait pas répondu à sa première supplique, celle que ce ne serait pas la dernière fois qu'ils se retrouvaient de la sorte, clandestinement, pour vivre leur amour. Il fronçait les sourcils. Il ne comprenait vraiment pas pourquoi elle était venue ici et maintenant, le retrouver, si réellement elle pensait que c'était trop dangereux et aucunement raisonnable.
Puis une pensée le frappa. Peut-être, oui, peut-être était-elle venue pour lui faire ses adieux. Après tout, il y a trois jours de cela, elle le lui avait dit : elle regrettait de ne pas avoir eu cette dernière conversation avec lui. Alors peut-être que c'était ce qu'elle était en train de faire actuellement : se repentir des non-dits en le retrouvant une toute dernière fois afin de clore le chapitre Orion pour continuer à avancer et continuer le livre de sa vie. Une boule se forme dans sa gorge. Il hésitait à lui poser la question de but en blanc. Il avait l'impression que c'était ce qu'elle s'apprêtait à lui annoncer de toutes manières, mais il n'osait - non, ne voulait -pas se prendre la réalité en pleine face. On pouvait toujours fuir en ignorant les choses, non ? ...
Il allait donc attendre patiemment. Si c'était ce qu'elle était venue lui dire, elle n'allait avoir d'autre choix que de le lui dire maintenant qu'il lui avait demandé la raison de sa présence à leu rendez-vous. Sa poitrine le serrait, sa gorge le serrait - tout le serrait, tandis qu'il attendait le moment fatidique.

Orion avait une solution pour que lui et Fantine puissent se retrouver sans danger. Une bonne idée, sans doute, mais pas pour Fantine qui était trop craintive de se faire prendre une fois de plus. Ce qu’ils faisaient n’avait rien de raisonnable, comme elle venait de le dire à Orion. Alors pourquoi était-elle venue ? Très bonne question, elle-même n’en avait pas réellement la réponse. Elle ne savait pas si elle était venue pour retrouver l’homme qu’elle aimait ou juste pour lui annoncer qu’il était sans doute mieux de tout arrêter. « Je me bats avec moi-même depuis trois jours. Je ne vais pas te mentir, j’ai hésité à venir te rejoindre. Si j’écoutais ma raison, je ne venais pas, mais si j’écoutais mon cœur, je venais. Jusqu’à la dernière minute, j’ai hésité, mais je n’ai pas été raisonnable parce que j’avais envie de te retrouver. Mais avant que tu ne rentres, j’étais prête à faire demi-tour. Je voulais te parler de ce que je ressentais, mais pas ce soir. À chaque fois que je te vois, je n’arrive plus à réfléchir comme je devrais le faire, je n’arrive plus à raisonner correctement. Oui, j’avais finalement pris la décision de mettre fin à notre histoire, mais je voulais qu’on ai une discussion tous les deux, qu’on puisse en parler. » Fantine n’arrivait même pas à croire ce qu’elle était en train de dire. Au moins, cette fois-ci, elle accordait à Orion cette fameuse discussion. Elle n’avait nullement envie que leur histoire s’arrête et la tristesse dans sa voix le faisait sans doute bien comprendre, mais elle était terrifiée à l’idée de se faire prendre une nouvelle fois. Pas pour elle, elle se fichait bien de ce qui pouvait lui arriver, mais pour Orion, elle refusait de le mettre en danger. Ils devaient tous les deux passer à autre chose, même si pour Fantine, tout allait être compliqué. Elle aimait Orion, comme elle n’avait jamais aimé quelqu’un auparavant. Elle ne voulait que son bonheur, sa sécurité, rien de plus.

Fantine s’était de nouveau rapprochée d’Orion, prenant l’une de ses mains dans les siennes, tentant de maintenir son regard dans le sien. « Il faut que tu passes à autre chose. Je suis certaine que tu peux trouver le bonheur ailleurs, avec… avec une femme de ton rang. » Les mots étaient douloureux et en les prononçant, Fantine avait senti un déchirement en elle. Pourquoi ces lois existaient-elles ? Pourquoi interdire deux personnes de s’aimer librement ? Tout cela était tellement absurde. De plus, ils avaient vécu presque deux ans cet amour clandestin, si Fantine n’avait pas parlé, ils ne se seraient jamais séparés, ils n’auraient sans doute jamais été pris. Mais Fantine avait parlé, elle les avait en danger et désormais, elle devait en payer les conséquences, même si elle en souffrait et qu’elle faisait souffrir Orion de la même façon. Fantine était peut-être naïve, mais elle était certaine qu’après cette discussion Orion allait pouvoir passer à autre chose, oublier Fantine et recommencer à vivre comme il le faisait avant le début de leur relation.

Orion avait l'impression qu'il n'avait finalement jamais quitté cet ascenseur il y a trois jours, et que depuis ce moment là, il ne cessait de vivre des montées et descentes émotionnelles. Tout d'abord il avait vécu la colère face à Fantine qui l'avait ignorée depuis des mois, puis la tristesse de se sentir si loin d'elle, puis la joie incommensurable de savoir que ses sentiments n'avaient pas changés. Ensuite sur les trois jours qui avaient passés, il n'avait pas arrêté d'espérer, puis de se dire qu'elle n'allait pas venir, par intermittence. Pour se terminer sur une nouvelle joie de voir qu'elle était venue, et désormais... ça. Bien évidemment, il s'en doutait quelque peu que tout ça lui trottait dans la tête, mais elle avait pris la décision de mettre fin à leur histoire. Comme ça. Après tout, au moins cette fois-ci elle le retrouvait pour le lui dire. Mais cela n'empêchait son cœur d'être complètement écrasé par cette nouvelle.
La boule qui entravait sa gorge avait grandi, tant et si bien qu'il n'arrivait plus à parler. De toutes manières, que pouvait-il bien lui répondre ? Il n'allait pas continuer à essayer de la convaincre, clairement, cela ne fonctionnerait pas. Si cela n'avait pas fonctionné jusqu'à maintenant, cela ne fonctionnerait jamais. Ceci dit il sentait tout de même qu'il se devait de répondre ce qu'il pensait, il répondit donc, la voix rauque dans sa tentative d'empêcher tout sentiment de déborder :
« Le problème Fantine c'est que je ne vois pas de quoi on pourrait discuter. Tu as pris ta décision et il n'y a rien à y faire apparemment. Quel échange pourrait-on avoir là dessus ? Tu sais ce que je pense, tu sais ce que je veux. Jamais je ne te dirais que tu as raison. Parce que je réfléchis plus avec mon cœur qu'avec ma tête, et ça tu le sais déjà. »
Il déglutit avec difficulté lorsqu'elle ajouta qu'il devait passer à autre chose. Il ne voulait pas. Il ne pouvait pas. Il haussa les sourcils lorsqu'elle lui annonça qu'elle était sûre qu'il pouvait trouver le bonheur avec une femme de son rang.
« Je n'ai pas besoin d' "une femme" pour être heureux. Je n'ai pas besoin d'être avec quelqu'un. Je t'ai rencontré et ce qui ne m'étais jamais arrivé m'est arrivé : j'ai eu besoin de quelqu'un. De te voir, de te toucher, d'être avec toi. Si tu penses que je peux simplement te remplacer, tu te trompes. »
Il savait que ce n'était absolument pas ce qu'elle avait envie qu'il lui réponde. Mais c'était ce qu'il ressentait : avant elle il n'avait jamais eu besoin de qui que ce soit. Il s'occupait de sa tante, il travaillait, il s'amusait... voilà comment il traversait la vie dans l'Arche. S'il ne pouvait pas avoir Fantine, il n'était pas question d'aller chercher ailleurs ce qu'il avait connu avec elle. C'était ce qu'il ressentait : toute autre liaison ne serait qu'une tentative de reproduire ce qui ne pouvait pas l'être, et d'étouffer ses envies et ses sentiments sous une mascarade de relation. Ni lui, ni une autre femme ne méritait ça. Donc si lui et Fantine ne pouvaient être ensemble, il n'allait pas courir après l'illusion de vivre ne serait-ce qu'une portion de ce qu'il avait vécu avec elle.

Fantine levait les yeux au ciel. Elle était certaine de sa décision jusqu’à ce qu’ils se retrouvent coincés dans cet ascenseur. Mais depuis trois jours, elle était totalement perdue. Prise entre deux solutions qui la torturaient. Devait-elle écouter son cœur ou sa raison ? Elle avait envie de se laisser aller à ses sentiments, ne pas être sérieuse pour une fois, prendre des risques une fois de plus. Mais elle avait peur d’être comme cela. Oui, elle voulait discuter avec Orion de ce qu’elle avait décidé, pour deux raisons, même si elle ne savait pas laquelle elle aurait finalement préféré entendre. Elle aurait soit voulu entendre Orion lui dire qu’elle avait raison de prendre cette décision et que c’était mieux pour eux deux d’être raisonnable. Qu’il ne lui en voulait pas et qu’il acceptait cette décision. Fantine savait bien que cette réponse était absurde, parce qu’elle savait très bien que jamais Orion ne lui aurait répondu ça, mais elle avait le droit d’espérer. Où elle aurait voulu qu’il lui garantisse qu’il était en sécurité, même en étant près d’elle, que jamais ils ne se feraient prendre une seconde fois. Elle voulait qu’il la convainque une nouvelle fois de continuer leur histoire. Mais il avait déjà essayé de le faire en réalité, sans que ça ne convienne à Fantine. Et ce qu’il venait de lui dire montrait aussi à Fantine ce qu’il voulait. « Tu m’as reproché de n’avoir eu aucune discussion avec toi la première fois et quand je viens te voir pour en avoir une, tu me dis que ça ne servirait à rien. Il faudrait savoir ce que tu veux Orion. » Assez ironique venant de la part de Fantine qui était elle aussi très indécise avec cette histoire. Mais tout ce qu’elle voulait, c’était la sécurité de l’homme qu’elle aimait, rien de plus. Elle savait qu’elle ne pouvait pas le savoir en sécurité et en même temps vivre son amour avec lui.

Fantine écoutait avec difficulté ce qu’était en train de dire Orion, parce qu’au fond-elle, elle était heureuse de l’entendre prononcer cela, il avait besoin d’elle et de personne d’autre. Elle avait envie d’envoyer sa raison balader, de le prendre dans ses bras, de l’embrasser et de redevenir la Fantine irraisonnable qu’elle avait été pendant presque deux ans, mais elle devait se contenir. Une fois de plus, elle aurait préféré l’entendre dire autre chose, même si elle savait que ses paroles auraient pu lui faire terriblement mal. « Je sais bien que ce n’est pas simple de passer à autre chose, de mettre fin à une histoire comme la nôtre, mais nous n’avons pas le choix. Tu finiras par oublier, par ne plus avoir besoin de moi. Tu y arriveras et je suis certaines que tu arriveras à trouver ton bonheur ailleurs, à retrouver avec quelqu’un d’autre ce que nous vivions tous les deux. Je ne suis pas si différente des autres, je suis remplaçable comme presque tout le monde. » Presque tout le monde, parce qu’elle savait bien, que pour elle Orion n’était pas remplaçable. Chacune de ses paroles lui arrachaient un peu plus le cœur. Penser ces choses lui faisaient mal, mais c’était sans doute vrai, il n’avait sans doute pas besoin de Fantine, c’était simplement ce qu’il pensait et avec le temps, ça allait passer. Il allait vite passer à autre chose. Voilà pourquoi Fantine n’avait pas eu envie de lui parler après leur première séparation. Ce genre de conversation faisait beaucoup trop de mal et Fantine avait énormément de mal à assumer. Elle avait préféré fuir, comme elle aimerait le faire à cet instant même. Quand il n’y a plus de sentiments, ce n’est pas compliqué de dire les choses, mais quand les sentiments sont encore très présents, c’est très compliqué. Trop compliqué. Même fin à une histoire comme la leur, quand vous n’avez qu’une seule envie être avec l’homme que vous aimez et continuer votre histoire, c’est très compliqué.

Orion fronça les sourcils. Elle avait raison. Il lui avait reproché de ne pas lui avoir autorisé une dernière discussion et de s'être contentée de l'ignorer et de le fuir, et désormais il lui disait qu'il ne voyait pas à quoi bon cela pouvait bien mener. Ouais, il se contre-disait. Sauf que l'impression qu'il avait c'était que malgré la discussion, il n'avait pas l'impression de réellement échanger les points de vue. Que, quoi qu'il puisse dire, Fantine ne changerait pas d'avis. Et inversement, il fallait être honnête.
« Certes. »
Il souffla, frustré et désabusé. Il n'avait pas trop envie de rentrer dans ce débat là, qui était éternel et transcendant à toute relation : à croire que c'était dans la nature humaine que, une fois avoir pris une décision et s'être fait une idée, on reste bloqué sur ses positions.
Ce que Fantine rajouta par la suite lui broya le cœur. Voilà donc ce qu'elle imaginait. Voilà ce qu'elle pensait pour eux : que même si ça allait être dur, qu'il fallait le faire ; se séparer et qu'un jour ils n'auraient plus besoin l'un de l'autre. Il ne savait même pas quoi répondre à cette dernière phrase « Je ne suis pas si différente des autres, je suis remplaçable comme presque tout le monde. » Ô combien elle avait tort. Tout d'abord il pensait à sa place dans l'arche, et combien elle était importante en tant que professionnelle et scientifique ; combien elle était importante pour la survie de toute la race humaine (oui, rien que ça) étant donné qu'elle allait être au front de tous les problèmes dès lors qu'ils arriveraient sur la nouvelle planète. Et mine de rien ça arrivait à grand pas. Mais elle était également - et surtout - irremplaçable à ses yeux à lui. Depuis qu'il la connaissait, Orion voyait du bon dans la vie. Comment pouvait-elle dire ça ? Son corps s'avança de lui-même vers Fantine, et il se colla à elle. Il caressa de nouveau la joue de la jeune femme, et lentement, vint déposer un baiser sur ses lèvres, baiser qui, il l'espérait, véhiculait le mélange d'amour et de passion qu'il ressentait pour elle.
« Tu es irremplaçable. Pour le vaisseau. Pour moi. Surtout pour moi. » dit-il d'une voix rauque.
Puis il se décolla d'elle, et s'éloigna, pour aller s'affaler sur l'un des sièges confortables de l'amphithéâtre. Il laissa ses bras ballant le long des accoudoirs, et il plongea son regard dans celui de Fantine.
« Mais si c'est ce que tu penses vraiment, alors vas-y, pars. Tout ce que tu as à faire désormais c'est de tourner les talons, te diriger vers cette porte » il désigna de la main la porte par laquelle elle était entrée « et la passer sans te retourner. »
La boule dans sa gorge était revenue, menaçant de le faire craquer. Mais la colère était elle aussi revenue. Pas envers Fantine, non, mais envers lui-même. Il était furieux de s'être laissé à espérer. Espérer qu'ils puissent continuer, espérer qu'elle puisse accepter de vivre leur relation dans la clandestinité. Depuis qu'il était gamin, on lui avait toujours dit qu'il était intelligent. "Trop pour son propre bien", même. Mais à l'instant présent, il avait plutôt l'impression d'être l'homme le plus idiot de l'arche.
« Je te laisserai tranquille, et on vivra désormais chacun de notre côté. »
Ajouta t-il alors pour conclure. Il voulait que ce soit elle qui parte, qui le laisse. Lui, n'en n'avait pas la force. Ni l'envie, pour tout dire.

Si Fantine voulait se montrer forte et déterminée, elle était loin de l’être. Elle essayait de convaincre Orion que leur séparation était sans doute la meilleure option, pour eux deux. Qu’ils allaient finir par s’en remettre, par oublier, même s’ils allaient devoir patienter un peu avant d’y arriver. Pourtant, elle savait bien au fond-elle que jamais elle ne réussirait à oublier Orion. Ils avaient été séparés trois longs mois et pas une seule seconde elle n’avait arrêté de penser à lui. Si elle l’avait tant évité, c’était simplement parce qu’elle savait l’effet qu’il avait sur elle. Elle n’était pas aussi forte qu’elle le montrait, pas quand il s’agissait d’Orion. Tout ce qu’elle pouvait dire n’y changeait rien, elle n’arrivait pas à se convaincre elle-même. Et Orion n’était pas là pour arrangeait les choses. S’il avait décidé de mettre fin à leur histoire, s’il avait été d’accord avec elle, s’il était parti sans discuter, peut-être que tout cela aurait été plus simple, bien que très douloureux. Mais au lieu de ça, il s’était approché de Fantine, collant ainsi leurs deux corps. Fantine ne put s’empêcher de fermer les yeux quand Orion déposa une main sur sa joue. Elle était en train de défaillir, elle sentait qu’elle n’allait plus pouvoir résister très longtemps. Le brun avait ensuite déposé ses lèvres sur celles de Fantine. Elle aurait pu le repousser, lui dire qu’ils ne devaient plus faire ça, seulement, elle n’en avait pas la force, elle n’en avait pas l’envie. Les mots qui avaient suivi n’avaient rien fait pour arranger les choses. Le cœur de Fantine s’emballait, ce que venait de lui dire Orion lui procurait une joie intérieure et lui faisait réaliser les choses. Il tenait réellement à elle. Elle n’en avait jamais vraiment douté.

Fantine n’avait même pas eu le temps de répondre quoique ce soit qu’Orion s’était déjà éloigné d’elle, allant prendre place sur l’un des sièges de l’amphithéâtre. Il plongeait son regard dans le sien et Fantine était incapable de détourner les yeux, écoutant avec attention ce qu’était en train de lui dire Orion. C’était donc à elle de prendre cette décision finale. C’était à elle de mettre fin ou non à leur histoire. Et même si c’était elle qui voulait quitter l’homme qu’elle aimait, elle détestait avoir à faire ce choix. Pouvait-elle réellement partir, quitter l’amphithéâtre et laisser tout ça derrière elle. Si elle hésitait encore, les derniers mots d’Orion l’avaient aidé à choisir. Vivre chacun de leur côté. L’entendre dire ces paroles lui avait réellement fait comprendre qu’elle n’y arriverait pas, qu’elle ne voulait de toute façon pas le faire en réalité, qu’elle était simplement poussée par sa raison. Elle avait pris des risques pendant presque deux ans pour vivre son amour avec Orion, pourquoi avoir si peur maintenant ? Ils pouvaient être discrets, comme ils l’avaient toujours fait. Si Fantine n’avait pas parlé, ils ne se seraient sans doute jamais séparés et ils n’auraient pas eu cette discussion, Fantine ne se serait pas posée toutes ces questions. « Je ne peux pas. Je n’y arriverais pas. » Fantine prononçait ces mots dans un chuchotement, elle n’allait pas passer cette porte. Elle voulait se montrer forte, mais n’y arrivait pas. À quoi bon lutter si c’était pour être malheureuse par la suite ? Elle aurait de toute façon regrettait, dès qu’elle aurait quitté l’amphi, elle s’en serait voulue. « J’ai besoin de toi. Je n’arriverais pas à vivre sans toi. Ces trois derniers mois ont été un véritable enfer pour moi. » Et elle n'exagérait en rien. Fantine fit quelques pas vers Orion, se rapprochant un peu plus de lui. « Promets-moi de faire attention à toi. » Parce que c’était tout ce qu’elle désirait, qu’Orion soit en sécurité. Ils ne devaient pas éveiller les soupçons, pour ne pas être pris, ils allaient devoir redoubler de prudence. Si elle n’arrivait pas à vivre sans lui, que lui semblait refuser l’idée de vivre sans elle, ils n’allaient pas avoir d’autres choix.

Le silence de l'amphithéâtre lui semblait assourdissant, lui qui attendait avec appréhension que Fantine finisse ce qu'elle avait commencé : clore leur histoire pour de bon. Cela ne lui paraissait plus si étrange désormais de se retrouver dans cette salle. Quand il était jeune, c'était un lieu qu'il abhorrait, car synonyme d'ennui profond et de participation forcée. Au final, rien de bon n'était sorti de ce lieu, alors pourquoi est-ce que cela aurait changé aujourd'hui ? Oh, ne vous méprenez pas, Orion n'était pas superstitieux et il ne croyait pas à toutes ces c*nneries d'aura ; mais l'esprit a tendance à vous jouer de sales tours lorsque vous vous morfondez, et essayer d'apposer des "signes" et des explications sur tout et n'importe quoi en est l'un des symptômes inévitables.
« Je ne peux pas. Je n’y arriverais pas. » Orion haussa les sourcils. Que pouvait-elle bien dire par là ? Le cœur du jeune homme hésitait à s'emballer, ne voulant pas se donner de faux espoirs, pour être déçu à nouveau. Mais les mots qui sortirent de sa bouche par la suite relancèrent les palpitations de son cœur comme s'il venait de prendre un coup de jus. Il se mit à tambouriner dans sa poitrine, tant et si bien qu'Orion en avait mal tellement il avait de l'espoir.
« Qu'est-ce que tu veux dire ? S'il-te-plaît Fantine ne me fait pas espérer pour rien. Si j'espère encore pour rien, je crois que je le supporterais pas... »
Cette dernière phrase était un véritable cri du cœur. L'ascenseur émotionnel avait repris de plus belle, mais il n'était pas sûr d'être en condition émotive suffisamment stable pour pouvoir le supporter. Il se releva du siège, mais n'osa pas s'approcher une nouvelle fois et finir de rompre cette distance entre eux.
Car elle s'était rapprochée de lui, et lui avait avoué qu'elle avait besoin de lui et n'arriverait pas à vivre sans lui. Tout son être lui criait de lui dire que lui non plus, et que jamais il ne laisserait quoique ce soit lui arriver, à elle, ou à lui-même, qu'il était prêt à se battre jusqu'au bout pour eux, mais en même temps il avait peur de se heurter à un nouveau mur de refus de plein fouet. Il lui souffla tout de même, entre deux respirations saccadées :
« Bien sûr que je te le promets. »
Car plus que par peur pour sa propre liberté - voire sa vie - la première de ses motivations était tout simplement de faire attention à tout, tout le temps, pour ne pas avoir à subir une vie sans sa dulcinée.

Fantine avait désormais le choix. Elle pouvait choisir de quitter l’amphithéâtre, de passer la porte et de mettre définitivement fin à son histoire avec Orion, ou bien, elle pouvait rester, ce qui signifiait qu’elle n’était pas prête à mettre fin à leur histoire. Sauf que Fantine n’avait en réalité aucune envie de partir. Elle aurait voulu qu’Orion lui facilite les choses en le faisant pour elle, mais il était toujours là, lui laissant le choix. « Tu as compris ce que je veux dire. » Il avait sans doute compris et si ce n’était pas le cas, il allait très vite le comprendre. Fantine n’avait pas l’intention de le faire espérer une nouvelle fois pour rien. Elle avait toujours détesté lui faire du mal et elle avait conscience que c’était ce qu’elle était en train de faire ce soir. Ce qu’elle faisait peut-être même depuis trois mois environ.

Fantine n’avait plus qu’une envie, oublier les craintes, même si ça allait être compliqué. Elle devait vivre au jour le jour sans se soucier de ce qui pourrait arriver. S’ils étaient prudents et discrets, comme autrefois, il n’y avait aucun risque. « Merci. » Il lui avait promis de faire attention à lui. C’était tout ce qui comptait pour Fantine. Elle savait qu’il pouvait parfois être imprudent, comme le soir de leur premier baiser où il aurait pu se faire surprendre par la milice et non par Fantine. Elle avait besoin d’être rassurée, tout simplement. Fantine s’était approchée d’Orion une fois de plus. C’était à son tour de rompre cette distance qu’il y avait entre eux. Une fois proche de lui, elle passa délicatement sa main droite dans ses cheveux, puis son autre main sur sa taille. Elle avait plongé son regard dans celui d’Orion, avant de déposer ses lèvres sur les siennes. Elle profitait de chaque seconde. Il n’y avait plus de retour en arrière possible. Elle n’avait pas le droit de jouer avec les sentiments d’Orion et cette fois-ci, elle comptait bien respecter ce qu’elle venait de lui dire. Fantine était incapable de vivre sans lui, alors pourquoi lutter ? De toutes façons, elle allait toujours finir par succomber, elle n’était pas capable de résister. La preuve était là, une fois de plus, elle avait cédé, elle avait écouté son cœur, plutôt que sa raison. « Je suis désolée d’avoir gâché notre soirée. Désolée de t’avoir fait du mal une fois de plus. » Fantine laissait échapper un léger sourire, comme pour appuyer ses excuses. Elle avait l’impression de ne faire que ça de s’excuser auprès d’Orion. Ils venaient de se retrouver, cette soirée n’aurait jamais dû se passer comme ça et Fantine le regrettait réellement. Elle aurait aimé revenir en arrière et éviter de dire tout ce qu’elle avait dit. Elle avait blessé Orion, s’était elle-même fait du mal… Mais au moins, elle était maintenant convaincue d’être de nouveau prête à prendre des risques pour vivre avec Orion.

Un immense soulagement s'empara d'Orion lorsqu'il comprit qu'elle n'allait vraiment pas partir. Oui, elle avait choisi, il le voyait dans ses yeux ; elle voulait qu'ils continuent à se voir, qu'ils continuent à être ensemble, et elle ne changerait pas d'avis cette fois-ci. Un sourire vint illuminer le visage du jeune homme après qu'elle lui ait répondu qu'il avait bien compris. Puis, elle lui dit merci, et elle rompit alors la distance entre eux et cette fois-ci ce fut elle qui vint réclamer ses lèvres. Tout le corps du technicien se détendit, comme si un poids et un stress incommensurable venaient de se lever de ses épaules. Il se sentait tellement léger et euphorique qu'il aurait presque éclaté d'un rire sonore. Mais à la place son éternel sourire vint se placer au coin de ses lèvres. Un sourire complice, moqueur et charmeur.
« Je savais que tu ne pourrais pas me résister. »
Ça, c'était son système d'auto-défense. Une blague ironique, déplacée, et qui n'avait rien à voir avec la réalité. Mais que voulez-vous, Orion Blackburn était du genre à toujours vouloir égayer une situation avec une plaisanterie décalée. Ça avait tendance à agacer certains, amuser d'autres, mais l'effet escompté était généralement atteint.
« Je suis désolée d’avoir gâché notre soirée. Désolée de t’avoir fait du mal une fois de plus. » lui dit alors Fantine. Sa main vint errer à nouveau sur sa joue, la caressant du bout des doigts. Elle était terriblement sincère, il l'entendait dans sa voix. Orion lui adressa alors un nouveau sourire.
« C'est pas grave. C'est fini. On n'a qu'à laisser ça dans le passé, ça ne sert à rien de ressasser. »
Il ne voulait pas qu'elle se torture avec ça. Lui le premier, voulait aller de l'avant, et recommencer comme si de rien n'était - enfin sauf pour ce qui était de la prudence bien évidemment. Car ils allaient devoir en redoubler, mais ça valait la peine. D'ailleurs, en parlant de ça :
« Jusqu'à quand penses-tu pouvoir rester ce soir ? »
Lui avait tout le temps qu'il voulait. Sa tante dormait déjà depuis une bonne demie-heure lorsqu'il était parti, et donc tant qu'il retournait dans son appartement avant son réveil - vers 6h00 du matin, tout irait bien.
Il aurait aimé pouvoir passer la nuit avec Fantine, mais il ne savait pas si elle le pouvait, ou même si c'était raisonnable. Bon certes, le lendemain il ne serait certainement pas très frais pour reprendre le travail, mais il avait fait des journées de 9h sans interruption avec moins de 2h de sommeil auparavant, et même si ça tirait à la fin, c'était tout à fait faisable. Surtout que le jeu en valait la chandelle, et qu'une nuit passée avec Fantine valait bine plus que tous les sommeils réparateurs.
Enfin c'étaient ce genre de choses qu'ils allaient devoir parler, et qu'ils allaient devoir affronter désormais : faire sans cesse attention, assurer leurs arrières, rester vigilants... Ça n'allait pas être de tout repos. Mais dans un sens, il fallait l'avouer, c'était excitant.

Fantine ne pouvait pas partir. Elle n’en avait pas envie et elle n’y arriverait de toutes façons pas. Alors à quoi bon essayer de lutter encore ? La brune s’était approchée d’Orion, afin de déposer ses lèvres sur les siennes. Ce baiser marquait le début de leur nouvelle histoire. Fantine avait pris sa décision et n’avait plus l’intention de changer d’avis. Elle savait désormais ce qu’elle voulait, c’est-à-dire être avec Orion, même si pour cela, il fallait accepter de prendre des risques. Ils l’avaient fait pendant presque deux ans sans problèmes, alors ils pouvaient bien continuer à le faire. Quand leurs lèvres s’étaient séparées, Orion s’était mis à sourire, n’oubliant pas de sortir l’une de ses phrases ironiques, qu’il avait l’habitude de prononcer quand il était mal à l’aise ou quand il ne savait simplement pas quoi dire. C’était sa façon à lui de dire les choses. « Idiot. » La brune souriait à son tour. Il n’avait pas vraiment tort dans le fond. Si Fantine avait craqué si facilement, si elle avait finalement écouté son cœur, c’était bien parce qu’elle était incapable de lui résister.

Fantine avait besoin de s’excuser une fois de plus. Elle détestait blesser Orion, pourtant, elle ne cessait de lui faire du mal depuis plusieurs mois. En mettant fin à leur relation sans dire un mot dans un premier temps, puis en lui faisant croire que leur couple allait survivre, avant d’y mettre fin une nouvelle fois. « Oui, tu as raison. » Ce n’était pas si simple d’oublier que l’on avait fait du mal à une personne que l’on aime. Pourtant, Orion avait raison, maintenant, ça ne servait plus à rien, même tout cela était très récent, ça appartenait au passé. Ils devaient oublier, passer à autre chose, faire comme si rien de tout cela ne s’était produit.

« Je ne vais pas pouvoir rester très tard, j’ai une grosse journée qui m’attend demain. » Ce n’était pas qu’elle n’avait pas envie de rester avec Orion le plus tard possible, bien au contraire, elle aurait aimé pouvoir le faire, mais elle ne pouvait pas. Si parfois elle pouvait s’accorder de courtes nuits, son travail lui demandait parfois une très grande concentration. Elle avait une réunion très importante le lendemain, elle n’avait pas le droit d’être fatiguée pour éviter les erreurs, ce n’était pas le moment de faire la moindre bêtise. Ils avaient attendu pour se retrouver, ils pouvaient encore attendre un peu pour passer une nuit entière ensemble, même si l’attente allait être longue, puisque chaque seconde sans Orion semblait être une éternité pour Fantine.

Même le fait qu'elle ne pouvait pas rester longtemps ce soir - alors que cela faisait des mois et des mois qu'ils n'avaient passé de vrai moment ensemble - ne pouvait le faire redescendre de son petit nuage. Le soulagement de savoir que désormais rien ne les séparerait plus, cela contre-balançait n'importe quelle déception ou mauvaise nouvelle. Il caressa le visage de la belle brune de sa main droite et lui sourit.
« Okay, ça marche. Après tout il faut bien que certains d'entre nous sauvent l'humanité. » dit-il avec un sourire aux lèvres.
Le ton était moqueur, mais il pensait ce qu'il disait. Le travail de Fantine était incroyablement important, car le temps passait finalement à une vitesse phénoménale ces derniers temps - 29 ans dans l'espace, 29 années qui s'étaient étirées et avaient parues extrêmement longues, et désormais Orion avait parfois l'impression qu'ils manquaient de temps. Il ne cessait d'être mis à contribution pour des tests quasi grandeur nature pour vérifier l'ossature de l'Arche et s'assurer que les vaisseaux étaient prêts à atterrir dans les conditions météorologiques et atmosphériques prévues ; à réparer ou participer au renforcements de certains endroits, ou encore à prévoir des plans d'intervention en extérieur, et la coordination des équipes. Pour tout dire, Orion était plutôt frustré du peu qu'il avait à dire sur toutes ces décisions. Encore une des choses auxquelles il n'avait pas son mot à dire ni sa pierre à mettre car il n'était qu'un Inférieur. Il n'était qu'un Inférieur et ses études n'avaient continué au delà du nécessaire qu'il devait connaître pour sa fonction en tant que technicien. Voilà ce qui était frustrant, voire rageant : bien qu'il sache que son esprit était largement capable d'emmagasiner les connaissances, et surtout de fonctionner à plein régime pour réfléchir aux problématiques et apporter des réflexions et solutions à un niveau bien plus haut ; il ne le pouvait pas. Il ne le pouvait pas parce qu'il n'avait ni le temps, ni les ressources, ni la reconnaissance. Tout ça parce qu'il était un Inférieur, l'arche et leur futur était privé de ses cellules cérébrales, pourtant disponibles et qui ne demandaient que ça - à réfléchir.
Un nouveau sourire se dessina sur le visage d'Orion, chassant ses réflexions négatives.
« Quand veux-tu qu'on se voie alors ? »
Quoi qu'elle lui dise, il s'arrangerait pour être présent - d'autant plus qu'il avait des horaires assez banals. Il faudrait surtout qu'il réfléchisse au lieu. Désormais ils se devaient d'être extrêmement prudents : ils leur fallait un endroit qui ne soit pas fréquenté et qui soit tout de même accessible. Si seulement l'un d'eux avait vécu seul... Mais ça, c'était un luxe plus que rare - carrément inaccessible - sur l'Arche.

Orion était compréhensif, comme souvent. Fantine avait des obligations, parfois contraignantes, mais elle n’avait pas le choix. Elle était scientifique et n’avait pas le droit à l’erreur, même si elle détestait que l’on dise ça d’elle, Orion avait raison, elle était importante pour l’Arche et surtout pour la survie de ses habitants une fois sur terre. Quand pouvaient-ils se retrouver ? Fantine n’avait pas envie d’attendre longtemps avant de pouvoir le revoir. « Le plus vite possible. Demain c’est impossible, mais je pense qu’on pourrait se voir après demain si tu es disponible. » Maintenant qu’ils s’étaient retrouvés, Fantine avait envie de passer le plus de temps possible aux côtés d’Orion. Elle savait malheureusement, qu’ils ne pouvaient pas se voir quand ils voulaient, puisqu’ils devaient rester discrets. Elle aurait aimé pouvoir rester avec lui le plus tard possible, mais elle savait que ce n’était pas raisonnable, surtout que la journée qui l’attendait le lendemain n’allait pas être de tout repos. Même si elle voulait le revoir vite, elle savait bien que le retrouver le lendemain n’était pas non plus une bonne idée, elle allait avoir une longue journée, sûrement très épuisante. Alors, il n’y avait plus que le surlendemain. Elle travaillait comme tous les jours, ou presque, mais elle était entièrement disponible après le travail. Elle avait généralement l’habitude de rester plus tard que les autres pour continuer le travail de la journée, pour s’avancer un peu dans ses recherches… Fantine avait surtout pris cette habitude ces derniers mois, se noyer un peu plus dans le travail avait été pour elle un moyen de ne pas trop penser à ce qui se passait dans sa vie personnelle. Maintenant qu’elle avait retrouvé Orion, elle allait pouvoir arrêter de rester tous les jours au laboratoire après sa journée de travail… Son temps pouvait être occupé différemment désormais, elle devait accorder le plus de temps possible à Orion, en prenant soin de ne jamais éveiller les soupçons bien évidemment. « Tu as une idée d'où nous pourrions nous rejoindre ? » Orion connaissait sans doute mieux l’Arche que Fantine, il avait toujours eu des idées de lieux pas trop fréquentés et sans trop de risques. Il avait l’habitude de se rendre un peu partout avec son travail, sur l’Arche, les techniciens étaient appelés pour intervenir dans différents lieux. Alors que la scientifique fréquentait bien moins de lieux, passant le plus clair de son temps dans la zone scientifique, dans son laboratoire ou chez elle. Mais se retrouver chez elle, comme chez Orion était impossible, et même si le laboratoire de Fantine était souvent désert le soir, elle ne savait pas si se retrouver là-bas était très prudent.

Un sourire retroussa le coin des lèvres d'Orion, cachant sa légère déception. Deux jours. Deux jours ce n'était rien, surtout comparé aux longs mois qu'il avait passé sans la voir, sans lui parler, sans même ne serait-ce que croiser son regard. Il allait passer deux journées sans elle certes, mais le coeur léger, à s'imaginer leurs retrouvailles, les vraies. Pas que celles-ci ne l'avaient pas été, mais l'ascenceur émotionnel n'avait pas été de tout repos dirons nous. Et donc ces deux prochaines journées allaient être joyeuses - fini le temps de la mélancolie et du coeur lourd qui trinquait un peu plus chaque jour où il était persuadé un peu plus que Fantine n'avait que faire de lui. La vie était belle à nouveau.
« Après demain, aucun soucis. »
Orion avait déjà commencé à réfléchir à l'endroit où ils pouvaient se retrouver avant même qu'elle ne lui pose la question. Peut-être était-ce parce que parcourir à nouveau les conduits étroits lui avaient rappelé son enfance, mais le premier lieu auquel il avait pensé était celui où il passait tout son temps étant gamin : les lieux de reproduction. C'était son endroit de prédilection pour passer son temps libre ; là où s'était imaginé dix mille vies différentes, là où il avait joué et inventé, là où il avait tissé un lien avec ce qui lui paraissait être les derniers vestiges de sa planète - les plantes et les animaux. De nombreuses personnes abhorraient cet endroit qui les reliait tant à leur condition précaire de survivants et à la place essentielle de la nourriture. Car cette nourriture pouvait disparaître en un instant : il suffisait d'un manque d'UV, d'un changement d'acidité du sol, ou encore d'une maladie, et ils se retrouveraient tous à crever de faim à des millions d'années lumières de chez eux, seuls, perdus dans l'espace. Mais pour Orion, cet endroit lui offrait une fenêtre sur la Terre, telle qu'elle avait pu être. Rien n'était naturel, certes, mais il n'avait pas connu autre chose...
« Est-ce que tu penses que tu pourrais réussir à te faufiler jusqu'aux lieux de production ? »
Il imaginait que Fantine, en tant que scientifique, pouvait toujours justifier de faire des tests ça et là, mais à vrai dire il ne savait pas trop sur quoi elle travaillait en ce moment...
« Ça te tenterait de faire un tour dans mon enfance ? »
Orion ne lui avait jamais vraiment parlé de son enfance, et encore moins de ses parents - oui, même elle ne savait qui ils étaient réellement. Il savait que cela pouvait être frustrant de ne rien savoir de son passé. Mais il était prêt à essayer. Ou en tous cas, s'il n'arrivait toujours pas à mettre des mots dessus, il pourrait lui montrer.

Orion était d’accord pour qu’ils se retrouvent dans deux jours. Fantine ne put s’empêcher de sourire, en sachant qu’elle n’allait pas devoir attendre trop longtemps avant de pouvoir le retrouver. Elle aurait aimé pouvoir passer toutes ses journées avec lui, mais les lois de l’Arche les en empêchaient, alors elle n’avait pas le choix, elle devait se montrer patiente. Elle savait que toutes ses mauvaises pensées n’allaient plus venir l’envahir, polluant ses pensées, elle allait pouvoir penser à Orion, à eux, en ayant le sourire. Il fallait maintenant trouver un endroit pour qu’ils se retrouvent en toute discrétion. Il ne fallait pas qu’ils se fassent prendre ensemble, ou que d’autres personnes ne puissent soupçonner qu’ils aient de nouveau une relation, alors le lieu était très important. Mais apparemment, Orion avait déjà trouvé le bon endroit. Le lieu de production ne représentait normalement aucun danger. Les végétaux n’allaient pas les dénoncer et il n’y avait que très peu de passage là-bas. « Oui, il n’y a pas de problème, je pourrai venir. » La brune s’y était déjà rendu plusieurs fois pour ses recherches, alors si elle y retourner une fois de plus, ça n’allait sembler étrange à personne. Si quelqu’un la surprenait en se rendant là-bas, elle n’aurait aucun mal à se justifier, en disant qu’elle avait besoin de voir certaines choses pour son travail. « Avec plaisir. » En apprendre un peu plus sur Orion, c’était presque inimaginable. Malgré leur relation, Fantine ne savait que très peu de chose sur l’enfance d’Orion, il n’était pas très bavard quand il s’agissait de cela. Elle ne savait pas réellement pourquoi il n’en parlé jamais, pourquoi est-ce qu’il ne parlait jamais de ses parents… Fantine savait qu’il avait grandi avec sa tante, mais elle n’avait jamais su pourquoi. Même si, à de nombreuses reprises, elle avait eu envie d’en apprendre plus sur Orion, de lui poser certaines questions, elle n’avait jamais réellement osé. Et puis elle s’était dit qu’il avait le droit de garder tout cela pour lui s’il le voulait, il n’était pas obligé de tout partager avec Fantine après tout. Mais s’il avait désormais envie de partager cela avec elle, elle n’allait pas refuser, parce qu’elle avait envie de connaître ces choses. Il avait vécu ses premières années sur Terre, sur cette fameuse planète qui fascinait tant Fantine, il en avait peut-être des souvenirs, très honnêtement Fantine n’en savait rien. Elle connaissait la vie des enfants Inférieurs de façon générale, sur l’Arche, ce n’était pas compliqué de connaître ce genre de choses. Mais comment était la vie d’Orion quand il était enfant ? Il avait une histoire bien à lui et c’était cette histoire que voulait connaître Fantine, après plus ou moins deux ans de relation, il était peut-être tant d’en apprendre plus.